En Une de L'Équipe maga­zine, l'athlète Halba Diouf dénonce l'interdiction faite aux femmes trans de concou­rir dans les com­pé­ti­tions féminines

La sportive de 21 ans, femme trans, affirme que la décision de la Fédération internationale d'athlétisme, fin mars, d'exclure les femmes trans des compétitions féminines est une discrimination. Elle assure que son faible taux de testostérone, en raison de sa transition médicamenteuse, lui a fait perdre de la force musculaire.

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« C'est de l'acharnement. » Dans une interview donnée à L'Équipe magazine parue vendredi 7 avril, la sportive transgenre Halba Diouf dénonce une discrimination, après que la Fédération internationale d'athlétisme a annoncé le 23 mars dernier exclure les femmes trans de ses compétitions féminines.

C'est la première fois que l'hebdomadaire choisit de mettre une athlète transgenre à sa Une. Membre du club Aix Athlé Provence, la jeune femme de 21 ans s'exprime pour la première fois dans la presse sur les difficultés qu'elle rencontre à pouvoir concourir dans la catégorie féminine des compétitions d'athlétisme. Après avoir remporté les 60 et 200 m aux Championnats régionaux en salle de Miramas en janvier, elle a été retirée de la liste des inscrites aux Championnats de France Espoir et Elite mi février. Elle était pourtant prête à fournir les preuves d'un taux de testostérone de moins de 5 nmol/L sur un an, qu'on exigeait jusque là des athlètes pour s'inscrire à une compétition féminine. « Je suis à 0,10 nmol/L, a-t-elle indiqué à L'Équipe magazine en montrant sa prise de sang datée de début février. Et d'arguer : Tu ne peux pas trouver beaucoup plus bas comme taux de testostérone. »

"Plus la force d'un homme"

La sportive s'est lancée dans une transition hormonale en septembre 2020 après avoir passé son enfance à se sentir en inadéquation avec son corps biologique. « Dès l'âge de sept ans, je me regardais dans le miroir et ce que je voyais me dégoûtait, ce n'était pas moi », livre-t-elle au magazine. Halba Diouf explique prendre des œstrogènes, un bloqueur de testostérone et de la progestérone. « Tout ça fait que je n'ai plus la force d'un homme », estime celle qui envisage de recourir à la vaginoplastie. Au titre des performances, L'Équipe magazine détaille : en 2019, en compétition junior masculine, elle avait réalisé un temps de 22'95 pour le 200 mètres, qui la plaçait autour de la centième place française. En tant que femme cet hiver, elle a réalisé son 200 mètres en salle en 23'45, la plaçant deuxième du classement féminin national, « avant que la Fédération ne décide de retirer ses performances de sa fiche d'athlète femme ».

C'est au titre de cette baisse de performance qu'Halba Diouf dénonce la décision de la Fédération internationale d'athlétisme d'exclure les femmes trans des compétitions féminines. « Les femmes trans ne menacent personne. On n'a jamais dominé le sport féminin », plaide-t-elle, tout en reconnaissant que ses dernières performances « ont dû faire peur ». L'athlète indique par ailleurs qu'elle n'accepterait pas de concourir dans une compétition dédiée aux femmes trans.

Un rêve : concourir en tant qu'athlète sénégalaise aux JO

Dans cet entretien, la jeune femme en rupture avec ses parents musulmans qui ont du mal à accepter sa transition demande plus largement à être respectée en tant que personne. « Je suis Halba, je suis une femme, il faut composer avec ça, je ne laisse plus le choix aux gens. » Halba Diouf précise qu'elle peut bénéficier du soutien des membres de son club d'Aix-en-Provence, et surtout de celui de son entraîneur, Stéphane Lazarini. Et confie un rêve : concourir sous le drapeau du Sénégal, pays dont elle est originaire bien que née en France, aux Jeux olympiques de Paris.

Lire aussi l Sportives transgenres : un vrai parcours d’obstacles

En juin dernier, c'est la Fédération internationale de natation (Fina) qui s'était positionnée sur le sujet : en créant une « catégorie ouverte » à laquelle peuvent participer les nageuses transgenres, elle les écartait dans le même temps de toute autre compétition d’élite.

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