Couple at the Clinic
© Pavel Danilyuk

Bilan de fer­ti­li­té pour tous et toutes à 25 ans : vrai coup de pouce ou fausse bonne idée ?

Le gouvernement envisage un bilan de fertilité remboursé par la Sécu pour les femmes et les hommes de 25 ans, selon La Tribune Dimanche et France Inter. Une initiative louable, pour Virginie Rio, cofondatrice d’une association de patient·es en PMA et de personnes infertiles, mais pas dans n’importe quelles conditions.

Lors de sa conférence de presse, mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de relancer la natalité, notamment au travers d’un “grand plan” pour lutter contre le “fléau” de l’infertilité. Choquée par le vocabulaire militaire employé par le président, Virginie Rio, cofondatrice de l’association Collectif BAMP ! qui accompagne des patient·es en parcours de PMA (procréation médicalement assistée) et des personnes infertiles craint une “instrumentalisation politique” : “Il faut que le sujet de l’infertilité reste une question de santé publique et pas autre chose”. Elle alerte également sur la confusion entretenue, selon elle, par Emmanuel Macron entre infertilité et baisse de la natalité : “La chute de la natalité n’est pas liée à l’augmentation du nombre de personnes infertiles, rappelle-t-elle . Et ce ne sont pas les 28 000 enfants* nés d’une AMP [aide médicale à la procréation, ndlr] qui vont relever la courbe des naissances. Les gens font moins d’enfants pour de nombreux motifs socio-économiques : par inquiétudes personnelles, liées au climat, à l’emploi, à des difficultés sociales à trouver un travail ou à avoir un logement décent. Et c’est un tout autre sujet que celui de l’infertilité.”
La Tribune Dimanche a apporté, dimanche 21 janvier, des précisions sur ces mesures à venir contre l'infertilité : l'exécutif voudrait ainsi généraliser un examen gynécologique pour les femmes et un spermogramme pour les hommes, pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, à 25 ans, c'est à dire l'âge où les femmes sont les plus fertiles. Une proposition qui n'est pas nouvelle, selon Virginie Rio, puisqu'un rapport sur les causes de l'infertilité allant dans ce sens avait déjà été remis au gouvernement en 2022. Quant au bilan de fertilité, elle dit en approuver le principe tant que celui-ci n'est pas rendu obligatoire : "Cela peut être bien de recevoir une alerte systématique, à un âge donné, sur la fertilité, tant que l'on n'est pas obligé de faire ce bilan. Il est bon que cela existe et que les gens fassent ensuite le choix de s'en saisir ou pas."

Selon La Tribune Dimanche, l’entourage du président souhaite “créer un effet signal pour dire aux jeunes ‘Ne vous posez pas la question [de la fertilité] à 35 ans’”. Virginie Rio acquiesce : “À l’association, on reçoit des gens qui arrivent vers 30 ou 35 ans et qui découvrent que leur fertilité n’est pas à un niveau 100% toute leur vie.” Les informations de La Tribune Dimanche ont été confirmées par la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, sur le plateau de Questions politiques, dimanche sur France Inter. Celle-ci a déclaré : “En vérité, dans nos parcours de femmes, à quel moment on nous en a parlé, de cette question ? Dans les parcours d’hommes, à quel moment on en parle ? À qui on en parle ?” Virginie Rio relève un décalage dans la prévention, l’information et la prise en charge entre garçons et filles, hommes et femmes autour de la question de la santé sexuelle et de la fertilité : “Les garçons ne sont pas du tout engagés sur ce sujet-là. On casse la tête aux petites filles en leur disant : ‘Tu vas avoir tes règles, tu vas devoir aller chez le gynéco, attention aux maladies et à ne pas tomber enceinte’… Les garçons sont sur leur petit nuage, il n’y a aucune information. Il faut arrêter de faire peser cette charge mentale et ces injonctions uniquement sur les femmes.”
Des internautes ont été nombreux·euses à relever que ce bilan de fertilité allait engorger encore davantage les officines des gynécologues, déjà prises d’assaut. Une inquiétude confirmée par Virginie Rio : selon elle, “il faut aussi repenser l’organisation de l’offre de soin sur le territoire. Si l’on veut réellement proposer à des générations l’accès à un bilan, il faut des médecins qui sortent des écoles en plus grand nombre qu’actuellement”.
D’autres idées pour le futur “plan fertilité” sont également en cours de discussion au sein de l’exécutif, toujours selon La Tribune Dimanche, comme le renforcement de la lutte contre les perturbateurs endocriniens, le développement de la recherche sur la PMA ou encore l’ouverture de 100 000 places en crèche ou chez des assistantes maternelles d’ici à 2027 (rappelons qu’Élisabeth Borne avait, elle, annoncé en juin dernier 200 000 places en crèche d’ici à 2030). L’idée de disposer de jours de congé pour les couples en parcours PMA, comme certaines entreprises ont commencé à le faire, devrait aussi être “expertisée”.

* Selon les chiffres de l'Agence de biomédecine en 2021.

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.