Certain·es d’entre elles et eux n’ont rien connu d’autre dans leur vie que les tentes insalubres de la prison à ciel ouvert d’al-Hol, camp du nord de la Syrie, où leur famille est détenue et où ils et elles sont né·es. Vingt mille enfants de quarante-cinq nationalités sont enfermé·es dans ce camp réservé aux jihadistes de l’état islamique (EI), dans la misère, la violence et l’indifférence. La France a stoppé ses rapatriements en juillet dernier.
À 12 ans, Ali a vécu des expériences qu’aucun enfant ne devrait connaître et a déjà passé la moitié de sa vie dans un camp réservé aux familles de jihadistes, une prison à ciel ouvert dans le désert syrien. Le gamin ne rêve même pas de liberté. Un ballon de football serait la Lune pour lui. “Vous en avez un pour moi ?”
Cinq ans après la chute du “califat” du groupe État islamique (EI), des dizaines de milliers de femmes et d’enfants proches de jihadistes sont détenu·es par les forces kurdes syriennes alliées des États-Unis dans des camps où règne la violence. Plus de 40 000 personnes, pour moitié des enfants, vivent dans celui d’al-Hol, dans le nord de la Syrie, entouré de barbelés et de tours de guet, apparemment sans plan de rapatriement en vue.
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Peu d’enfants vont à l’école et la plupart n’ont jamais vu de télévision ou mangé de glace. Ils et elles vivent les un·es sur les autres dans des tentes aux accès sanitaires limités. Selon un expert de l’ONU, dès l’âge de 11 ans, les garçons sont retirés à leur mère par les gardes du camp, en violation du droit international. Les autorités kurdes affirment que cette démarche vise à empêcher leur radicalisation. Elles admettent que les jihadistes contrôlent certaines parties du camp par la terreur, les châtiments, voire le meurtre. Même le petit Ali en est conscient : “Ils entrent dans les tentes la nuit et tuent les gens”, dit-il.
“Ce n’est pas une vie pour les enfants […], ils paient le prix de quelque chose qu’ils n’ont pas fait”, commente pour l’AFP un humanitaire. Lorsque la coalition internationale antijihadiste et ses alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) – dirigées par les Kurdes – ont pris Baghouz, le dernier bastion de l’EI en Syrie, en mars 2019, les familles de jihadistes présumé·es ont été transportées vers al-Hol. Cinq ans plus tard, des[…]