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Photo : Alex Green

“Si je vote contre, ma femme ne va pas me lais­ser ren­trer chez moi” : quand l’IVG deviendra-​t-​elle enfin l’affaire des hommes ?

Ces derniers jours, on a vu fleurir ce genre de témoignages de sénateurs dans la presse, à l’approche imminente du vote au Sénat pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais quand donc ce combat deviendra-t-il vraiment le leur ?

“Je vais voter pour le projet de loi. J’en ai marre de me faire engueuler par ma femme et ma fille”, souffle, dans les couloirs du palais du Luxembourg, un sénateur de droite à Laurence Rossignol, comme le rapporte un article du Parisien. “J’ai été interpellé par ma compagne mais aussi par mes neveux, nièces, belles-filles…”, raconte un autre. Et la sénatrice écologiste Mélanie Vogel de confirmer que plusieurs collègues sont venus lui dire : “Si je vote contre, ma femme ne va pas me laisser rentrer chez moi.”

Ces derniers jours, on a vu fleurir ce genre de témoignages dans les médias à l’approche imminente du vote au Sénat pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Alors oui, on se pourrait se réjouir que le débat entre proches fasse évoluer les mentalités. Que les sénateurs – puisque ce sont principalement des hommes qui ont tenu ce genre de propos – ne campent pas sur leurs positions en étant sourds aux inquiétudes de la société. Que le dialogue entre les générations et les genres opère.

Mais on peut aussi se désoler que l’avortement semble encore et toujours n’être que l’affaire des femmes. Leur combat. Quand on espérerait que, en 2024, il soit celui de tout le monde. Et notamment des hommes. Certes, il s’agit du corps des femmes et de leur droit à en disposer comme elles l’entendent. Mais ces femmes sont bel et bien, comme les sénateurs le disent eux-mêmes, leurs filles, leurs compagnes, leurs nièces. Et choisir d’avoir ou non un enfant est bien l’affaire des hommes aussi, à ce qu’on sache ?

Pourquoi donc, ceci étant posé, faudrait-il encore les persuader d’avoir eux aussi à cœur de protéger ce droit fondamental ? Pourquoi est-ce, une fois encore, aux femmes de porter la charge mentale de convaincre, d’argumenter ? Aux femmes de se mobiliser pour un droit qui devrait être aussi concernant pour elles que pour leurs conjoints, leurs frères, leurs pères ?

Apparemment, si l’on en croit la pétition lancée par la Fondation des femmes début février et signée par près de 95 000 personnes au moment où nous écrivons ces lignes, le combat les concerne peu. Parmi les signataires de noms prestigieux mis en avant : Annie Ernaux, Laure Adler, Christiane Taubira, Ariane Ascaride et… une centaine d’autres : des femmes, des femmes et encore des femmes. Pourvu que la foule d’anonymes ayant signé soit plus équilibrée… Mais on en doute. Comme on doute que les acteurs viennent un jour apporter leur soutien au #MeToo du cinéma. En attendant, rêvons d’un monde où nous n’aurions plus besoin de convaincre…

Lire aussi I César : #MeToo du cinéma français, où sont les hommes ?

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Depuis des années, pour éviter de ruminer petits et gros soucis, j’ai un excellent antidépresseur : la course à pied.

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