De gauche à droite : Rahel Frey, Mirko Bortolotti et Doriane Pin, lors du Rolex 24 Heures au Daytona International Speedway, le 28 janvier, en Floride. © JOHN RAOUX/AP/SIPA

Courses auto­mo­biles : la pari­té hors circuit

Le circuit automobile des 24 Heures du Mans fête son centenaire, les 10 et 11 juin. Sur les 186 pilotes engagé·es, 5 seulement sont des femmes. Un chiffre qui reflète leur faible présence dans une discipline pourtant historiquement mixte.

Le saviez-vous ? Derrière l’expression populaire « En voiture, Simone ! » se cache une pilote de course française : Simone des Forest, l’une des premières femmes à obtenir son permis de conduire en 1929 et à prendre la route des circuits automobiles. Si elle n’a jamais pris part aux 24 Heures du Mans, inaugurées en 1923, d’autres femmes s’y sont illustrées. Elles sont soixante-cinq à avoir pris le départ de la course mythique depuis sa création. Un faible ratio qui perdure. Cette année, à l’occasion du centenaire du circuit, seules 5 femmes figurent sur la liste des 186 coureur·euses au départ : Lilou Wadoux, Rahel Frey, Michelle Gatting, Sarah Bovy et Doriane Pin.

« Le Mans, c’est le circuit où l’histoire du sport automobile a commencé, c’est une course légendaire. Pouvoir y prendre part pour le centenaire, c’est beau ! En tant que femme, on écrit un peu plus l’histoire », se réjouit malgré tout Doriane Pin.

« Certains sponsors ne croient pas au succès des femmes dans les sports auto. Je fais partie de celles qui prouvent le contraire » - Doriane Pin

À 19 ans, la pilote de l’écurie italienne Prema Racing évolue en championnat du monde d’endurance, l’un des circuits de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), dans un équipage composé de Daniil Kvyat, ex-pilote en formule 1 (F1), catégorie reine des sports auto, et l’Italien Mirko Bortolotti.

Se frayer une route

Si les sports auto sont mixtes en théorie, Doriane Pin fait partie des rares femmes à prendre place dans les paddocks (stands consacrés aux équipes sur les circuits). La Fédération française du sport automobile (FFSA) compte seulement 13 % de pratiquantes. Au plus haut niveau, rien que deux femmes ont participé à des Grands Prix de F1, en soixante-douze éditions : Maria Teresa De Filippis en 1958 et Lella Lombardi entre 1974 et 1976. Cette quasi-absence s’explique en partie par le sexisme qui règne dans la discipline. « Les femmes ne sont pas assez fortes physiquement pour courir en formule 1 », déclarait ainsi, en 2016, l’ancien patron de la F1, Bernie Ecclestone. Pourtant, ce ne sont pas tant les capacités physiques, qui nécessitent avant tout un entraînement adapté pour foncer à près de 300 km/h sur les circuits, que l’opportunité d’intégrer le milieu très masculin, qui freine l’arrivée des femmes.

Doriane Pin commence le karting à 9 ans avec son père, habitué des pistes : « La première fois que je suis montée dans un kart, j’ai su que je voulais en faire mon métier. » En 2019, elle remporte les championnats de France de karting. Elle veut aller plus loin dans la compétition, mais les sponsors ne se bousculent pas. « C’est un monde où il faut beaucoup d’argent, le talent ne suffit pas, explique-t-elle. Certains sponsors ne croient pas au succès des femmes dans les sports auto. Aujourd’hui, je fais partie de celles qui prouvent le contraire, c’est un message pour eux. »

Elle rejoint finalement l’écurie féminine italienne Iron Dames, en 2021, et trouve le chemin du succès. En 2022, elle est sacrée championne du Ferrari Challenge Europe en GT 1 devant dix pilotes masculins – neuf victoires sur douze courses –, avant de signer avec l’équipe Prema et d’entamer les Mondiaux d’endurance dans une voiture LMP2 1 cette année. « Je suis contente de montrer qu’on peut rouler en championnat du monde et être devant, quand on est une femme. En auto, le genre n’a pas d’importance. » Doriane Pin rêve de devenir la troisième femme à concourir en F1 : « C’est mon plus grand objectif, je l’ai toujours en tête. Je vais bosser pour et on verra les opportunités. » La pilote, qui vise un podium au Mans, espère « inspirer une vocation aux jeunes filles » par son parcours et ainsi lever les freins de l’accès des femmes à la discipline.

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  1. GT, GP, LMP2, F1… Il existe plusieurs catégories de voitures de compétition automobile, qui évoluent sur différents circuits.[][]
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