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Shana Grebo sur 200 mètres, lors du championnat d'Europe à Munich (Allemagne), le 19 août 2022. © Boue Sébastien / Presse Sports

Sport : Fuite des ath­lètes français.es vers le rêve américain

Depuis plusieurs années, des sportif·ives français·es choisissent de partir vivre aux États-Unis pour y trouver de meilleures conditions d’étude et d’entraînement.

« Je suis sur le tapis de course, j’espère que ça ne fait pas trop de bruit. » Il est 8 h 30 dans l’Oregon, aux États-Unis, et Shana Grebo, 22 ans, spécialiste française du 200 et 400 mètres, s’affaire dans la salle de sport de son université. La sprinteuse a choisi de traverser l’Atlantique après des déceptions scolaires, guidée par une furieuse envie de découvrir le rêve américain. « Je venais de finir un BTS dans l’immobilier et je voulais continuer sur une licence en France. J’avais déjà trouvé une alternance, quand les formateurs m’ont laissé entendre que j’allais devoir choisir entre le sport et les études, car je n’arriverais pas à faire les deux, explique-t-elle. J’avais 20 ans, je ne voulais pas faire de choix. »

Cette déception est un déclic pour l’athlète qui a grandi en regardant les séries adolescentes sur la vie des campus aux États-Unis. Elle décide de tenter sa chance en envoyant sa candidature à des universités américaines. « J’ai ciblé les établissements en fonction du niveau des équipes en athlétisme. J’ai envoyé des vidéos de mes compétitions, des éléments sur mon parcours et en à peine deux mois, j’avais un retour de l’Oregon et un très bon feeling. » L’université lui accorde une bourse pour financer les frais de scolarité, qui, sinon, avoisinent les 30 000 dollars l’année. Elle atterrit quelques mois plus tard au pays de l’Oncle Sam, dans un complexe scolaire gigan- tesque aux infrastructures sportives « exceptionnelles », où les athlètes sont érigé·es en stars, suivi·es et encouragé·es par l’ensemble des étudiant·es.

Un encadrement de rang mondial

Depuis quelques années, des sportif·ves français·es, comme Shana Grebo, choisissent de partir outre-Atlantique, où l’herbe des terrains est plus verte et l’eau des piscines plus bleue : des emplois du temps aménagés pour les cours, des professionnel·les de santé à disposition, un encadrement et un coaching sportif de rang mondial et des compétitions universitaires régulières pour évaluer les performances au fil de la saison, le tout sur un même campus. La nouvelle star de la natation, Léon Marchand, champion du monde du 400 mètres et 200 mètres 4 nages en 2022 et en juillet dernier, est lui aussi étudiant à l’université d’État de l’Arizona. « Je ne pense pas qu’il existe mieux en termes d’entraînement, d’études, d’équilibre de vie », savourait le nageur français en avril dans le journal L’Équipe.

« Certaines personnes en France ne croient pas en la possibilité de faire un double parcours, la culture scolaire prime sur le sportif. Aux États-Unis, dès qu’on a un peu de talent dans un domaine, il faut le valoriser, l’accompagner », compare la championne de France du 200 mètres en 2022. Entre les entraînements et les déplacements en compétitions, les établissements supérieurs français peinent en effet à s’adapter aux athlètes de haut niveau dont les parcours sont perçus comme « atypiques », s’écartant du schéma d’études conventionnel.

Une circulaire adressée aux acteur·rices du supérieur a été rédigée en février par les ministères de l’Enseignement supérieur et des Sports afin de promouvoir une meilleure organisation des études supérieures pour les athlètes, en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ? Le départ des athlètes est d’ores et déjà devenu un business dans l’Hexagone, où plusieurs agences spécialisées dans l’accompagnement de celles et ceux qui souhaitent partir aux États-Unis ont vu le jour ces dernières années.

Après plus d’un an sous le dossard jaune et noir de son université, Shana Grebo brille dans le championnat uni- versitaire américain et, malgré la distance avec les sien·nes, elle a trouvé son équilibre. La sprinteuse a même décidé de prolonger son expérience d’un an pour préparer les JO de Paris dans les meilleures conditions.

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