Féministe et engagée, la chanteuse qui s’est fait connaître en participant à The Voice creuse son sillon artistique avec un nouvel album prévu en mars. Et ce, malgré le cyberharcèlement quotidien qu’elle subit de la part de milliers de personnes grossophobes et antiféministes déterminées à – purement – l’empêcher d’exister.
Lorsqu’on lui demande comment elle tient face au torrent de haine qui l’assaille quotidiennement et qui en aurait découragé plus d’une, c’est une évocation de bataille navale collective qui vient aux lèvres de Mathilde. “Quand je perds pied et que j’oublie que je suis une femme forte, je me rappelle que mon rôle est d’être à la proue du navire de tête. Dans l’incroyable flotte de navires que nous sommes avec ma communauté, il y a des gens qui agissent dans l’ombre comme des sous-marins, d’autres qui sont des réservistes, là en soutien. Moi, j’opère comme brise-glace, cela fait partie de mon caractère, il n’y a pas de problème”, déroule-t-elle à Causette. L’image est à la hauteur du parcours artistique de la chanteuse aux plus de 60 000 abonné·es Instagram, qui met la puissance de sa voix au service d’une “pop à textes” : depuis qu’elle a été révélée par la saison 4 de The Voice en 2015, Mathilde essuie des moqueries grossophobes et un harcèlement constant de milliers d’internautes en raison de ses prises de position féministes et intersectionnelles.
Rien ne les arrête. Regroupé·es dans un groupe Facebook dédié à leur obsession pour l’autrice-compositrice-interprète de bientôt 40 ans, quatre mille personnes s’esclaffent chaque jour depuis décembre 2022 autour de détournements dégradants de l’image de Mathilde, qu’ils surnomment “Fathilde” ou “Grathilde”. Le nom de ce groupe Facebook : “Neurchi [verlan de ‘chineur’, ndlr] de sororité envers les sœurs captives en sucre fin et sans sel”, au croisement de leur détestation envers les personnes grosses et les féministes. Comme souvent dans les phénomènes de haine en ligne, le sentiment d’impunité est tel que nombreux·euses sont ces hater·euses qui diffusent ces contenus insultants en affichant leurs noms. En avril 2023, ce groupe avait fait l’objet d’une enquête de Numerama qui montrait qu’au-delà de quelques leaders masculinistes et proches des idées d’extrême droite, le groupe rassemblait surtout Monsieur et Madame Tout-le-Monde : “Un jeune papa qui diffuse des photos de son enfant, un membre des forces de l’ordre de Belgique, un autre encore qui affiche son soutien à la lutte contre le cancer du sein, ou bien un internaute qui déplore la mort de[…]