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La Cour de cas­sa­tion se réunit ce 10 février pour sta­tuer dans l’affaire Julie Leriche

La Cour de cassation doit rendre à partir du 10 février un jugement statuant sur la requalification ou non des faits « d’atteintes sexuelles » en « viols aggravés sur mineur » dans l’affaire Julie Leriche, qui accuse vingt sapeurs-pompiers de la brigade de Paris de viol lorsqu’elle était adolescente. Depuis dimanche, les collectifs féministes battent le pavé en soutient à la jeune femme.

« Cassation totale », « Si la justice des hommes vous protège, celle des femmes vous condamne », « Julie on te croit ». Ces mots ont résonné mardi 9 février sur la place Léon Lépine dans le Vème arrondissement de Paris. À quelques mètres de la préfecture de Police, et de l'ancien palais de justice où se réunit encore la cour de Cassation, une vingtaine de militantes du collectif L’Amazone a bravé froid et neige en organisant un haka féministe en soutien à Julie* Leriche. Cette dernière accuse inlassablement depuis dix ans vingt sapeurs-pompiers de la brigade de Paris de l’avoir violée de 2008 à 2010, entre ses 13 et 15 ans.

Dimanche dernier (le 7 février) sur cette même place, entourée de membres du collectif Femen, de ses parents et de ses avocates, la jeune femme, 25 ans aujourd'hui, avait d’ailleurs pour la première fois pris la parole en public à visage découvert. « Vous pensiez m’avoir tuée ? À vous de trembler », avait asséné Julie, poignante, s'adressant directement à ses agresseurs. 

Les traits tirés, sa mère Corinne était de retour place Lépine mardi 9 février pour le happening. Elle portait silencieusement, presque religieusement, une pancarte « 20 pompiers violeurs, justice pour Julie ». Il faut dire que cela fait maintenant dix longues années que Corinne Leriche mène une lutte acharnée pour rendre justice à sa fille. Une décennie que cette ancienne institutrice se bat jour après jour sur les réseaux sociaux et devant les tribunaux pour faire reconnaître la culpabilité des pompiers de Paris. Dix ans de procédures judiciaires qui trouveront peut-être une conclusion ce mercredi 10 février dans l’enceinte du palais de justice de Paris. La Cour de cassation doit en effet rendre son verdict sur la requalification ou non des faits « d’atteintes sexuelles » en « viols aggravés sur mineur ». Mais il est possible qu'à l'issue de la séance, le verdict soit repoussé à une date ultérieure. « Je me sens complètement acculée, déclare à Causette Corinne Leriche. L’enjeu de cette décision est énorme, ce recours est notre ultime chance de rendre justice à Julie pour les viols qu’elle a subi. »

Si Corinne Leriche parle « d’ultime chance » c’est que sur les vingt sapeurs-pompiers mis en cause par sa fille, trois seulement sont pour le moment poursuivis en correctionnelle pour « atteinte sexuelle ». Ils étaient initialement mis en examen pour viol sur mineur avant que la justice ne requalifie les faits en juillet 2019, estimant que la connaissance de l’âge de l’adolescente par les prévenus n’a pu être établie ainsi que le « défaut de consentement est insuffisamment caractérisé ». Nous vous en parlions en novembre dernier lorsque la cour d’appel de Versailles avait rejeté la demande de la famille de requalifier les faits. Il faut rappeler qu’une requalification des faits entraîne de lourdes conséquences sur les peines encourues. L’article 222-24 du Code pénal dispose en effet qu’un viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle lorsqu’il est commis sur un mineur de 15 ans. L’article 227-25 dispose quant à lui qu’exercer une atteinte sexuelle sur un mineur de quinze est puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende. 

Lire aussi : La cour d’appel confirme la requalification en atteinte sexuelle pour les trois pompiers accusés de viol par Julie Leriche

Au-delà de la requalification des faits, Corinne Leriche s'est pourvue en Cassation pour demander également la mise en examen des dix-sept autres sapeurs-pompiers accusés par Julie. Selon Corinne, ces derniers ont pour la grande majorité reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la jeune fille mais nient avoir eu connaissance de son âge et de son état de détresse (Julie prenait à l’époque antidépresseurs et anxiolytiques). « Nous demandons une cassation totale de l’arrêt de la honte, pour qu’ils répondent enfin de leurs actes devant la justice », réclame Corinne Leriche. La délibération de la Cour de cassation pourrait prendre jusqu’à plusieurs semaines.

  • * Prénom d'emprunt choisi par la famille

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