Ce lundi s'ouvre à huis clos le procès de l'homme mineur au moment des faits en 2019, pour « assassinat ». Jugé jusqu'à vendredi 9 juin, il aurait tendu un piège à sa victime qui venait de lui apprendre qu'elle était enceinte de lui.
Les accords déchirants d'un violoncelle ont résonné sur le parvis du tribunal de Beauvais (Oise) en cette matinée du lundi 5 juin alors que la famille et les proches de Shaïna Hansye avaient déployé une banderole « Shaïna Hansye, 15 ans, lâchement assassinée ». L'initiative du violoncelliste Henri Demarquette s'inscrivait dans le cadre d'un rassemblement organisé par sa famille en hommage à Shaïna, pour marquer les débuts du procès à huis clos de son assassin présumé.
Driss1, mineur au moment des faits le 25 octobre 2019, aurait donné rendez-vous à la jeune fille dans le cabanon d'un jardin ouvrier de Creil (Oise) avant de la poignarder puis de la brûler alors qu'elle était encore vivante. Le jeune homme de 17 ans venait d'apprendre que Shaïna était tombée enceinte de lui après une brève relation.
La jeune fille est devenue un symbole du pire de la violence machiste. Deux ans avant cette mort atroce, elle avait été victime d'une agression sexuelle en réunion (la justice avait d'abord engagé des poursuites pour viol) dont s'étaient rendus coupables quatre autres jeunes. Ces derniers, jugés par la chambre spéciale des mineurs de la cour d’appel d’Amiens (Somme) la semaine dernière, ont été condamnés à des peines entre 6 mois et deux ans de prison avec sursis, plus lourdes qu'en première instance. Après ces faits datés de 2017, Shaïna Hansye avait été ostracisée par l'entourage de ces adolescents dans le quartier du Plateau à Creil et victime de slut-shaming, de revenge-porn (les violences sexuelles collectives, filmées, avaient circulé sur les téléphones). Enfin, la jeune fille avait été passée à tabac par l'un des accusés et ses proches - ce volet fait l'objet d'une procédure spéciale et sera jugé dans les mois qui viennent.
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« Fille facile »
Selon l'instruction concernant le meurtre de Shaïna Hansye, c'est l'odieuse réputation de « fille facile » qui a incité Driss à se lier avec sa victime. D'ailleurs, la presse avait révélé l'année dernière que l'un de ses codétenus l'accusait de s'être vanté de l'assassinat en ces termes : « Plutôt prendre trente ans de prison que d'être le père d'un bâtard. » Selon franceinfo, un autre affirme que Driss aurait expliqué avoir tué sa copine « parce qu'elle était une pute », qu'il avait « mise enceinte », et qu'il n'était « pas question que sa mère l'apprenne ».
Pour l'avocate du prévenu, interviewée par Le Parisien, ces témoignages ne constituent pas une preuve : « En prison, où il y a des conflits entre détenus, c’est un grand classique de dénoncer à tort », a déclaré Me Elise Arfi, au quotidien, qui précise que trois autres codétenus ont été convoqués par la défense au procès. De quoi annoncer une défense qui, malgré les éléments probants de l'instruction, va tenter de semer le doute. « Aucune preuve matérielle ne le relie à ce crime », argue Me Arfi auprès du Parisien, estimant que Driss avait été « désigné depuis le départ » comme le coupable idéal. « Shaïna avait des ennemis et s’est fait agresser par le passé. Il y a des zones d’ombre qui n’ont pas été explorées », a-t-elle insisté.
Face à cette nouvelle épreuve, la famille de Shaïna Hansye - ses parents Muhamad et Parveen, son frère Yasin - et leur avocate Me Negar Haeri font corps et espèrent que justice sera rendue à l'adolescente : « J’avais promis à ma sœur en tant que grand frère que j’allais tout faire pour que la France connaisse son histoire et que toutes ces ordures qui lui ont fait du mal répondent à la justice, a tweeté Yasin dimanche. Maintenant, arrivant à la fin, j’ai fait mon maximum depuis toutes ces années, c’est à la justice de prendre le relai à partir de demain et de rendre justice à Shaïna et qu’enfin je puisse tourner la page et recommencer ma vie avec l’ultime conviction que ce n’est pas la dernière fois que je reverrais ma sœur. »
- Le prénom a été modifié[↩]
