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Monique Olivier, l'épouse du tueur en série français Michel Fourniret, attend le 29 mai 2008 au palais de justice de Charleville-Mézière, dans le nord de la France. © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Affaires Fourniret : Monique Olivier seule aux assises pour répondre de trois disparitions

Une seule accusée face à des familles qui attendent des réponses depuis des décennies : Monique Olivier, l’ex-épouse de Michel Fourniret, comparaîtra seule devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine à compter de demain pour répondre de complicité dans les enlèvements et meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin.

Le procès qui démarre demain, le premier du pôle cold cases de Nanterre – et qui doit durer près de trois semaines – sera marqué par une absence : celle de Michel Fourniret, décédé en mai 2021. Seule Monique Olivier comparaîtra devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour les enlèvements et meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin.

Michel Fourniret était mis en examen depuis 2020 dans ces crimes vieux de 35, 33 et 20 ans.
Des décennies de “souffrance pour les familles”, selon Me Corinne Herrmann qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce. Cette jeune fille de 18 ans a disparu en juillet 1988 à Auxerre, entre son foyer et la gare. Faute d’indices, un non-lieu est prononcé en février 1989, avant que l’information judiciaire ne soit rouverte des années plus tard, en 2003.

En 2018, Michel Fourniret avoue son meurtre, ainsi que celui de Joanna Parrish, une Britannique âgée de 20 ans dont le corps avait été retrouvé dénudé dans la rivière de l’Yonne en 1990. Elle a été battue, droguée et violée.

Premiers aveux en 2005

Monique Olivier livre de premiers aveux à la justice belge en 2005 sur ces deux crimes pour lesquels Michel Fourniret est mis en examen en 2008. Il bénéficie d’un non-lieu en 2011 dans l’affaire Parrish, avant que les investigations ne soient rouvertes en 2012. L’énigme de la disparition d’Estelle Mouzin, 9 ans, par une froide journée de janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), durera elle aussi des années. Monique Olivier finit par contredire en 2019 l’alibi fourni par le tueur en série.

Lire aussi I Vingt ans de la disparition d’Estelle Mouzin : pourquoi l’affaire n’est jamais tombée dans l’oubli

Quelques mois plus tard, Fourniret avoue sa responsabilité à la juge Sabine Kheris, aujourd’hui coordinatrice du pôle cold cases de Nanterre. La magistrate sera entendue pendant le procès. En 2020, Monique Olivier déclare que son ex-mari a séquestré, violé et tué Estelle Mouzin à Ville-sur-Lume (Ardennes). L’ADN partiel de la fillette a été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison. Puis, en 2021, elle reconnaît pour la première fois un rôle dans la séquestration d’Estelle.

Malgré de nombreuses fouilles, les corps de Marie-Angèle Domèce et d’Estelle Mouzin n’ont jamais été retrouvés. Ce ne sera certes “pas le procès de la justice”, souligne Me Didier Seban, qui défend Éric Mouzin, le père d’Estelle, mais côté parties civiles, on veut toutefois faire la lumière sur certains “ratés” dans les investigations. Notamment l’alibi longtemps “pas vérifié” dans l’affaire Mouzin, ou la lettre que “l’ogre des Ardennes” envoie à la chambre de l’instruction de Reims quelques mois avant son procès de 2008, dans laquelle il dit vouloir être jugé pour ces trois affaires. “Mais on ne fait rien”, déplore Corinne Herrmann, qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce. Éric Mouzin, lui, n’attend qu’une chose : que Monique Olivier, 75 ans, “soit condamnée à la hauteur du crime commis”.

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L’enjeu du procès n’est pas la peine qui sera prononcée, souligne cependant Richard Delgenes, qui défend l’accusée, mais que sa cliente ne soit pas jugée en lieu et place de son ex-mari. Ce n’est pas elle qui “cherche les jeunes filles”, qui “kidnappe, viole et tue”, insiste-t-il. Et “elle fait des aveux : sans elle, pas de procès”, affirme Me Delgenes, soulignant la participation de sa cliente aux investigations menées par Mme Kheris pour montrer “qu’elle n’est pas comme lui”.

“A quatre mains”

“Sans elle, rien n’aurait été possible dans ce parcours meurtrier”, argue cependant Me Seban, parlant de “meurtres commis à quatre mains”. Monique Olivier a été condamnée à la perpétuité en 2008 à Charleville-Mézières pour complicité dans quatre des meurtres et un viol commis par Fourniret.

La cour d’assises des Yvelines l’a ensuite condamnée à vingt ans de prison en 2018 pour complicité dans le meurtre de Farida Hammiche, épouse d’un ancien codétenu de Fourniret, à qui le couple avait volé des lingots d’or. Son corps n’a jamais été retrouvé non plus.

Didier Seban et Corinne Herrmann souhaitent par ailleurs obtenir des informations sur d’autres dossiers non résolus, notamment la disparition de Lydie Logé en 1993 dans l’Orne. “On ne juge pas d’autres affaires”, tranche Me Delgenes. Pour lui, sa cliente a déjà “tout dit”.

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