« Osez Joséphine » : la péti­tion qui veut faire entrer Joséphine Baker au Panthéon

Mise à jour 23 août 2021 /// Victoire pour les 37 920 pétitionnaires : le 21 juillet, à l'issue d'un entretien avec Emmanuel Macron, une petite délégation de personnalités publiques (Laurent Voulzy, Pascal Bruckner, Jennifer Guesdon) a obtenu un accord présidentiel. Le Parisien a révélé dimanche 22 août que la dépouille de Joséphine Baker intègrerait le Panthéon le 30 novembre 2021.

Joséphine Baker, la plus française des Américaines, rentrera peut-être au Panthéon. C’est en tout cas ce qu’espèrent les quelque 3002 signataires d'une pétition adressée à Emmanuel Macron. Portée par l’essayiste Laurent Kupferman et soutenue par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), elle a été mise en ligne le 8 mai dernier.

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© CC

Alors qu'Emmanuel Macron hésite à faire entrer au Panthéon l'avocate et militante féministe Gisèle Halimi en raison de son engagement contre la guerre d'Algérie qui froisserait certaines associations de harkis et de pieds-noirs, une autre postulante à la panthéonisation aura, on l'espère, moins de difficulté à y accéder : Joséphine Baker. « C'était une femme libre, féministe, une résistante et une personnalité engagée contre le racisme. Sa panthéonisation serait un puissant symbole d’unité nationale, d’émancipation et d’universalisme à la Française », explique sur France Inter Laurent Kupferman, à l'initiative de la pétition lancée le 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un symbole soulignant l'engagement d'une artiste qui fut bien plus qu'une star des années folles.

Car Joséphine Baker n'a pas fait que marquer durablement le milieu artistique des années 30 en France. Née en 1906 dans une famille pauvre du Missouri, elle débarque à Paris en 1925. À 19 ans, elle intègre le spectacle de music-hall La revue nègre. Si elle enchante le public et fait découvrir le jazz aux Parisien·nes, c'est son personnage caricatural de femme noire ultra sensuelle exécutant la « danse sauvage » qui séduit, dans une France qui organise encore des expositions coloniales. Un racisme évident dont elle a bien conscience. Elle va alors s'approprier et utiliser les fantasmes coloniaux de ses spectateurs pour construire sa notoriété. Surjouant les clichés, elle troquera les plumes de son costume pour un pagne en banane. Mais c’est en 1927, sur la scène des Folies Bergères, qu’elle s’envole véritablement. Accompagnée du léopard Chiquita, elle excelle en meneuse de revue. Sa liberté et son charme vont inspirer nombre d’artistes de l’époque. Un engouement réciproque, sublimé dans les paroles encore fredonnées aujourd'hui : « J’ai deux amours, mon pays et Paris. » En 1937, elle épouse Jean Lion et se fait naturaliser Française. 

Un air de Mata Hari

Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage dans la Résistance. Grâce à son statut d'artiste à la notoriété internationale, elle peut voyager et récolter des informations lors de dîners mondains, qu’elle transmet bénévolement au réseau de résistance français, devenant ainsi « honorable correspondante ». Son implication prenant de l'ampleur, elle fera du château des Milandes en Dordogne, dans lequel elle s’installe après la débâcle de 1940, une plaque tournante de la résistance en zone libre. 

Ayant grandi dans une Amérique ségrégationniste, elle s’engage aussi activement dans la lutte contre le racisme. En 1951 lors d'un concert en Floride, elle exige que tout le monde, quelle que soit sa couleur de peau, soit admis dans la salle. Une petite révolution dans une Amérique qui sépare encore les Noir·es des Blanc·hes. Douze ans plus tard, elle prendra la parole lors de la marche pour les droits civiques à Washington, aux côtés de Martin Luther-King. Son désir d'universalisme se retrouve aussi dans sa vie privée. Au fil des années, elle adopte pas moins de douze enfants de nationalités et de religions différentes, créant sa « tribu arc-en-ciel ». Joséphine Baker s'éteint en 1975 à Paris, à l'âge de 68 ans. 

Une nouvelle arrivante qui viendrait tenir compagnie à Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, seules femmes parmi les 80 panthéonisé·es. La panthéonisation de Gisèle Halimi est, elle

A lire aussi : Panthéonisation de Gisèle Halimi : aux grandes femmes, la patrie reconnaissante ?

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