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Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique accroît les muti­la­tions génitales

Dans certaines régions d’Afrique durement touchées par la hausse des températures, les filles sont de plus en plus exposées aux mutilations génitales féminines afin d’être mariées.

Le 6 février est la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. Bien que de nombreux pays aient interdit cette pratique, des millions de filles continuent à y être exposées. À ce jour, plus de 200 millions en ont été victimes dans les pays où elles sont concentrées, estime ainsi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un chiffre qui tend d'ailleurs à s’accroître à mesure que le réchauffement climatique s’aggrave. D’après l’Organisation des Nations unies (ONU), la hausse des températures encourage en effet de nombreuses familles à avoir recours aux mutilations génitales sur leurs filles, notamment dans les pays de la Corne de l’Afrique.

Par exemple, en Éthiopie et en Somalie - pays durement touchés par la sécheresse - les cas d’excision, d'ablation du clitoris ou encore d’infibulation1, ont bondi de 27 % entre janvier et avril 2022 et les mariages d’enfants de 119 %, indiquent les Nations unies dans un communiqué publié en juin dernier. « L’incidence climatique a indéniablement joué un rôle dans la précarisation de ces populations. Cela a entraîné une reprise de cette pratique qui était en voie d’abandon », a aussi pointé Isabelle Gilette-Faye, sociologue et directrice de la Fédération nationale GAMS qui lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles, auprès du média en ligne Vice.

« Garantir » leur virginité 

Confrontés à des choix désespérés pour survivre face au réchauffement climatique, qui assèche les terres, tarit les sources d’eau et provoque la mort du bétail, ces foyers déjà touchés par l’extrême pauvreté marient leurs très jeunes filles pour obtenir une dot qui représente alors le seul revenu financier possible. Les futures jeunes mariées subissent des mutilations génitales afin de « garantir » leur virginité et « préserver leur honneur ». « Soyons clairs, la dote augmente quand il y a une excision ou autres. C’est une demande régulière des belles-familles », ajoute Isabelle Gilette-Faye à Vice.

Autre exemple : au Kenya, où les filles sont déjà fortement touchées par les mutilations, elles risquent de l’être encore plus et de plus en plus tôt. « Les filles de ces régions risquent désormais d’être excisées à un plus jeune âge, car les familles les préparent au mariage, alertent les Nations unies. En raison de l’impact de la sécheresse, les dots en espèces, en nourriture et en bétail diminuent, ce qui signifie que les familles peuvent envisager de marier encore plus de filles. » Au-delà d’une dot, l’union précoce d’une fille signifie aussi le départ d’un enfant et donc d’une bouche à nourrir.

Pour endiguer le phénomène, l’action doit être conjointement portée sur les problématiques liées au réchauffement climatique, à l’extrême pauvreté et aux mutilations génitales. C’est le chantier amorcé au Kenya par l’ONG Vision du Monde à travers le projet Kenya Big Dream qui vise à « rendre les familles, vulnérables économiquement, autonomes pour que le mariage et les mutilations ne soient plus un moyen de sortir de la pauvreté », précise l'ONG sur son site. « Il reste de l’espoir pour faire en sorte que ces familles qui subissent les fracas du monde ne retombent pas dans ce genre de traditions. Nous ne sommes pas totalement impuissants, on a la capacité à faire des choses », espère ainsi la directrice de Vision du monde, Camille Romain des Boscs auprès de Vice.

Conformément aux objectifs de développement durable, l’ONU entend mettre définitivement fin aux mutilations génitales féminines d’ici 2030. Il reste donc sept ans pour y parvenir. Mais en 2023, encore 4,3 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales dans le monde, selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).


Conséquences des mutilations génitales

Les mutilations génitales féminines regroupent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme, ou toute autre lésion des organes génitaux féminins. Elles peuvent provoquer de nombreuses complications médiales parmi lesquels des saignements excessifs, une infertilité, des douleurs intenses, des infections et des difficultés à uriner, ainsi que des conséquences à plus long terme sur la santé sexuelle, reproductive et mentale.

Lire aussi I Somalie : une jeune fille de 13 ans décède suite à une excision et le gouvernement ne réagit pas

  1. Rétrécissement de l'orifice vaginal par recouvrement.[]
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