États-​Unis : le chan­teur R. Kelly condam­né à 30 ans de pri­son pour crimes sexuels

Le mercredi 29 juin, le chanteur américain Robert Kelly a reçu une peine de trente ans de prison pour avoir dirigé un système d’exploitation sexuelle de jeunes, dont des mineur·es, pendant des années. En septembre 2021, il avait déjà été reconnu coupable de tous les chefs d'inculpation qui pesaient sur lui.

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R. Kelly © Flickr

L'interprète américain du célèbre tube « I Believe I Can Fly » a été condamné, mercredi 29 juin, à trente ans de prison par la tribunal fédéral de Brooklyn, pour avoir mis en place un système d’exploitation sexuelle de jeunes, dont des mineur·es, pendant près de 25 ans, de 1994 à 2018. La justice l’avait reconnu coupable, le 27 septembre 2021, d’extorsion, d’exploitation sexuelle de mineur·es, d’enlèvement, de corruption, de trafic et de travail forcé. Les procureur·es du tribunal avaient réclamé, lors de leur dernier réquisitoire, au moins vingt-cinq ans de réclusion criminelle, face au « danger », que représenterait l’homme de 55 ans. Selon le parquet américain, le chanteur est « un impudent, un manipulateur, dans le contrôle et la coercition, ne montrant aucun signe de remords ou de respect de la loi », rapporte Le Monde. 

Avant le verdict de ce mercredi, plusieurs victimes du chanteur ont pris la parole pour témoigner une nouvelle fois de l’impact que ses crimes ont eu sur leurs vies. Selon The Guardian, Lizette Martinez a rappelé la façon dont R. Kelly lui avait promis de devenir son mentor dans sa carrière musicale, alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a ensuite décrit les abus qu’elle a endurés et les graves conséquences de ces crimes sur son quotidien, encore aujourd’hui. « J’ai 45 ans maintenant, et j’ai toujours tellement de mal avec ma santé mentale. » Puis en regardant le chanteur droit dans les yeux : « Robert, tu as détruit tellement de vies. » Après l’annonce de sa condamnation, Linette Martinez a fait part de sa « reconnaissance » que « Robert Kelly ait été mis à l’écart [...] sans plus pouvoir faire de mal à quiconque ».

Une autre femme, Faith, est venue à la barre accompagnée de son père. « J’espère que tu te pardonneras toi-même », a-t-elle lancé au criminel, avant de fondre en larmes. Son père a également pris la parole : « Je ne suis pas venu ici pour cogner M. Kelly. Je veux vous demander, M. Kelly, de me regarder, d’homme à homme, de père à père. Mettez vous à ma place. » Le chanteur n’a montré aucune réaction, et n’a pas levé le regard de ses mains croisées, raconte The Guardian

Des fans devenu·es des proies

Son procès s'est ouvert à New York le 18 août dernier et a duré six semaines jusqu’au 27 septembre, date à laquelle il a été reconnu coupable après avoir longtemps échappé à la justice. En attendant le verdict de sa peine, R. Kelly était en détention provisoire. Lors de son procès, l’accusation a dépeint le chanteur comme un « prédateur » et un « criminel ». En effet, l’homme a été inculpé pour avoir dirigé un réseau qui recrutait et préparait des jeunes femmes à avoir des relations sexuelles avec lui, avant de les enfermer dans des chambres d’hôtel quand il était en tournée, de les obliger à l’appeler « daddy » et de toujours « garder la tête basse ». Une véritable « mafia » où l’entourage était également impliqué, a insisté l’un des procureurs pendant le procès, selon RFI. Les agents de sécurité, les employé·es et les managers impliqués ont pour certain·es servi de témoins au procès, notamment Demetrius Smith, l'ancien manager de R. Kelly. Il a témoigné à la barre du tribunal le 21 août 2021, avec la garantie qu'il ne serait pas poursuivi en justice pour les faits qu'il déclarerait, comme l'indique CNN. D'autres associé·es du chanteur ont déjà été arrêté·es pour complicité criminelle, pour chantage et intimidation des victimes de Kelly, comme le révèle les médias américains Associated Press et Courthouse News Service.

L’homme de 55 ans leur promettait d’abord de les aider dans leur carrières musicales, souvent à l'occasion rencontres des fans avec leur idole. Lors du verdict, le parquet a d’ailleurs fustigé le chanteur de R&B pour s’être « servi de sa notoriété […] pour faire de jeunes, fragiles et sans-voix, ses proies à des fins de gratification sexuelle », et perpétrer des crimes en toute impunité. Selon le procureur Breon Peace, R. Kelly n’a eu « que du mépris pour ses crimes dévastateurs et aucun remord pour son comportement ». Le chanteur nie les faits depuis le début de la procédure pénale.

Neuf femmes et deux hommes l’ont accusé d’avoir abusé sexuellement d’elles et eux. Iels ont dénoncé des viols, des situations d’enfermement, des prises de drogues forcées, des faits de pédopornographie. Mercredi 29 juin, après le verdict, son avocate, Jennifer Bonjean, a assuré que son client allait faire appel et qu’il n'était « pas un monstre ».  

Un #MeToo pour les femmes noires aux Etats-Unis

Au début du procès en août 2021, le jugement de l’ancienne star mondiale avait marqué une étape majeure dans le mouvement #MeToo aux Etats-Unis. Ce procès avait été analysé comme le révélateur des crimes sexuels perpétrés dans la communauté afro-américaine. En effet, pour la première fois, une majorité des plaignantes étaient des femmes noires, accusant un artiste noir.

L’activiste politique afro-américaine Kenyette Barnes est à l’origine de la campagne de boycott contre le chanteur #MuteRKelly (« Faites taire R. Kelly »), lancée en 2017, la même année que le mouvement #MeToo s’est déclenché. Avec la condamnation de R. Kelly, la justice américaine a permis pour la première fois de donner un écho « au sang, à la sueur et aux larmes des femmes noires » que la société américaine ne voulait pas voir, a affirmé la lobbyiste américaine.

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