Ellie Carpenter
© capture écran @elliecarpenterr et @daniellevddonk

“Les choses bougent” : Les Dégommeuses se féli­citent des fian­çailles d’Ellie Carpenter et de Danielle van de Donk de l’Olympique lyonnais

Ellie Carpenter et Danielle van de Donk, deux joueuses de l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais, ont annoncé leurs fiançailles sur Instagram. Veronica Noseda, cofondatrice et membre active de l’équipe de foot Les Dégommeuses, majoritairement composée de lesbiennes et de personnes trans, dresse pour Causette un état des lieux de la présence de joueur·euses arc-en-ciel dans le milieu du ballon rond.

Pour l’Australienne Ellie Carpenter et la Néerlandaise Danielle van de Donk, 2024 commence sous les meilleurs auspices. Les deux joueuses de football, respectivement défenseure et milieu de terrain de l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais, où elles se sont rencontrées, ont annoncé leurs fiançailles sur Instagram le 1er janvier. Un événement pas si anodin dans le monde du sport, et en particulier celui du football, où les LGBTphobies sont encore trop nombreuses. Veronica Noseda, cofondatrice et membre active de l’équipe de foot Les Dégommeuses, majoritairement composée de lesbiennes et de personnes trans, dresse pour Causette un état des lieux de la présence de joueur·euses arc-en-ciel dans le milieu du ballon rond.

Causette : Que représente l’annonce des fiançailles d’Ellie Carpenter et de Danielle van de Donk dans le milieu du football ?
Veronica Noseda :
L’Américaine Megan Rapinoe a passé une courte saison, en 2013-2014, au sein de l’Olympique lyonnais. Elle s’était un peu étonnée de la chape de plomb qui pesait sur la visibilité lesbienne dans l’équipe, mais aussi en France en général. On voit donc que les choses bougent aujourd’hui. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il s’agit de fiançailles entre joueuses d’une même équipe. Pendant longtemps, il existait cette idée d’interdire les relations amoureuses de ce type, car on pensait que si les deux footballeuses se disputaient à la maison, elles le feraient aussi sur le terrain. Or, dans les équipes, les histoires d’amour se font et se défont, comme dans la vie. Donc on assiste peut-être à la fin du couple lesbien considéré comme nocif pour l’esprit d’équipe.

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Causette : Ces fiançailles dénotent-elles une plus grande présence de joueuses lesbiennes “out” dans le milieu du football ?
V. N. :
Dans le monde, il existe énormément de joueuses de foot lesbiennes. En France aussi, on commence à en avoir, mais cela n’a pas été le cas pendant un long moment. La grande championne Marinette Pichon a fait son coming-out il y a quelques années, mais elle ne jouait plus. Il faut attendre Pauline Peyraud-Magnin, en août 2020, pour qu’une footballeuse française en activité parle de son homosexualité dans les médias. Aujourd’hui, il y a aussi Melvine Malard, Maëlle Lakrar ou encore Constance Picaud qui évoluent au sein de l’Olympique lyonnais, du Montpellier HSC et du Paris-Saint-Germain.
Je pense que les réseaux sociaux, et notamment Instagram, ont changé beaucoup de choses. Avant, quand une sportive souhaitait faire son coming-out, elle contactait un média ou faisait une conférence de presse. Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment d’annonce officielle. Une footballeuse poste sur Instagram une photographie, un moment de vie, où elle apparaît avec sa copine, et tout le monde comprend.

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Causette : En comparaison, on a encore l’impression qu’il est beaucoup moins facile d’être d’être “out en tant qu’homme dans le football. Comment l’expliquez-vous ?
V. N. : Le football est un sport traditionnellement considéré comme viril, où l’on apprend à être “des vrais hommes”. Dans l’imaginaire collectif, quelqu’un de gay ne correspond pas à ces caractéristiques, ce qui rend d’autant plus tabou un coming-out. Dans le rugby, pourtant aussi viril que le foot, quelques joueurs ont fait part de leur homosexualité, comme Gareth Thomas en 2009 ou Campbell Johnstone l’année dernière. Mais le foot reste sous l’emprise de très grandes pressions médiatiques, et l’homophobie est vraiment élevée dans les stades.
Je pense que le jour où un joueur gay en activité sera connu, il n’aura pas à faire son coming-out car son homosexualité sera déjà publique. Il en aura déjà parlé avant. Ce sera un élément de sa vie. Mais il faudra que les instances du football changent pour se mettre à accompagner les joueurs homos, notamment face aux messages qu’ils pourraient recevoir sur les réseaux sociaux. Elles ne font pas ce travail-là pour l’instant.
Pour le football féminin, les enjeux paraissent différents, la pression médiatique n’est pas la même et il y a beaucoup moins de spectateurs dans les stades. Je ne sais pas s’il existe moins d’homophobie, mais les logiques ne sont pas les mêmes. Je pense qu’il y a aussi peut-être plus de lesbiennes que de gays dans ce sport. Car certaines lesbiennes se tournent vers le foot pour aller contre les assignations de genre, ce sport étant considéré comme masculin. Il n’y a pas les mêmes tabous dans les équipes féminines et masculines.

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