Corps a Coeurs Fevrier 2023 aux Folies Bergere 3 credit photo Justine Lephay
© Justine Lephay

“Corps à cœurs”, des artistes réuni·es autour de la chan­teuse Laurie Darmon pour par­ler du rap­port au corps

Le spectacle Corps à cœurs imaginé, réalisé et incarné (entre autres !) par la chanteuse Laurie Darmon, qui a longtemps souffert d’anorexie mentale, revient pour sa troisième édition. Une soirée unique rassemblant de nombreux·euses artistes français·es qui performeront autour de la question du rapport au corps.

Corps a Coeurs Fevrier 2023 aux Folies Bergere 7 credit photo Justine Lephay
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Et de trois ! À l’initiative de la chanteuse Laurie Darmon, le spectacle Corps à cœurs se tiendra cette année aux Folies Bergères, à Paris, le 29 janvier. Mais aussi, et ce pour la première fois, au Radiant, à Lyon, le 30 janvier et au Théâtre Sébastopol, à Lille, le 10 février. Rendez-vous donc, pour un show inédit (le spectacle change chaque année) incarné par divers·es artistes de la scène française ayant à cœur de parler des corps. Corps à cœurs met sur le devant de la scène des artistes, des influenceur·reuses et des personnalités qui évoquent leur rapport au corps à travers des performances hybrides, de la vidéo au dessin, en passant par le talk ou encore le chant. À la tête du projet, Laurie Darmon souhaite partager avec le public ce qui reste dans l’ombre de l’image publique. Parmi les personnalités invitées pour parler de ce sujet intime, on retrouvera notamment Louane, Irma, Marie-Flore, Joyce Jonathan, Tessa B, Charles de Vilmorin ou encore Benjamin Siksou. Certain·es ne pourront être présent·es qu’au show de Paris, comme la comédienne Marie s’infiltre, le chanteur Ben Mazué et l’animatrice de télévision ex-Miss France Laury Thilleman.

Pour ce show, Laurie Darmon a donné carte blanche à chaque artiste sur la forme de leur performance, qu’elle soit en solo ou en collaboration. “J’avais envie que la forme épouse le fond du spectacle, qui est de dire que le corps est mouvant. À partir du moment où on a envie de s’exprimer, on peut le faire à travers toutes les formes”, explique-t-elle à Causette.

"Raconter ce qui se passe derrière"

L’idée d’un spectacle consacré au corps et ses représentations n’est pas anodine, Laurie Darmon ayant souffert d’anorexie mentale pendant dix ans. Elle explique avoir voulu faire un spectacle autour de son expérience, mais surtout sur ce qui lui succède : “La confiance en soi, le rapport à son corps et la façon dont on s’accepte.”

Ce spectacle, écrit “un matin en octobre 2021” et mis en place en mai 2022 a rencontré un véritable succès lors des deux premières éditions. Laurie Darmon se dit reconnaissante que des artistes aient osé se prêter à l’exercice : “On fait des métiers de lumière, on dégage une image assez parfaite. Mais ce n’est pas la réalité, il faut raconter ce qui se passe derrière.”

Aux jeunes, elle veut faire passer un message et leur dévoiler une image “moins esthétique, moins physique”. “Peut-être que les jeunes générations verront autre chose et que quand elles auront envie de ressembler à quelque chose de soi-disant parfait, ce ne sera pas forcément en se réfugiant dans le culte de la maigreur”, précise-t-elle

Parler des TCA

La chanteuse Joyce Jonathan, 34 ans, fait partie de celles qui ont décidé de participer à l’aventure et de se mettre à nu. Elle avait déjà collaboré à la deuxième édition du spectacle en février 2023, en témoignant au sujet des troubles du comportement alimentaire (TCA) qu’elle a vécus pendant dix longues années. Pour l’occasion, elle avait composé une chanson inédite intitulée Si je mange, je vais en enfer. Si ce titre écrit la veille de la représentation était encore “très fragile” l’année dernière, il est aujourd’hui plus solide et sort le 26 janvier prochain sur toutes les plateformes.

Pour Causette, Joyce Jonathan raconte comment ces troubles ont rythmé sa vie pendant dix ans et comment, aujourd’hui, elle se sent libre d’en parler. Si elle réussit aujourd’hui à évoquer ses TCA, c’est parce qu’elle n’a “plus honte”. La maternité a été sa bouée de sauvetage, dit-elle : “C’était la première fois que j’aimais me voir grossir.” “J’ai le sentiment d’être guérie, ajoute-t-elle. Ce n’est plus un problème en société, je ne m’empêche pas d’aller à un dîner ou à un brunch, je ne me prive pas de vacances en collectivité.”

Pour elle, se livrer à un public sur des expériences privées est tout de même un vrai “challenge personnel”. Mais c’est une “chance” de pouvoir exprimer ce qu’elle ressent à travers la musique. Ce spectacle lui a permis de réaliser qu’elle “n’est pas seule”, l’exercice étant le même pour tous les artistes : “Assumer l’image publique et son corps à travers différents traumatismes.”

De son côté, Laurie Darmon, qui est sur scène aux côtés des autres artistes en plus de réaliser le spectacle, explique que son double rôle de productrice-interprète exige de se positionner comme “une personne omnisciente qui n’a plus de problème”. Pour elle, “c’est un combat de boxe”.

S'adresser "à l’universel”

Les deux chanteuses disent voir ce spectacle comme une occasion d'échanger, de transmettre et de se confier au public. Elles conçoivent la chance qu'elles ont de pouvoir faire de la musique à partir de leurs troubles. Selon Laurie Darmon, "à mesure qu'on se confie sur des choses intimes, on parle à l'universel, on parle de l'universel".

Laurie Darmon expliquait l'année dernière sur scène la naissance de certains complexes en ayant observé des photos et posters des stars préféré·es de sa jeunesse. Aujourd'hui, alors qu'elle est elle-même une personnalité publique influente, elle cherche à déconstruire ces représentations d'un corps unique. Joyce Jonathan revient sur cette dualité dans leur métier d'image : "Tout d'un coup, on devient la vitrine de quelque chose en sachant que c'est aussi cette image publique qui a été dangereuse pour nous."

Un livre homonyme

Depuis le 18 janvier dernier, vous pouvez également vous procurer le livre Corps à cœurs (Robert Laffon) dans les librairies : un recueil de témoignages émanant du spectacle.

On peut y découvrir les parcours d’acceptation de huit autres personnes, qui offrent “des témoignages d’une sincérité, d’une authenticité et d’une intimité assez rares”. On peut y lire, entre autres, les récits de Joyce Jonathan, de Benjamin Siksou et de Laury Thilleman.

Laurie Darmon espère que les personnes qui le liront vont “se reconnaître et se sentir comprises. Si plus jeune, j’avais eu accès à un livre comme celui-ci, ça m’aurait beaucoup aidée à ne pas tomber dans une considération trop esthétique et superficielle de ce que c’est qu’être beau, ce que c’est qu’être normal, ce que c’est qu’aller bien”.

Affiche Paris

Corps à cœurs, aux Folies Bergères, à Paris, le 29 janvier. Au Radiant, à Lyon, le 30 janvier et au Théâtre Sébastopol, à Lille, le 10 février.

Lire aussi I Femmes et nourriture : histoire d'un malaise originel

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