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Les couloirs de l'hôpital de la Croix Rousse à Lyon © DR

À Lyon, la pre­mière consul­ta­tion pour les femmes aux règles abondantes

Lucia Rugeri, spécialiste des troubles de la coagulation à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, a eu l’idée d’ouvrir un hôpital de jour destinée aux femmes souffrant de règles abondantes. Interview.

Lucia Rugeri
Lucia Rugeri © DR

Causette : En France, combien de femmes ont des règles abondantes ?
L.R. : C’est difficile à dire car, à ma connaissance, il n’existe pas de données épidémiologiques sur ces troubles hémorragiques. En revanche, on sait qu’ils peuvent survenir ou disparaître - car ce n’est pas une pathologie linéaire - à toutes les périodes de la vie des femmes en âge de procréer. Pour savoir si on en souffre, il faut recourir au score de HIGHAM qui permet de quantifier si les règles sont abondantes dans la durée (plus de 7 jours) ou en quantité (perte de sang supérieure à 80 ml par jour, ou plus de 5 coupes menstruelles de taille moyenne remplies, ou plus de 5 tampons ou serviettes super plus utilisés).

Pourquoi est-il important de déterminer si on en souffre ?
L.R. : Tout d’abord, avoir des règles abondantes impacte la vie sociale et sexuelle des femmes. Cela entraîne aussi des conséquences sur leur santé, avec un risque d’anémie sévère liée à la baisse progressive des globules rouges. Lors de rares complications, on peut même être amené à transfuser une femme ayant perdu trop de sang. J’ai aussi constaté, lorsque je travaillais dans un centre de référence des troubles hémorragiques, que certaines femmes vivent avec des ménorragies [le nom scientifique des règles abondantes, ndlr] pendant des années, sans véritable solution lorsque leur médecin ne connaît pas bien les traitements disponibles.

Quels sont ces traitements ?
L.R. : Tout dépend des motifs de ces règles abondantes. Il peut s’agir de maladies gynécologiques physiques. Dans la majorité des cas, on constate des lésions bénignes de l’utérus, comme des fibromes ou des polypes. On peut envisager une intervention chirurgicale ou la prise d’hormones. Plus rarement, des règles abondantes peuvent révéler une adénomyose (ou endométriose intra-utérine). Dans ce cas, nous orientons la patiente vers un·e spécialiste. Les causes peuvent être aussi liées à des troubles de la coagulation, consécutifs à la prise d’un médicament anticoagulant ou à une pathologie héréditaire comme la maladie de Willebrand. Dans ses formes sévères, la probabilité d’avoir des règles abondantes est de 50 à 60 % et peut même être son premier mode d’expression quand elle ne s’est pas encore déclarée. À ces femmes, on propose des médicaments qui améliorent la coagulation. Dans un certain nombre de cas, on ne trouve aucune cause aux règles abondantes mais cela n’empêche pas de proposer un traitement symptomatique. La prise de fer permet par exemple de compenser les pertes sanguines.

Comment se passe la prise en charge dans la consultation lyonnaise ?
L.R. : Les prises en charge multidisciplinaires sont recommandées, notamment par la Haute Autorité de Santé, mais elles sont rarement mises en place dans les faits. C’est pourquoi je reçois en binôme avec Gaëlle Duliège, gynécologue médicale. Les patientes, munies d’une lettre de leur médecin (gynécologue, généraliste) ou de leur sage-femme, prennent rendez-vous en ligne et se voient proposer un rendez-vous de trois heures un vendredi après-midi. Elles font un bilan sanguin, passent une échographie de l’utérus et nous rencontrent toutes les deux. S’il existe des causes gynécologiques, on peut tout de suite poser le diagnostic. Nous recommandons des traitements et proposons de les revoir six mois après. L’idée est de trouver le traitement optimum pour chaque femme en fonction de son âge, de son désir éventuel de grossesse…

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