Journée inter­na­tio­nale des céli­ba­taires : le céli­bat, c'est leur choix !

On célèbre aujourd’hui les célibataires ! Rescapées de la vie à deux ou sempiternelles célibataires, six femmes racontent à Causette leur vie heureuse et épanouie hors des murs du couple et des injonctions de la société.

Elles s’appellent Emma, Émeline, Luce, Caroline, Émilie et Delphine. Elles ont entre 23 et 66 ans. Et pour elles, l’option couple-pavillon-labrador n’est pas du tout à l’ordre du jour. Comme près de 18 millions de Français·es, elles sont célibataires. Avec une petite nuance : pour elles, le célibat n’est pas une punition, elles sont même très heureuses de l’être. Pour se donner un peu de baume au cœur, et à l’occasion de la Journée internationale des célibataires qui a lieu ce samedi 11 novembre, Causette vous partage leur expérience en solo, très loin du cliché de la “vieille fille”.  

Emma*, 45 ans, bibliothécaire, sud-ouest

“Après treize années en couple, cela fait six ans que je suis célibataire, et je ne me suis jamais autant mieux portée. Quand j'observe autour de moi les femmes en couple, ça ne me fait pas du tout envie. Quand j’entends des collègues ou des amies se plaindre de la mauvaise répartition des tâches ménagères par exemple, ça ne me manque vraiment pas. Une autre chose que j’avais en horreur lorsque j’étais en couple : les visites chez les beaux-parents. J’en ai soupé pendant des années et ça ne me manque pas du tout. En fait, en y réfléchissant, rien ne me manque. Ce qui me plaît dans ma vie en solo, c’est cette liberté supplémentaire de faire ce que je veux quand je veux, et surtout sans compromis. Aujourd’hui, je ne peux pas affirmer que je finirai célibataire et je ne suis pas complètement bloquée à l’idée d’être de nouveau en couple un jour, mais je ne suis absolument pas dans une recherche active. Les sites de rencontres tout comme les coups d’un soir, très peu pour moi.
Pour être honnête, je me réjouis même quand je vois des femmes quitter leurs mecs. J’en ai croisé beaucoup des femmes épuisées qui ne se rendent pas compte de tout ce qu’elles acceptent. Moi, il y a encore des choses que je ne réalise que maintenant. Exemple concret : la semaine dernière, je me suis enfin acheté des pantalons larges et confortables alors qu’avant je ne portais que des jeans slims que j’enlevais directement en rentrant chez moi. Ça peut paraître superficiel, mais je me suis rendu compte que je n’ai plus besoin de vouloir attirer les regards des hommes par une silhouette susceptible de leur plaire, puisque aujourd’hui je ne veux plaire qu’à moi.”


Luce*, 44 ans, sans emploi, Isère

“Je suis autiste et être en couple me paraît être un effort phénoménal. Certaines personnes autistes peuvent être heureuses à deux, mais ça n’est pas mon cas. Jusqu’à mes 15-20 ans, je me disais sans conviction : “Bon, il faudrait que tu cherches à rencontrer des garçons.” Puis je me suis rendu compte que je n’en avais pas besoin. En fréquentant des blogs LGBT, j’ai découvert les termes “asexuel·le” et “aromantique”. Ça a mis des mots sur ce que je vivais. Encore hier, en me baladant sur Tumblr et Aven [l’un des seuls sites français consacrés à l’asexualité, ndlr], je lisais un texte poignant sur les remarques que l’on nous fait souvent. Du style “tant que t’as pas eu de rapports sexuels, tu ne peux pas savoir si tu aimes ou pas”. Si, je sais. J’ai une vie sexuelle solitaire qui me convient très bien. Et mon célibat est pratique. Je n’éprouve pas de culpabilité à mener une vie casanière. Je ne me pose pas de questions si je reste debout jusqu’à 2 heures du matin, si j’ai envie de zoner sur Internet, de rester chez moi pour dessiner… Je ne me sens pas non plus obligée de faire des activités dont je n’ai pas envie, ce qui serait sûrement le cas si j’étais avec quelqu’un. Je suis simplement bien toute seule.”


Caroline*, 66 ans, cadre dans le secteur juridique, Paris

“Mes parents ont passé leur vie ensemble et je ne me voyais pas reproduire ça. Vers mes 33-34 ans, j’ai commencé à chercher quelqu’un avec qui j’aurais pu envisager d’avoir des enfants, mais je n’ai pas trouvé de relation qui me convienne. Je me suis donc lancée dans une procédure d’adoption en célibataire, qui n’a pas abouti. Puis j’ai fait une PMA en Belgique et j’ai eu mon fils à 42 ans. Après ça, je n’ai pas vraiment eu d’histoire stable. C’est compliqué quand on élève un enfant seule. Et je n’en éprouvais pas le besoin. J’avais le bonheur d’avoir mon fils, j’avais un métier où je me sentais utile et dans lequel je me suis beaucoup investie. Le couple, c’était pas mon truc. D’ailleurs, trente ans plus tard, beaucoup de mes amies ont divorcé et arrivent à la même conclusion que moi : “Vive la liberté !” C’est aussi ce qui rend le fait de devenir âgée intéressant : contrairement à quelqu’un en couple, ma vie n’est pas tracée. Il peut encore se passer beaucoup de choses inattendues.”


Émilie, 40 ans, en reprise d’études, région rurale du Sud

“J’ai été en couple dix-huit ans. Nous avons eu trois enfants et nous nous sommes séparés il y a trois ans. J’ai beaucoup donné dans cette relation. Sur le plan psychologique, mais aussi sur le plan de la sexualité, qui a été assez traumatisante pour moi. Mon ex était très en demande, il revendiquait sa sursexualité comme une part de son identité. Je vivais clairement sous contrainte corporelle. Ça m’a beaucoup dévalorisée. Je savais depuis plusieurs années que j’avais besoin d’être libre, de me reconstruire comme une personne qui m’appartient. Aujourd’hui, j’ai retrouvé la liberté et l’amour de moi. Je me suis tellement épanouie… Mes amis me disent que je suis une pub vivante pour le célibat ! Pour l’instant, je ne veux pas revivre en couple. Par rapport à mes enfants, mais aussi par rapport à moi. Aujourd’hui, j’organise les choses moi-même, dans le respect de mon rythme et de mon espace de vie. Dans une vie de couple, il faut toujours rendre des comptes. Et ça, je crois que je ne veux plus.”


Émeline, 23 ans, étudiante, Paris

“Je voyais un mec depuis deux-trois mois. Pour moi, ça n’était pas sérieux. Mais un jour, il m’a dit qu’il me considérait comme sa copine. Ça m’a fait réaliser que non seulement je ne voulais pas être avec lui, mais que je ne serai avec personne dans les prochaines années. Je suis dans un mood “travail”. J’ai une vie intense, des études stressantes, je termine souvent à 22 heures. Et je n’ai pas envie d’aménager du temps pour quelqu’un ou de devoir justifier mes absences. Et puis, avec lui, je ressentais la charge mentale puissance dix. Une fois, il a commandé un repas et il y a eu un souci de livraison. Le pauvre chouchou était perdu. J’ai dû lui suggérer d’appeler le resto. Et là, il m’a tendu le téléphone… C’était trop. Le couple me semble aussi être un obstacle à certaines opportunités. Ma meilleure amie a renoncé à étudier à l’étranger pour son mec. Moi, je voudrais justement partir à Montréal [Canada, ndlr]. Pour les besoins affectifs, j’ai mes potes et ma famille. Pour la vie quotidienne, je me suffis à moi-même. Et si c’est la dèche sexuellement, il y a Tinder.”


Delphine, 32 ans, infirmière, Metz

“J’ai quitté mon mec il y a trois ans parce que le célibat me manquait. Je sais, ça peut paraître difficile à croire, mais c’est la vérité. Nous étions en couple depuis le lycée et je pense que nous le serions toujours aujourd’hui si je n’avais pas pris cette décision. Avec le temps, les sentiments sont devenus moins forts, contrairement à ma soif de liberté. C’était devenu de plus en plus difficile de concilier mon couple, mon taf, mes copines et du temps pour moi. J’avais de moins en moins envie de privilégier ma relation de couple. Bon, ça n’a toutefois pas été facile de rompre, surtout par rapport aux regards des autres. Pour beaucoup, le célibat est encore une chose que l’on est obligé de subir. D’ailleurs, il ne m’a pas cru lorsque je lui ai dit que je le quittais parce que je voulais juste être seule. Mais trois ans après, je ne regrette pas. Depuis que je suis seule, j’aime cette impression de ne rien devoir à personne. Si je veux traîner en slip tout le week-end ou prévoir un truc à la dernière minute, c’est possible. Attention, je crois toujours en l’amour et je suis heureuse de voir mes amies s’épanouir dans leur couple, mais actuellement, je kiffe apprendre à être épanouie toute seule. Il n’y a pas un soir où je ne suis pas contente de me coucher seule et de pouvoir m’étaler dans mon lit. Et c’est le principal.”

Lire aussi I Célibataires : elles envoient valser l'injonction au couple

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