115 préhistoire 2 © Camille Besse
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Us et cou­tumes : décons­truis ta préhistoire

Êtes-vous au fait des dernières nouvelles du passé ou toujours prisonnier·ères des clichés qu’on nous a assénés pendant un siècle sur nos ancêtres préhistoriques ? Le guerrier sanguinaire qui tire Monique par les cheveux pour une idylle contondante entre deux silex (non taillés), ça vous parle ? Alors, faites le point sur vos connaissances et rafraîchissez-vous le paléolithique. Ça peut pas faire de mal (dominant).

Les hommes préhistoriques sont hyper agressifs entre eux. La guerre entre tribus a toujours existé, c’est inscrit dans nos gènes ! 
Scoop : non, la guerre n’est pas naturelle. Les affrontements par groupes n’apparaissent qu’au milieu du néolithique (5 000 ans avant notre ère). Avant cette période, on n’en trouve pas trace. Il faut dire qu’à l’époque, il n’y a pas de problème de propriété, de famille, de territoires. Tout cela apparaît plus tard. Avec les problèmes.  

Seuls les hommes sont des guerriers, les femmes ne font pas couler le sang. 
Alors, pendant des dizaines d’années, les archéologues ont découvert des tas de tombes de guerriers grands et forts, avec leurs armes, leurs chars et toutes leurs petites affaires de guerriers. Et puis les recherches ADN sont arrivées. Les guerriers se sont avérés être des guerrières grandes et fortes. Avec leurs armes et leurs chars, qu’elles conduisaient comme Emma Peel conduisait sa Lotus. Et puisque certains squelettes étaient officiellement identifiés comme étant ceux des chefs de guerre, il a bien fallu reconnaître (pour tout un tas de préhistoriens totalement dég) que les femmes étaient donc aussi des chefs de guerre. Qu’elles avaient sans doute des fonctions de pouvoir. C’est pas qu’on soit fières de faire la guerre, mais bon. À un moment donné, l’invisibilisation, ça crispe. 

Lucy, fossile australopithèque de 3,18 millions d’années, est l’une des premières femmes bipèdes (en plus, elle ne fait pas son âge). C’est la mère de l’humanité. 
Ben, en fait, si ça se trouve, Lucy, c’est plutôt Lucien. On a découvert, en 1974, ce petit squelette tout gracile, donc forcément celui d’une fille ! Et puis les recherches se sont affinées et aujourd’hui on sait… qu’on ne sait pas. Mais comme ce fossile est devenu mythique, les scientifiques ont décidé de ne pas chercher à trancher. C’est Lucy, et c’est tout. 

115 © Camille Besse
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Ce sont surtout des hommes qui sont représentés sur les parois des grottes.  
Eh non, ce sont surtout des femmes ! Écrasante majorité. Déso, les garçons. 

Au paléolithique, il n’y a pas de ménagères de plus de 50 ans. 
En effet, elles meurent avant. Les femmes de cette époque meurent vers 35 ans, dans tous les cas avant 40 ans. 

Les filles de la préhistoire pouvaient procréer très jeunes, vers 11 ans. 
Exact. D’après des études paléoanthropologiques, les Néandertaliennes pouvaient procréer à environ 11,5 ans et les Homo sapiens vers 13,5 ans. Dans les deux cas, c’est un an plus tard pour les garçons. 

Neandertal et Homo sapiens ont eu des rapports sexuels, mais ceux-ci sont stériles. 
Non. Il est génétiquement prouvé que des Néandertaliennes ont eu des rapports sexuels avec des hommes Homo sapiens et qu’elles ont porté des enfants métis, filles et garçons. Mais l’union de femmes Homo sapiens avec des Néandertaliens n’aurait donné naissance qu’à des filles (fausses couches pour les garçons).

Durant la préhistoire, les femmes sont sans arrêt enceintes, et ça les soûle. 
Non, car elles allaitent plusieurs années durant lesquelles l’hormone prolactine, qui régit la production de lait, réduit l’ovulation. L’âge du sevrage se situerait entre 2,5 et 6 ans. On ne sait pas si c’était voulu ou pas, mais elles étaient observatrices et elles avaient peut-être noté le truc, qu’elles se refilaient entre potes, le soir à l’heure de Top Chef (voir plus loin).

Durant la préhistoire, les humains passent presque tout leur temps à chasser. 
Pas du tout. Le gibier pullule. Un bon chasseur (« Un bon chasseur, il a une sagaie, y voit un truc qui bouge, y lance sa sagaie… »), ce qui était totalement leur cas, aux hommes comme aux femmes, a besoin d’y aller environ deux fois par semaine seulement. Et sans glu.

Qu’elles aient ou non chassé le gibier, ce sont les femmes qui le « cuisinent » pour le clan. 
Pas forcément. Dans certaines communautés paléolithiques, on observe que les hommes ont souvent utilisé leurs dents pour prémâcher de la viande crue. Donc préparer le repas (chacun a sa recette d’une bonne mastication, c’est le Top Chef de l’époque).

Lire ausssi : Scoop paléolithique : partage des tâches chez les Pierrafeu

On ne sait pas encore l’expliquer, mais durant la préhistoire, il existe très peu de cas de consanguinité. 
C’est faux. La promiscuité est totale dans les clans, et on a la preuve aujourd’hui, grâce aux résultats ADN, que la consanguinité existe. Au paléolithique, l’essentiel est de survivre et de se reproduire, l’enfant appartient au groupe, la notion de père n’existe pas, ni celle de famille. Elles apparaîtront bien plus tard, au cours du néolithique. Et le tabou de l’inceste également. 

Le dimorphisme sexuel des humains est naturel et observable de tout temps. C’est pour ça que les filles sont plus petites et moins fortes. 
Oui, et qu’elles s’habillent en rose ! Non, aujourd’hui, le dimorphisme sexuel ne semble plus naturel. La preuve en est qu’il n’apparaît clairement qu’au cours du néoli-thique. Certain·es chercheur·euses considèrent qu’une ségrégation alimentaire a été mise en place vers 5 000 ans avant notre ère, avec un régime plus riche en protéines pour les garçons, ce qui aurait influé sur leur taille et leur corpulence (« Kevin, finis ton mammouth s’il te plaît »).

Quand on observe les tombes préhistoriques, on note que ce sont plutôt les hommes qui portent des parures, symboles de leur importance.
Eh non ! Au paléolithique, il n’y a pas de corrélation évidente entre le sexe et l’abondance de la parure. Ainsi, on a découvert en Gironde, dans une sépulture paléolithique, une femme inhumée avec un collier composé de soixante-douze canines de cerf (ben oui, ils ont des canines !). Un véritable trésor à l’époque. Même Kim Kardashian devrait casser sa tirelire pour acheter l’équivalent aujourd’hui.

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