La journaliste Renata Silveira a commenté, le 20 avril, un match de football masculin sur TV Globo, la principale chaîne du pays. Une première pour le Brésil.
Au pays du ballon roi, c’est un match historique qui s’est joué mercredi soir. Pas par son affiche, mais parce que pour la première fois, le football masculin brésilien a ouvert la voie – ou plutôt la voix - à une commentatrice, Renata Silveira, sur une chaîne nationale. La jeune femme de 32 ans n’a certes pas commenté un match majeur, il s’agissait d’un modeste troisième tour de Coupe du Brésil opposant Botafogo à Ceilandia, mais la symbolique à valeur d’exploit dans un pays où le milieu du futbal reste encore très misogyne : le match a été diffusé en direct et en accès libre sur TV Globo, l’équivalent de TF1 chez nous.
Si le club de Botafogo a remporté le match trois buts à zéro, c’est bien Renata Silveira qui a gagné la partie. La journaliste a même été élue « joueuse du match ». « Quand je suis entrée dans la cabine et que j’ai regardé le stade d’en haut, j’ai retenu mes larmes. Quand le match a commencé, mes mains tremblaient. Quand ça s’est terminé, mon cœur s’est détendu. C’est fait, c’est arrivé et ce n’est pas un rêve », confiait-elle sur son compte Instagram quelques heures après la rencontre.
Jusqu’ici, la narraçao, soit l’art de garantir les émotions du match en mêlant récit et commentaire, restait une citadelle masculine, dominée par le cador de TV Globo, Galvao Bueno. La profession peine à s’ouvrir aux femmes, Renata Silveria est seulement la troisième femme à accéder au graal suprême de pouvoir s’époumoner au micro et la première à le faire sur la plus grande chaîne du pays. « Le football, c’est pour tout le monde et je le savais depuis le jour où je suis entré dans un stade pour la première fois », écrit-elle sur Instagram.
Faire ses preuves
La passion du ballon rond, Renata Silveira l’a depuis l’enfance. La jeune femme avait d’ailleurs entamé des études pour devenir prof de sport avant de passer finalement un diplôme de journaliste sportive. Elle a commencé à la radio en 2014, avant de rejoindre la télévision brésilienne en 2018, où elle a d’abord officié sur des chaînes privées spécialisées comme Sportv et Foxsports. Renata Silveira s’est faite rapidement remarquer par la qualité de ses commentaires, notamment lors du match de l’Euro entre la Finlande et le Danemark en 2021, au cours duquel le joueur danois Christian Eriksen avait été victime d’un malaise impressionnant sur la pelouse.
Récemment recrutée par la chaîne nationale TV Globo, elle a dû, au départ, se cantonner aux matchs de football féminin pour faire ses preuves. « Je souffre tous les jours du machisme », témoignait la commentatrice dans les colonnes du Monde, quelques jours avant la rencontre. Et si le Brésil a tardé à donner cette faveur à une femme, en matière de parité dans le monde du Football, la France n’est pas particulièrement bonne élève. Il a fallu attendre… 2021 pour qu’une journaliste, Sabrina Delannoy, commente un match de foot masculin sur TF1. C’était un Angleterre-Écosse pendant l’Euro. Reste à espérer qu’en France comme au Brésil, les femmes journalistes commenteront cette fois les matchs de leurs équipes nationales lors de la prochaine coupe du monde qui se tiendra au Qatar à la fin de l’année.
Stéphanie Frappart au sifflet !
Et, après l'exercice du commentaire, tous les bastions tombent peu à peu : la Fédération française de football a annoncé hier que l'arbitre française, Stéphanie Frappart sera au sifflet de Nice-Nantes, le 7 mai prochain au Stade de France. Elle devient ainsi la première femme à diriger une finale de Coupe de France masculine. « Sa désignation récompense à la fois son travail sérieux et ses performances. Elle est amplement méritée », a commenté Pascal Garibian, directeur technique de l'arbitrage, dans un communiqué de la FFF.
