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Jennifer Pailhé, interviewée par BFMTV © Capture d'écran de la chaîne

Pontoise : ouver­ture du pro­cès du proxé­nète « petit ami » d'Assia, mineure sau­vée par sa mère

Ce lundi s'est ouvert à la cour criminelle de Pontoise (Val d'Oise) le procès de Brice, un jeune homme qui, à 17 ans, a prostitué sa « petite amie » de 15 ans, Assia. L'affaire est devenue emblématique du manque de réaction des forces de l'ordre dans la prise en charge des cas de prostitution de mineur·es, en forte hausse ces dernières années.

« Je n’ai pas trouvé que c’était un génie du crime. Il avait la détermination de s’enrichir rapidement, sauf que la marchandise n’était pas du stup', mais un être humain. » Voici comment le policier qui a dirigé l'enquête sur Brice analyse l'homme qui se tient devant la cour criminelle de Pontoise dans le Val d'Oise depuis ce lundi 27 mars. Les propos ont été rapportés par le journaliste Etienne Campion, qui a live-tweeté cette première journée d'audience.

L'homme, qui avait 17 ans lorsqu'il a commencé à prostituer sa victime et petite amie, Assia, risque jusqu'à 15 ans pour proxénétisme aggravé, violences volontaires et séquestration, précise Marianne. La jeune fille, rappelle BFMTV, a commencé à se prostituer sous l'influence de Brice à 14 ans en 2019, après avoir fugué de sa famille d'accueil pour rejoindre à Paris son petit ami et proxénète. « Il l'amenait sur le terrain en lui disant que comme ils étaient en fugue, il fallait subvenir à leurs besoins, payer l’hôtel, acheter à manger. Donc elle n’avait pas l’impression de se prostituer, mais seulement de michetonner en vendant son corps », témoigne Jennifer Pailhé, la mère d'Assia, auprès de BFMTV.

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Jennifer Pailhé, 35 ans, a dû se battre pendant trois ans sur deux fronts : contre l'emprise exercée par Brice sur Assia, d'une part et contre l'immobilité des forces de l'ordre sur le dossier d'autre part. A l'automne 2021, elle avait d'ailleurs été invitée par le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles de l'époque, Adrien Taquet, à témoigner devant la presse dans le cadre du lancement du Plan national de lutte contre la prostitution des mineur·es, rendu nécessaire par la hausse vertigineuse du phénomène grâce aux facilités qu'apporte internet. La jeune femme avait raconté comment elle s'était heurtée à l'indifférence des forces de l'ordre auprès desquelles elle s'est rendue pour trouver de l'aide. « Ma fille était sous la coupe d'un "amoureux" et, malgré les preuves de violences physiques que j'apportais, les policiers ne reconnaissaient pas l'emprise, ils me disaient qu'elle était consentante », avait-elle expliqué.

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Pour extraire Assia de l'emprise de son proxénète, Jennifer Pailhé s'était alors résignée à « elle-même enquêter », jusqu'à se faire passer pour un client auprès de sa fille sur internet, de façon à corroborer ses soupçons. Par la suite, elle se fera même passer « pour un policier avec un mandat judiciaire auprès de SFR » afin d'obtenir accès aux échanges numériques de sa fille. « J'ai vu des images que je n'aurais pas dû voir », soufflait-elle, en larmes, lors de cette conférence de presse. Elle finira par tomber sur un gendarme à l'oreille attentive, qui, enfin, prendra en charge son lourd dossier. Jennifer Pailhé a, depuis, créé l'association Nos Ados oubliés qui lutte pour la protection des mineur·es victimes de prostitution.

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