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Turquie : la chan­teuse pop Gülsen empri­son­née pour un com­men­taire sur une école religieuse

La chanteuse turque Gülsen a été arrêtée, jeudi 25 août, pour avoir raillé une école religieuse lors d'un concert. Un tribunal turc a ouvert une enquête pour « incitation à la haine ». Elle risque jusqu’à plusieurs années de prison.

La Turquie est un pays officiellement laïc. Pourtant, lorsqu'il s'agit de s'exprimer librement sur des questions entourant la laïcité, la religion, les droits des femmes ou encore les droits des LGBTQ, les autorités sévissent. La pop star Gülsen Bayraktar, 46 ans, célèbre pour soutenir publiquement la communauté LGBT, en a fait l'expérience, après avoir été arrêtée, le jeudi 25 août, à son domicile stamboulioute, à la suite de l'ouverture d'une enquête pour « incitation à la haine » par les autorités turques. Après quatre jours de détention, elle a été assignée à résidence lundi 29 août, a annoncé son avocat, et risque jusqu'à plusieurs années de prison selon le quotidien libanais L'Orient-Le-Jour.

Il « est diplômé de l'Imam Hatip [écoles religieuses]. C'est de là que vient son côté pervers », a-t-elle déclaré à propos d'un musicien, lors d'un concert dans la ville d’Atasehir, en avril dernier. Ces écoles confessionnelles du secondaire, où le président turc Recep Tayyip Erdogan fut élève, ont vu leur effectif s'accroître, depuis l'arrivée au pouvoir de son parti islamo-conservateur AKP, en 2002. L'extrait du concert a été largement diffusé sur les réseaux sociaux en début de semaine – à moins d'un an de la prochaine élection qui aura lieu en juin 2023 – suscitant une vague d'indignation au sein des autorités, soucieuses de plaire aux franges les plus conservatrices de l'électorat.

Menace de la censure

Au cours des derniers mois, les conservateur·rices turcs ont tenté d'agir sur la vie musicale du pays. De multiples musicien·nes ont été interdit·es de scène, en raison de comportements estimés « inappropriés » ou parce qu'ils et elles chantent dans une langue régionale. En novembre dernier, l'artiste syrien Omar Souleyman avait été arrêté par la police turque, accusé d'être membre de l'organisation kurde syrienne des YPG (Unités de protection du peuple), considérée comme un groupe terroriste par Ankara. Plus récemment, en mai, un concert de K-pop a été annulé sans explications, à la suite d'une campagne menée pour l'interdiction de ce concert par le quotidien islamiste Yeni Akit, le style adopté par les chanteurs étant jugé trop « efféminé ». Par la suite, seize événements ont été annulés en Turquie par les autorités locales selon Libération.

À la suite du coup d’État manqué de juillet 2016, les privations des libertés fondamentales se multiplient en Turquie, où Erdogan continue de mener une politique de répression acharnée. Outre les opposant·es au pouvoir, les journalistes et médias, c'est au tour du secteur culturel de subir une censure politique et religieuse omniprésente.


Lire aussi I États-Unis : les conservateur·ices veulent bannir Le Journal d'Anne Frank des écoles au Texas






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