Action Anti pub Lyon
Action inter-associative dans le métro Lyonnais © Anti-pub.org

“Une énorme vic­toire” : Lyon se débar­rasse des 118 pan­neaux numé­riques publi­ci­taires qui enva­hissent ses métros

Énergivores et générateurs de pollution visuelle comme mentale, les écrans publicitaires apparus ces dernières années dans l’espace public sont dans le viseur de l’association Résistance à l’agression publicitaire. Ce lundi, Lyon est devenue la première ville française à en débarrasser son réseau métropolitain.

Une bonne nouvelle pour la planète comme pour nos cerveaux. Depuis lundi 1er avril, les couloirs des métros lyonnais changent d’apparence. Petit à petit, les écrans – qui consomment jusqu’à quinze fois l’énergie d’un panneau publicitaire à simple rétroéclairage, selon JC Decaux, et l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de trois ménages français hors chauffage, selon Greenpeace – publicitaires sont démontés. Cette décision du Sytral – le gestionnaire des transports de l’agglomération lyonnaise – s’inscrit dans le cadre d’une politique plus large, visant à réduire la présence de la publicité dans l’espace public.

Afin de mieux comprendre les enjeux de cette avancée, Causette s’est entretenue avec Thomas Bourgenot, porte-parole de Résistance à l’agression publicitaire (RAP), association qui milite depuis plus de trente ans contre le système publicitaire et est devenue un interlocuteur privilégié des collectivités sur ces questions.

Causette : Les écrans publicitaires vont disparaître du métro lyonnais. Comment a été prise la décision ?
Thomas Bourgenot :
Il faut savoir que le règlement local de publicité (RLP) ne s’applique pas dans le métro puisqu’il n’encadre que la publicité dite “extérieure”. Or, dans le métro, on n’est pas à l’extérieur. Donc, le Sytral a profité du renouvellement du contrat Sytral-Cityz Media [anciennement Clear Channel, ndlr] qui prenait fin le 31 mars pour le renégocier, afin que les 118 écrans du métro n’y figurent plus. Lyon devient ainsi la première ville à interdire les écrans publicitaires sur l’ensemble de son territoire. Et pour nous, c’est une énorme victoire ! C’est la troisième plus grande métropole de France. Par ailleurs, ce nouveau contrat prévoit d’autres dispositions positives : il s’engage à une réduction de 25 % de dispositifs publicitaires en moins, ainsi qu’à une baisse de 49 % de leur consommation énergétique et, enfin, à la suppression des publicités pour la voiture ou l’avion.

Certain·es s’inquiètent des répercussions financières de cette décision sur les tarifs des abonnements ou des tickets de transport en commun. Quel est votre avis sur la question ?
T. B. : Bruno Bernard, président du Sytral et de la Métropole de Lyon, a été plutôt clair là-dessus : c’est la convention entre le Sytral et Cityz Media qui définit le montant de la redevance. Et le nouveau contrat, malgré la perte des 118 écrans numériques, prévoit une redevance d’un million supplémentaire par an, par rapport au précédent. Donc ce n’est pas du tout ça qui va faire que les tickets seront plus chers. D’autant que d’après Bruno Bernard, les recettes publicitaires ne représentent que 0,4 % du budget du Sytral.

Pensez-vous que cette décision va inciter d’autres villes ou régions à suivre l’exemple de Lyon ?
T.B. :
C’est un peu le problème. Il y a eu le Grenelle de l’environnement en 2010 et la loi qui en est issue prévoyait que les villes avaient dix ans pour passer d’un RLP dit de “première génération” à un RPL dit de “seconde génération”, qui doit reprendre les nouvelles dispositions du code de l’environnement. Les RLP de première génération s’appliquaient jusqu’à 2020 et n’étaient pas forcément très restrictifs ; ce qui faisait qu’on pouvait avoir des zones dans certaines villes qui avaient énormément de publicité. Et la volonté lors du Grenelle c’était de faire “le ménage dans la France moche”.
Par ailleurs, se sont ensuite juxtaposés à ces RLP des villes des RLP(i), intercommunaux. Il faut donc mettre d’accord toutes les communes de l’intercommunalité pour aboutir à un document commun. En plus, il faut aussi faire des réunions de concertation avec les afficheurs, auxquelles notre association est régulièrement conviée. Des réunions qui sont houleuses, pas forcément agréables parce qu’entre JC Decaux et Résistance à l’agression publicitaire, les positions sont quand même diamétralement opposées. Donc, c’est difficile de faire des textes équilibrés sauf à avoir une volonté politique affirmée.

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots les motivations de cette lutte contre la publicité et en quoi ont consisté vos actions ?
T.B. : L’objet de l’association, c’est de lutter contre les effets négatifs directs et indirects des activités publicitaires sur l’environnement et les citoyens. C’est donc assez large, parce que des effets directs, ça peut être la pollution directe des écrans numériques, à travers leur fabrication, leur consommation énergétique et le non-recyclage de ces dispositifs. Mais ça peut être aussi la consommation de papier pour les prospectus dans les boîtes aux lettres. Il y a ensuite tout ce qui est pollution indirecte, à savoir : l’incitation à la surconsommation, le fait de véhiculer des stéréotypes, notamment sexistes. On critique aussi le fait que ce soit des messages imposés sans qu’on n’ait jamais demandé le consentement aux gens.

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