Capture decran 2024 05 23 a 11.02.42
Portrait de Yasemin Cetindag. © Capture écran img-s1.onedio.com

Féminicide : l’ex-compagnon de Yasemin Cetindag condam­né à Strasbourg à trente ans de réclu­sion criminelle

Savas Ozyanik, accusé du féminicide de son ex-compagne, Yasemin Cetindag, tuée en 2020, a été condamné mercredi 22 mai à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Bas-Rhin. Un verdict “à la hauteur du crime commis”, estiment les avocats des parties civiles.

Trente années de réclusion criminelle. C’est le verdict prononcé hier, mercredi 22 mai, par la cour d’assises du Bas-Rhin à l’encontre de Savas Ozyanik, accusé d’avoir tué sa compagne, Yasemin Cetindag, en décembre 2020 à Strasbourg. Une peine sévère, rare dans les cas de féminicides. La peine prononcée par le tribunal, assortie d’une période de sûreté des deux tiers (contre la moitié en temps normal), est exactement conforme aux réquisitions de l’avocat général, Alexandre Chevrier.

L’accusé, âgé de 45 ans, blouson noir sur sweat noir, n’a pas exprimé de réaction à l’annonce de la décision. Il a néanmoins commenté à voix haute cette décision quelques minutes plus tard, ce qui lui a valu des insultes en provenance de l’auditoire, provoquant un incident d’audience. “La justice a été rendue”, a déclaré de son côté Sendegul Aras, avocat de la mère de la victime, saluant une peine “sévère mais juste”. “Maintenant, nous allons attendre si l’accusé va user de son droit d’appel, en espérant que ce ne soit pas le cas pour que les parties civiles puissent enfin faire leur deuil”, a-t-il ajouté. “La fermeté de la décision est à la hauteur du crime commis”, a abondé Xavier Metzger, avocat de la sœur de la victime.

"L'intention d'homicide" retenue

A l’inverse, la défense avait plaidé les “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, un crime passible de vingt ans de réclusion. Cette alternative a été écartée par la cour, qui a retenu “l’intention d’homicide” de l’accusé. “Cette décision me semble sévère par rapport à la sûreté prononcée, mais sur le quantum, nous savions que les trente années étaient encouragées”, a réagi Caroline Bolla, avocate de la défense. “Pour la façon dont s’est déroulé le procès, j’ai connu des audiences plus sereines”, a-t-elle fait remarquer.

Le 23 décembre 2020, Yasemin Cetindag, 25 ans, mère de quatre enfants, est morte étranglée par son ex-compagnon, dont elle s'était séparée deux mois plus tôt, après dix ans d'une relation chaotique et toxique. Son corps avait été retrouvé plusieurs jours plus tard, enterré dans la forêt de Vendenheim, au nord de Strasbourg.

Lire aussi I Quatre plaintes et treize mains courantes : un cas de féminicide jugé aux assises de Strasbourg

Après avoir dans un premier temps nié toute implication dans la disparition de la jeune femme, son ex-compagnon avait fini par avouer ses actes, accablé par les témoignages et les preuves : son ADN avait été découvert sur un couteau, le sang de la victime retrouvé partout dans l’appartement et sur ses chaussures, le bornage téléphonique et son achat d’une grande malle de transport. D’autant que les enfants avaient assisté à la scène, confiant ensuite à leur grand-mère : “Papa a fait bobo à maman”, “Il a sorti le foulard, il a serré le cou de maman”.

Les violences conjugales étaient récurrentes au sein du couple. Yasemin Cetindag avait déposé quatre plaintes et treize mains courantes, qui n'avaient abouti qu'à un rappel à la loi à l'encontre du conjoint. "Ce constat peut légitimement susciter des interrogations, de la colère. C'est compréhensible. Est-ce qu'on aurait pu empêcher ce crime ? Est-ce qu'on aurait pu faire mieux ? La question se pose, je ne suis pas en état d'y répondre", a déclaré l'avocat général au cours de son réquisitoire.

Lire aussi I “On n’a pas voulu la croire” : le long et difficile combat des familles de victimes de féminicides qui assignent l’État en justice 

“Mais depuis lors, des enseignements ont été tirés, et de cette affaire en particulier. Une priorité absolue est donnée aux violences conjugales, dans ce tribunal comme dans toutes les juridictions”, a-t-il assuré. En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Selon le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, il ​​y a eu 94 féminicides conjugaux en 2023, contre 118 en 2022.

Lire aussi I Pour Nous Toutes, "le chiffre de 94 féminicides comptabilisés par le gouvernement est très sous-évalué"

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.