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Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix, par­vient à faire sor­tir un mes­sage en cachette depuis sa cellule

Dans un mes­sage lu en fran­çais par sa fille, Narges Mohammadi, lau­réate du prix Nobel de la paix exprime sa "gra­ti­tude la plus sin­cère" au comi­té Nobel nor­vé­gien, et fus­tige l'obligation du port du voile en Iran, "source prin­ci­pale de domi­na­tion et de répres­sion dans la socié­té ".

« La vic­toire n’est pas facile mais elle est cer­taine » : la mili­tante ira­nienne des droits des femmes, Narges Mohammadi, lau­réate du prix Nobel de la paix 2023, a fait pas­ser en cachette de sa cel­lule à Téhéran un mes­sage de remerciement.

Dans ce mes­sage lu en fran­çais par sa fille, Kiana Rahmani, et dif­fu­sé sur le site offi­ciel Nobel, elle exprime sa "gra­ti­tude la plus sin­cère" au comi­té Nobel nor­vé­gien et cri­tique de nou­veau l'obligation faite aux femmes en Iran de por­ter le voile et fus­tige les auto­ri­tés iraniennes.

"La force de ce mou­ve­ment réside dans l'action des femmes iraniennes."

"Le hijab obli­ga­toire est la source prin­ci­pale de domi­na­tion et de répres­sion dans la socié­té, visant à main­te­nir et à per­pé­tuer un gou­ver­ne­ment reli­gieux auto­ri­taire", déclare-​t-​elle par la voix de sa fille de 17 ans, réfu­giée en France avec le reste de sa famille. "Un gou­ver­ne­ment qui a ins­ti­tu­tion­na­li­sé la pri­va­tion et la pau­vre­té dans la socié­té depuis 45 ans. Un gou­ver­ne­ment fon­dé sur le men­songe, la trom­pe­rie, la ruse et l'intimidation. Un gou­ver­ne­ment qui a mis en péril la paix et la sta­bi­li­té dans la région et dans le monde par ses poli­tiques bel­li­queuses", dit-​elle.

Arrêtée à 13 reprises, condam­née cinq fois à un total de 31 ans de pri­son et 154 coups de fouet, et à nou­veau incar­cé­rée depuis 2021, Narges Mohammadi est l'un des prin­ci­paux visages du sou­lè­ve­ment "Femme, Vie, Liberté" en Iran. Le mou­ve­ment, qui a vu des femmes tom­ber le voile, se cou­per les che­veux et mani­fes­ter dans la rue, a été déclen­ché par la mort, en sep­tembre 2022, d'une jeune femme kurde ira­nienne de 22 ans, Jina Mahsa Amini, après son arres­ta­tion à Téhéran par la police des moeurs pour non res­pect du strict code ves­ti­men­taire isla­mique. Depuis, la contes­ta­tion a été sévè­re­ment répri­mée par le régime des mol­lahs. "La force de ce mou­ve­ment réside dans l'action des femmes ira­niennes. Nous savons ce que nous vou­lons, plus et mieux que ce que nous ne vou­lons pas", affirme Narges Mohammadi.

Absente à la céré­mo­nie Nobel 

Samedi der­nier, une autre jeune Iranienne, Armita Garawand, lycéenne de 17 ans, est morte à l'hôpital de Téhéran dans des cir­cons­tances contro­ver­sées après un mois de coma. Plusieurs ONG affirment qu'elle a été agres­sée dans le métro par la police des moeurs char­gée de faire appli­quer l'obligation du port du voile en public, tan­dis que les auto­ri­tés démentent et évoquent un malaise. "Nous, le peuple ira­nien, aspi­rons à la démo­cra­tie, à la liber­té, aux droits humains et à l'égalité. La République isla­mique est le prin­ci­pal obs­tacle à la réa­li­sa­tion de cette demande natio­nale", déclare aus­si Narges Mohammadi. 

Dimanche, lors des funé­railles d' Armita Garawand, l'avocate et mili­tante ira­nienne Nasrine Sotoudeh a été arrê­tée dimanche. Ce qui a ampli­fié la colère des orga­ni­sa­tions des droits de l'Homme dénon­çant "l'arbitraire" et les "atro­ci­tés" du pou­voir ira­nien. Selon son mari Reza Khandan, Nasrine Sotoudeh, qui a été "vio­lem­ment bat­tue" lors de son arres­ta­tion a été trans­fé­rée à la pri­son pour femmes de Qarchak près de Téhéran, de sinistre réputation.

Remise du prix le 10 décembre prochain 

"Nous nous effor­çons par la soli­da­ri­té et la force d'un pro­ces­sus non violent et inar­rê­table de pas­ser outre ce gou­ver­ne­ment auto­ri­taire reli­gieux et de ravi­ver l'honneur de l'Iran et la digni­té humaine", a affir­mé de son côté Narges Mohammadi depuis sa cel­lule. Avant de conclure : "la vic­toire n'est pas facile mais elle est cer­taine". On ignore à ce stade de quelle manière la mili­tante a pu faire pas­ser son mes­sage depuis la pri­son d'Evin où elle est détenue.

Le comi­té Nobel lui avait attri­bué le prix de la paix le 6 octobre en van­tant "son com­bat contre l'oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la pro­mo­tion des droits humains et la liber­té pour tous". Ses enfants repré­sen­te­ront leur mère empri­son­née à la céré­mo­nie de remise du prix le 10 décembre pro­chain à Oslo, a annon­cé mer­cre­di l'Institut Nobel. 

Après le paci­fiste alle­mand Carl von Ossietzky en 1935, la mili­tante bir­mane Aung San Suu Kyi en 1991, le dis­si­dent chi­nois Liu Xiaobo en 2010 et le Bélarusse Ales Beliatski en 2022, c'est la cin­quième fois dans l'histoire Nobel que la pres­ti­gieuse récom­pense est attri­buée à une per­son­na­li­té emprisonnée.

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