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© Capture d'écran de la chaîne youtube de Shanna Banana

Toulouse : une péti­tion d'extrême droite pro­voque l'annulation de lec­tures pour enfants ani­mées par des drag-queens

La mairie de Toulouse a choisi de « réorienter » ce mardi 24 janvier un atelier de lecture organisé par deux drag-queens à la médiathèque, sous la pression de l'extrême droite.

Ce n'était pas leur coup d’essai. Depuis plus de quatre ans, Shanna Banana et Brandy Snap, deux drag-queens, organisent des ateliers de lecture pour les enfants dans les associations, librairies indépendantes ou encore à la Maison des Jeunes et de la Culture. Mais leur prochain atelier, prévu le 18 février à la médiathèque José-Cabanis de Toulouse, a été déprogrammé par la mairie. Sous la pression de l’extrême droite, le maire de la ville rose, Jean-Luc Moudenc (ex-Les Républicains), a décidé mardi 24 janvier de « réorienter » l’atelier, en ciblant cette fois le public adulte, selon 20 minutes.

Dans le cadre du mois queer proposé par les bibliothèques de Toulouse, Shanna Banana et Brandy Snap devaient se produire pour la première fois dans une médiathèque de la ville rose. L'atelier de lecture avait pour objectif de faire découvrir aux enfants des « fées et princesses à barbe, [...] des artistes de spectacle » affirme Shanna Banana. Mais l’organisation de l’atelier a suscité de vives réactions du côté de l’extrême droite. Le groupuscule Furie Française, né de Génération Identitaire (dissous par le gouvernement en mars 2021), a lancé une pétition « contre les lectures drag à l'intention des jeunes enfants » qui a rassemblé près de 5000 signatures. Ses membres y dénoncent « l’hypersexualisation, la propagande politique face à des enfants de 3 à 6 ans, le tout payé par vos impôts ». Une campagne également relayée par La Manif pour Tous. Sur les réseaux sociaux, les réactions des internautes ont déferlé avec violence. Il est notamment possible de lire les mots suivants : « dépravation », « décadence », « pédophiles », « le déclin français », « ravagés » ou encore « tarés».

Shanna Banana explique avoir alerté la municipalité sur ces mouvements de haine pour la sécurité de l’atelier et regrette sa réaction. « En aucun cas on est là en drag-queens pour revendiquer le fait qu’on est drag-queen, que tout le monde devrait être drag-queen, assure la drag-queen toulousaine. [...] Nos lectures [...] évoquent un panel large de représentations et de différences qui nous touchent de près ou de loin. Les enfants apprécient énormément. »

Drag-queen et enfants : un mauvais combo

Ces contestations s'inscrivent dans un mouvement plus global . Le 12 juin dernier, les membres des masculinistes américains Proud Boys ont interrompu une lecture de conte pour enfants par une drag-queen et scandé des propos insultants dans une bibliothèque en Californie. « On se doutait que la vague finirait par arriver en France », indique Shanna Banana.

Et le phénomène n'est pas isolé. Le 11 décembre dernier, alors que le bar bordelais Iboat organisait un spectacle nommé Cabaret baby party destiné aux tous petits (enfants de moins de trois ans), la présence d'une drag-queen dans les artistes avait suscité la polémique. Avec le soutien de la mairie écologiste de Bordeaux, le show a finalement été maintenu. Pour Dimitri Boutleux, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la culture, « la culture, l’émancipation citoyenne permettent de garder notre démocratie en bonne santé, et je ne supporte pas ces attaques qui ne sont certainement pas fondées, mais ont juste l’ambition de faire du buzz » avait-il déclaré au quotidien Le Monde.

Dernière polémique en date, ce samedi 21 janvier, des drag-queens de la compagnie rennaise Broadway French sont venues à la bilbiothèque de Lamballe pour des lectures aux enfants et ateliers maquillage. Une pétition pour annuler leur venue avait récolté plus 5700 signatures. Bien que l'opposition municipale de droite se soit emparée du sujet, l'atelier s'est déroulé avec le soutien de la mairie. Thierry Gauvrit, adjoint au maire de la commune de Lamballe-Armor, a souligné auprès de France 3 qu'« on savait bien que si on mettait de tels sujets à l’ordre du jour, c’est qu’il y a encore un certain nombre de tabous et de préjugés et ça vient nous conforter sur l’utilité de ce type d’animation ». À Lamballe-Armor comme à Bordeaux, l'animation a été maintenue malgré la contestation.

De son côté, la mairie toulousaine affirme « qu'elle condamne fermement toute forme d'extrémisme, de menace ou d'expression discriminatoire envers Shanna Banana et Brandy Snap, qui interviennent dans l'atelier en cause » et a demandé à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, « la dissolution du mouvement "Furie Française", à l'origine des menaces et du trouble à l'ordre public ».

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