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L'Andro-switch, l'anneau contraceptif thermique. © Capture d'écran site thoreme

Contraception mas­cu­line : Giovanni, 26 ans, raconte son expé­rience de l’anneau thermique

Encore relativement méconnu, l’Andro-switch commence petit à petit à se frayer un chemin parmi les moyens de contraception masculine. Giovanni*, 26 ans, qui porte l'anneau thermique depuis trois mois, a accepté de confier son expérience à Causette.

La pilule, le stérilet, l’implant, le patch… À voir la longue liste des moyens de contraception féminine, on se dit qu’il s’agit encore aujourd’hui d’une affaire de femmes. Pourtant, il existe bien du côté des hommes des moyens efficaces pour soulager la charge qu’elles sont nombreuses à assumer seules. Alors que le slip chauffant mis au point dans les années 1980 s’est démocratisé ces dernières années et que l’on attend toujours la pilule masculine, un autre moyen de contraception est apparu sur le marché il y a deux ans : l’Andro-switch, inventé par Maxime Labrit. C’est en réfléchissant avec sa compagne à une alternative contraceptive inspirée du slip chauffant que cet infirmier de profession imagine l’anneau, il y a cinq ans. Commercialisé en mai 2019, ce moyen contraceptif masculin permet – grâce à un simple anneau en silicone placé contre le pubis autour du pénis – la remontée mécanique des testicules dans le corps, la peau de ces dernières étant “coincée” dans l’anneau.

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Capture d'écran d'une vidéo explicative sur le site Thoreme

Comme son collègue le slip chauffant, l’anneau utilise donc la méthode thermique : les testicules désormais à la température du corps ne fabriquent plus assez de spermatozoïdes pour être fertiles. Une méthode fiable à 99 % selon son inventeur, mais aussi naturelle, indolore et ultraréversible. Pour mieux comprendre ce qu’est l’anneau contraceptif, Giovanni*, professeur d’EPS de 26 ans et qui le porte depuis trois mois, nous a raconté son expérience.

“Je suis sorti pendant trois ans avec Clara*. Quelques mois après le début de notre relation, on a fait le choix de faire les tests sérologiques pour arrêter le préservatif. Niveau contraception, elle prenait depuis longtemps une pilule moins dosée hormonalement que les autres mais aussi non remboursée par la Sécurité sociale. Tout de suite, j'ai décidé de partager les coûts de sa pilule. Je mettais aussi un réveil sur mon téléphone tous les soirs pour lui faire penser à la prendre. Pendant trois ans, ça m’a semblé complètement logique de l’aider dans la prise en charge de sa contraception et de la soulager, d’une certaine façon, de cette charge mentale. Après notre séparation, il y a trois ans, j’ai eu quelques histoires sans lendemain et d’autres qui ont duré quelques mois. Je mettais systématiquement un préservatif.

Et puis j’ai découvert il y a un an, un peu par hasard, la contraception masculine lors d’une discussion avec une très bonne amie. Même si à ce moment j’étais célibataire, j’avais envie de faire plus que partager simplement les coûts de la pilule de ma future copine ou de mettre un réveil : je lui parle donc de mon désir de m’engager davantage dans la contraception. Parce que même si je paie la moitié et que je l’aide à se rappeler de la prendre, je considère que c’est un sujet sur lequel les femmes et les hommes ne sont pas égaux. Alors si je peux agir et faire quelque chose à mon niveau pour que ça le devienne, je suis partant. Cette amie me parle alors des slips chauffants. Je trouve ça génial et décide de me renseigner pour m’en acheter un. Mon enthousiasme est vite douché quand je vois que le slip coûte 40 euros. À l’époque, je ne me vois pas dépenser presque 300 euros pour en avoir suffisamment pour une semaine, donc je laisse tomber l’idée. Et, comme je suis toujours célibataire, je mets de toute façon des préservatifs.

“Ça fait trois mois et cinq jours que je porte l'anneau tous les jours : je vais courir avec, je nage avec… en fait, je fais tout avec du réveil au coucher”

Puis, il y a huit mois, j’ai rencontré Sophie*. On met du temps à mettre le mot couple sur notre relation, mais très vite, ça devient exclusif entre nous. Sophie ne prend pas la pilule, car elle refuse d’ingérer des hormones, ce que je comprends tout à fait. On utilise seulement des préservatifs. Quelques mois après notre rencontre, je discute avec un pote qui est en couple depuis dix ans. On parle de sexualité et la discussion débouche sur la contraception. Il m’explique que sa copine a arrêté la pilule, car elle ne la supportait pas. Après avoir fouillé Internet pour trouver des solutions, il a découvert l’anneau contraceptif masculin, qu’il porte maintenant depuis un an. Je n’avais jamais entendu parler de cette méthode avant, donc je lui pose un tas de questions. La première, c’est : “Est-ce que c’est gênant au quotidien ?” Parce qu’immédiatement, je me dis que ça doit être sacrément handicapant à porter. Mon ami m’explique le principe et, surtout, il me rassure et me dit qu’il peut tout faire avec. C’est un électrochoc positif pour moi. Il m’envoie le lien vers le site du créateur de l’anneau thermique, Maxime Labrit.

Le site propose cinq tailles en fonction de la circonférence de la verge en érection. Je me retrouve pile entre deux tailles, j’envoie donc un mail au site pour être conseillé. J’étais un peu gêné, au départ, de discuter de la taille de mon pénis, mais je reçois direct une réponse hyper bienveillante qui achève de me mettre à l’aise et de me convaincre de l’utilité de l’achat. Je paie l’anneau thermique 37 euros. Ce qui me plaît, c’est que déjà l’anneau me revient moins cher qu’un slip chauffant, car il est réutilisable. Je n’ai pas besoin d’en acheter sept pour la semaine puisque je me lave tous les jours avec et je le nettoie donc en même temps.

Bon, les premières semaines je n’étais pas hyper à l’aise de le porter, c’était même un peu douloureux puisqu’il faut passer la peau des testicules dans l’anneau. Mais au bout d’un mois, je ne sentais même plus sa présence. Je suis prof d’EPS au collège et je pratique également énormément de sport dans mon quotidien, donc le confort, c’était pour moi un vrai défi. Il faut en effet le porter quinze heures par jour pour avoir un effet contraceptif au bout de trois mois d’utilisation. Défi relevé puisque ça fait trois mois et cinq jours que je le porte tous les jours : je vais courir avec, je nage avec… en fait, je fais tout avec, du réveil au coucher. Je dois juste l’enlever pour me masturber et pour faire l’amour. J’étais encore avec Sophie quand j’ai commandé et reçu l’anneau. Je ne lui en avais pas parlé parce qu’il fallait attendre trois mois pour pouvoir l’utiliser comme moyen de contraception efficace et qu’à l’époque, se projeter sur trois mois c’était un peu trop d’engagement pour nous deux. Et puis, je voulais aussi lui faire la surprise.

“Je vais continuer à porter l’anneau jusqu’à que je décide d’avoir des enfants ou que je fasse une vasectomie”

Malheureusement, elle m’a quitté il y a quelques semaines, avant que je puisse lui en parler. Ça n’a finalement rien changé pour moi. Parce que même si j’étais content de pouvoir partager ça avec elle, je l’ai avant tout fait pour moi. C’est une façon d’être maître de ma fertilité et de ma contraception. D’ailleurs, je pense que je l’aurais quand même acheté si j’avais été à l’époque célibataire. Maintenant, je dois prendre un rendez-vous chez un médecin généraliste pour qu’il me prescrive un spermogramme de façon à vérifier la quantité de spermatozoïdes et donc la fiabilité de l’anneau. La prescription est importante, car le spermogramme n’est pas remboursé et coûte environ 85 euros. C’est dommage, car peu de médecins connaissent l’anneau. Le médecin de mon pote qui porte l’anneau depuis un an refuse par exemple de lui en prescrire plus de deux par an alors qu’on doit en faire un tous les trois mois pour vérifier qu’on est bien contracepté.

Même si je suis célibataire aujourd’hui, je ne regrette absolument pas mon choix. C’est devenu une normalité de le porter : limite, quand je ne l’ai pas la nuit, je me sens pas bien. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’utiliser l’anneau dans le cadre d’une relation de couple, mais je comprendrais tout à fait la méfiance de ma copine sur le sujet. Si elle souhaitait continuer à prendre la pilule, je le comprendrais, mais je porterais quand même l’anneau. C’est complètement naturel et ultraréversible, il suffit de laisser passer un cycle de trois mois pour produire de nouveau un ensemble de spermatozoïdes suffisant pour être fertile. Je vais continuer à porter l’anneau jusqu’à que je décide d’avoir des enfants ou que je fasse une vasectomie. J’en parle librement autour de moi, que ce soit à mes copains ou mes copines. Pas forcément dans le but de les convaincre de s’y mettre, mais plutôt pour les informer qu’il existe aujourd’hui d’autres moyens de contraception que la pilule féminine.”

Pour en apprendre davantage sur l’Andro-switch, c'est par ici.

* Tous les prénoms ont été modifiés.

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