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Nicole Belloubet, ancienne rec­trice et ex-​garde des Sceaux, “loyale” à Macron, nom­mée ministre de l’Éducation nationale

Ancienne rectrice des académies de Limoges et de Toulouse, Nicole Belloubet, a été nommée ministre de l’Éducation nationale, après plusieurs semaines de polémiques entourant la présence d’Amélie Oudéa-Castéra à ce poste.

Un retour par la grande porte. Nicole Belloubet, ancienne garde des Sceaux lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, a été nommée rue de Grenelle jeudi 8 février. Cette juriste connaît bien l’éducation : elle fut rectrice d’académie pendant huit ans, avant de démissionner pour protester contre des suppressions de postes d’enseignant·es.

Ce vendredi matin, dans son discours de passation de pouvoir, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale s’est dit heureuse de retrouver [son] milieu naturel”. Elle a souligné vouloir “agir encore et toujours” au service de l’école. “Nous devons tout faire pour mettre en place un système qui réduit les inégalités sociales”, a-t-elle ajouté.

Après les polémiques liées à la présence d’Amélie Oudéa-Castéra à ce poste, les syndicats louent le changement de ministre, mais restent sur leurs gardes. “Nicole Belloubet connaît le milieu de l’éducation… Ce n’est pas toujours suffisant, mais nous serons là pour défendre et revendiquer ce qu’attendent les enseignants : salaires, conditions de travail, moyens pour l’inclusion… pour faire notre travail correctement”, a indiqué Guislaine David, co-secrétaire générale et porte parole du syndicat SNUipp-FSU, sur France Info.

À lire aussi I “Mépris”, “honte” : les profs disent leur ras-le-bol face aux propos d’Amélie Oudéa-Castera

“Il y a une nouvelle page à écrire. On se demande quelle ministre elle va être. On sait la rectrice qu’elle a été, qu’elle a pu parfois taper du poing sur la table quand il le fallait. Est-ce qu’elle aura les marges de manœuvre pour le faire, là est la question. On a une ministre au pied du mur dans une crise importante”, a abondé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU (premier syndicat des collèges et lycées), sur la même chaîne.

Démission avec fracas

Nicole Belloubet est issue des rangs du Parti socialiste. Elle a commencé sa carrière comme professeure à l’université avant de devenir, à 42 ans, rectrice de l’académie de Limoges en 1997. Un poste parachevant un parcours académique brillant – elle avait été reçue deuxième de l’agrégation de droit public en 1992.

À la tête de l’académie de Toulouse en 2000, elle démissionne en 2005 avec fracas, critiquant le manque de moyens octroyés par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Dans une lettre aux chefs d’établissement, Nicole Belloubet expliquait ne plus trouver la “force de conviction suffisante”. Elle déplorait, de la part de l’exécutif, une absence de cohérence “entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement”.

Sa démission était “un acte fort et rare, une forme de courage”, estime Jean-Louis Viguier, ex-secrétaire académique du Snes-FSU. Il se souvient “d’une femme engagée, compétente” avec “un côté un peu autoritaire, mais à l’écoute”. “Je suis un peu surpris qu’elle souhaite s’engager sur la politique actuelle du gouvernement”, dit-il.

Racines aveyronnaises

Autre prise de position, Nicole Belloubet avait critiqué, dans un article de 2016 de la revue Après-Demain, retrouvé par Marianne, les “fariboles sur la restauration de l’autorité ou le port de la blouse”, défendus aujourd’hui par le gouvernement Attal.

Interrogé sur France 2 jeudi soir à propos de ces déclarations, le Premier ministre Gabriel Attal a estimé qu’“on peut avoir pris des positions par le passé et avoir évolué”. “La première condition pour mes ministres, c’est d’être totalement alignés”, a-t-il ajouté. Nicole Belloubet “saura porter cette feuille de route [du gouvernement] au ministère de l’Éducation nationale”.

Nicole Belloubet a porté tout au long de son parcours une attention particulière aux sujets concernant les femmes. De 2000 à 2005, elle préside un comité interministériel de pilotage “pour la promotion de l’égalité des sexes dans le système éducatif”. Elle a aussi rédigé un rapport sur la “lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les établissements scolaires”.

En parallèle de ses fonctions dans l’enseignement, cette Parisienne très attachée à ses racines aveyronnaises, mère de trois enfants et veuve d’un professeur de droit, a mené une carrière politique à Toulouse, où elle fut première adjointe au maire socialiste Pierre Cohen, entre 2008 et 2010, avant de devenir première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées.

Nicole Belloubet a aussi été membre du Conseil constitutionnel, de 2013 à 2017, qu’elle quitte pour devenir ministre de la Justice.

“Loyale”

À la Chancellerie, elle fusionne les tribunaux d’instance et de grande instance, crée le parquet national antiterroriste, lance les cours criminelles départementales pour juger les crimes punis de 15 à 20 ans de prison à la place des assises. Mais sa réforme de la justice, “ambitieuse” selon elle, est qualifiée de “fourre-tout” par ses dédtracteur·rices. La ministre s’est mise à dos de nombreux·euses interlocuteur·rices. Lors de la mobilisation des avocat·es contre la réforme des retraites, le dialogue a rapidement été rompu.

Cécile Mamelin, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), se souvient aujourd'hui de "quelqu’un d’un caractère égal", avec qui "le dialogue était fluide", mais qui "n'avait pas assez de poids" politique "pour obtenir des résultats".

Donnant cours et conférences depuis son départ du gouvernement, l’ex-garde des Sceaux affirmait récemment à La Dépêche du midi : “Tant que le président de la République sera là, je resterai loyale à Emmanuel Macron […] Ce qui ne veut pas dire que j’approuve tout ce qui est fait.”

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