Shiloh, empor­tée à 13 ans par une tumeur du sein : ses parents sur la piste d’une expo­si­tion aux métaux lourds

En décembre 2021, Shiloh, tout juste âgée de 13 ans, meurt d'une tumeur localisée au niveau du sein gauche. D’après une enquête du Parisien publiée jeudi, les parents de la jeune fille suspectent l’environnement de Shiloh, contaminé par des métaux toxiques, d’être la cause de son décès. Ses parents vont déposer une plainte contre X.

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© Capture d'écran de la Une du Parisien
de vendredi 19 mai

C’est un drame encore non résolu. Shiloh, 13 ans, a été rongée par un cancer du sein. Elle est morte d’une tumeur au niveau du sein gauche, après dix mois de souffrance dans le Val-d'Oise le 8 décembre 2021. Si pendant longtemps la faute a été remise sur le dos des spécialistes qui ont estimé qu'il était impossible de contracter un tel cancer si jeune, jeudi 18 mai, une enquête du Parisien a révélé que les parents de l’adolescente étaient sur une nouvelle piste. Pour eux, ce serait l’environnement de Shiloh et notamment l’école où elle a été scolarisée jusqu’en 2019, contaminée par des métaux lourds à cause des sites industriels environnants, qui serait la cause du décès de leur fille. Les parents de Shiloh vont déposer une plainte contre X auprès du procureur de Pontoise.

Diane Diakité, la mère de Shiloh, avait conservé une mèche de cheveux de sa fille après un passage le coiffeur à l’automne 2011 alors qu’elle avait trois ans. Après la mort de l’adolescente, Diane Diakité avait demandé une analyse de cette mèche au laboratoire toxSeek, à Ennery (Val-d’Oise) spécialisé dans le dépistage de polluants, raconte Le Parisien. Les résultats de l’analyse sont arrivés en août 2022.

À 3 ans, Shiloh avait déjà été exposée de manière trop élevée à du bismuth et de l’étain. Deux métaux dont la contamination peut être dangereuse. « L’intoxication au bismuth peut mimer une démence d’Alzheimer », a expliqué, selon Le Parisien, le laboratoire toxSeek, à Ennery (Val-d’Oise) qui a examiné une mêche de cheveux de Shiloh après son décès. L’étain, lui, cause en trop grosse concentration des « dommages au foie » ou encore un « dysfonctionnement du système immunitaire, [une] altération des chromosomes, [une] carence en globules rouges, [des] dommages au cerveau, dépressions » a continué de détailler le laboratoire d’après le quotidien.

La maladie dont est morte Shiloh avait été détectée en mars 2021. L'adolescente avait d’abord présenté de petits boutons sur son sein gauche et une sorte de peau d’orange. Au Centre d’imagerie de la femme à Franconville, la maman et sa fille avaient été reçues par un médecin radiologue qui avait constaté que Shiloh avait un « sein gonflé, chaud et douloureux », explique le quotidien. Des symptômes faisant penser à une inflammation ou à une infection. La mammographie n'étant pas recommandée avant l'âge de 30 ans, Shiloh s'était retrouvée dans une errance médicale. Cinq mois après, son état de santé s’était fortement dégradé, avec un sein qui avait changé d’aspect et qui suintait, le diagnostic était tombé. Shiloh était atteinte d’un angiosarcome mammaire de grade II.

Selon un article scientifique, rapporté par Le Parisien, en quarante ans, huit angiosarcomes du sein ont été décelés en France, chez des femmes de plus de 32 ans qui, pour la plupart, avaient été exposées à de la radiothérapie pour traiter un cancer du sein. Ce qui n’était pas le cas de Shiloh. Et parmi ces huit cas, il n’y avait aucun enfant.

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Intoxiquée par de multiples métaux 

Deux ans après la mort de Shiloh, sa mère est toujours en quête d’une réponse. La rareté du phénomène l’interroge. Selon elle, interrogée par Le Parisien, « la piste génétique a été écartée. Il n’y a eu aucun cancer dans ma famille ». Diane Diakité étudie donc toutes les pistes, notamment celle des polluants et de son environnement.

Une mèche de cheveux coupée à 13 ans, quelques semaines avant son décès, a également été analysée. D’après les résultats, rapportés par Le Parisien, on y trouve un nouveau métal, de l’antimoine. Un métal qui peut être à l’origine de dérèglements menstruels. Selon le quotidien, L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le suspecte d’être un cancérogène possible. Du titane est également retrouvé. Un métal qui d’après l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), « peut entraîner une surcharge pulmonaire et conduire à une réaction inflammatoire, à l’origine de lésions prolifératives » si on y est exposé par voie respiratoire, explique Le Parisien. C’est-à-dire à des cancers.  

Selon le quotidien, du cérium, métal utilisé dans l’industrie automobile notamment, a aussi été retrouvé dans les cheveux de Shiloh à 13 ans. Pour le laboratoire qui a réalisé les analyses, il n’existe pas à ce jour de données sur les risques sanitaires pour l’être humain en cas d’exposition chronique, indique Le Parisien. À moindre dose, on retrouve dans ces analyses quatorze autres métaux, dont de l’aluminium, du cuivre, du chrome, du mercure ou encore du plomb.

Des lieux d'enfances contaminés

Jusqu’à ses onze ans, Shiloh a vécu dans un logement à proximité du garage automobile Vaillant où se dresse désormais un programme immobilier porté par la société immobilière Atland. Avant que les fondations ne soient réalisées, une importante opération de décontamination a été menée début 2022 sur ce site. D'après la société Atland, dont les propos ont été rapportés par Le Parisien, la pollution notée et retirée correspond à l’activité « lambda » du site.


Selon le portail Géorisques, la plateforme de l'État qui permet de trouver l'information pour tous les publics sur les risques naturels, 13 anciens sites industriels dans un rayon de moins de 500 m susceptibles d’être à l’origine d’une pollution des sols sont recensés aux abords de l’adresse où ont vécu Shiloh et sa famille. Pour Jacky Bonnemains, interrogé par Le Parisien, directeur de l’association écologiste Robin des Bois, qui recense les anciens sites industriels, cette enfant « était en milieu scolaire et à domicile exposée à éventuellement des polluants volatiles cancérogènes », car l’école où elle a été scolarisée jusqu’en 2019 avait aussi dans son environnement proche d’anciens sites industriels.

Un cas isolé 

En déposant plainte contre X auprès du procureur de la République de Pontoise, Diane Diakité entend rendre justice à sa fille. « Ce n’est pas normal ce qui lui est arrivé. Ce n’est pas juste », a-t-elle déclaré au Parisien« La procédure civile est toujours en cours », explique Me Jean-Christophe Coubris, l’avocat des parents de Shiloh au quotidien. Et la commission de conciliation et d’indemnisation doit rendre prochainement sa décision sur les erreurs de diagnostic des différents praticiens.

D’après les informations du Parisien, aucune autre famille vivant dans le même environnement ne s’est fait connaître après la médiatisation du décès de Shiloh. Pour une source interrigée par le quotidien : « Son cas a été bien exposé et, s’il y avait eu d’autres cas semblables, on en aurait entendu parler. » Diane Diakité espère, elle, avoir un jour une réponse à ce qu’il s’est passé. « Je suis prête à tout pour que la lumière soit faite sur ce qui est arrivé à Shiloh. Elle avait le droit d’être protégée et de grandir en toute sécurité. Elle a subi un empoisonnement lié à l’environnement et il y a des causes et des responsables, ceux-ci vivent tandis que, elle, sa vie s’est arrêtée à l’âge où l’on bouffe la vie », a-t-elle confié au Parisien

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