La journaliste a notamment déclaré dans Libération que la conduite de cet entretien ne relevait pas "du militantisme, mais du journalisme".
Le 8 décembre dernier, la présentatrice de RCI Barbara Olivier-Zandronis recevait sur son plateau le présidant du RN Jordan Bardella, en déplacement en Guadeloupe. L'interview, lunaire, s'est soldée par des excuses présentées au politicien par Hervé de Haro, directeur délégué de la radio guadeloupéenne, et la mise à l'écart de Barbara Olivier-Zandronis. Cette dernière a pu exposer aujourd'hui sa vision de l'incident à Libération et réagir aux propos tenus par le directeur de sa radio, ainsi qu'aux messages de soutien qu'elle a reçus.
"Que ma direction ne soit pas d’accord avec mon choix de questions, c’est entendable. Toute interview est critiquable. Mais que je sois écartée de l’antenne pour ça, c’est disproportionné ! J’ai employé le même ton qu’avec toutes les personnes que j’interviewe", affirme Barbara Olivier-Zandronis. Hervé de Haro avait précédemment qualifié l'entretien mené par la journaliste de "sortie de route". Il décrit aujourd'hui la professionnelle, toujours dans Libération, comme une "jeune journaliste", installée à la présentation du journal de 13h "pour la tester". La mise à l'écart de Barbara Olivier-Zandronis serait, selon le directeur, l'occasion de "faire le point avec elle".
De son côté, la journaliste défend un entretien conduit avec professionnalisme face à "un candidat en campagne électorale, tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes, qui arrive aux Antilles en représentant un parti qui a un certain passif et qui dit avoir un nouvel ADN". Elle souligne également que "le RN venait, pour la première fois ici, de tenir une réunion publique jusqu'au bout. C'est historique ! Jean-Marie ou Marine Le Pen n'y étaient jamais parvenus. Il vient parler de ses préoccupations sur l'Outre-mer, je le questionne sur ce que son parti fait pour ces régions-là. C'est légitime".
"Je veux juste faire mon travail de journaliste"
Barbara Olivier-Zandronis
Barbara Olivier-Zandronis n'est pas la seule à considérer son interview ainsi. La pétition lancée pour que la présentatrice retrouve son poste atteint déjà près de 21 000 signatures. Outre les différents témoignages de soutien des classes politiques et médiatiques, le SNJ a par ailleurs déclaré lundi dans un communiqué : "Nous ne pouvons accepter la décision de la direction de RCI Guadeloupe qui est clairement un désaveu du travail de sa journaliste, et un bien mauvais signal envoyé aux consoeurs et confrères amenés à interviewer des dirigeants politiques".
Depuis l'éclatement de l'affaire, Barbara Olivier-Zandronis n'est pas revenue à la rédaction de RCI, sa semaine de travail commençant le mercredi. Son CDD doit se terminer en juin et, selon les déclarations de la direction de la radio, la journaliste continuerait à officier en tant que reporter pour les antennes locales, sans pour autant exclure un éventuel retour à l'antenne. Barbara Olivier-Zandronis déclare pour sa part ne pas vouloir "entrer dans une polémique politique". Durant l'entretien, Jordan Bardella avait suggéré une appartenance politique de la présentatrice, accusation renouvelée ces derniers jours, en lien avec ses connexions avec Danik Zandwonis, son beau-père, un journaliste indépendantiste. "Je veux juste faire mon travail de journaliste", a poursuivi la jeune femme auprès de Libé. "Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont soutenue dans cette tornade médiatique. J'ai aussi une pensée pour mes confrères et collègues de RCI qui n'ont rien à voir avec toute cette affaire. Ils font leur job au quotidien avec passion et déférence envers seulement et uniquement : l'information".
