Reconnu par l’OMS depuis 2018, le lipœdème, aussi appelé “maladie des jambes poteaux”, ne l’est toujours pas par la Sécurité sociale. Une situation qui condamne les patientes à errer dans un désert médical entre silence, endettement et grossophobie.
Inès a passé sa vie à se dire qu’elle était grosse. Juste grosse. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, la jeune femme de 34 ans a toujours complexé sur son corps et surtout sur ses jambes, qui ont pris beaucoup de volume à la puberté. Et il n’y a pas que l’aspect physique. Il y a la douleur, de plus en plus présente ces dernières années. Difficile pour elle de marcher ou de tenir debout longtemps. Certaines nuits, il lui est presque impossible de dormir. Elle a consulté de multiples médecins et s’est heurtée aux mêmes conclusions – et à la sempiternelle grossophobie médicale : “Madame, si vous voulez perdre le gras de vos jambes, c’est très simple, il faut perdre du poids”.
Perdre du poids, Inès a bien essayé. Elle a enchaîné les rendez-vous chez des nutritionnistes, s’est mise au sport de façon intensive et s’est épuisée dans des régimes alimentaires draconiens. Mais rien n’a changé. Elle reste fine du haut du corps, mais ses jambes, elles, ne maigrissent pas. “La seule chose que ça m’a apporté, ce sont des troubles du comportement alimentaire, déplore-t-elle auprès de Causette. Je suis passée par l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie sans jamais perdre de poids au niveau des jambes.”
Après une énième consultation chez un angiologue, médecin spécialiste des vaisseaux sanguins, le diagnostic tombe un matin de juillet dernier. Inès n’est pas grosse, elle est malade. Elle souffre d’un lipœdème de stade 2. Aussi appelée “maladie[…]