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Un buste de Marianne © Flickr

#MeTooPolitique : en cette veille de légis­la­tives, la grande cause du quin­quen­nat se trans­forme en « cause toujours »

ÉDITO. Ce dimanche 12 juin, les électeur·rices sont appelé·es aux urnes pour élire leurs représentant·es à l’Assemblée nationale. Grâce au pointilleux travail de veille de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, on sait que parmi les candidat·es, neuf sont accusés par des femmes ou des hommes de harcèlement sexuel, de viol, d’abus de confiance ou de faiblesse : Damien Abad (ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées), Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur), Yves Blein (député LREM), Gilles Legendre (député LREM), Stéphane Trompille (député ex-LREM), Benoît Simian (député ex-LREM) Bruno Bilde (député Rassemblement national), Thierry Robert (ex-Modem), Éric Zemmour (Reconquête). Leur situation, à ce stade : un d’entre eux a été signalé à la justice par une tiers (Gilles Legendre), deux ont fait l’objet d’une plainte classée ou ont obtenu un non-lieu (Damien Abad, Gérald Darmanin), un est visé par une enquête préliminaire (Yves Blein), un a été jugé pour des faits de violences conjugales avec délibéré en attente (Benoît Simian) et deux de ces hommes ont même été condamnés : Thierry Robert et Stéphane Trompille.

À l’inverse, le 10 mai, le journaliste Taha Bouhafs renonçait à sa candidature au sein de l’alliance Nupes après que la cellule d’écoute des femmes de la France insoumise a recueilli des témoignages l’accusant de violences sexuelles. La majorité était, une semaine plus tard, contrainte devant le tollé de renoncer à la candidature de Jérôme Peyrat, condamné pour violences conjugales.

Lire aussi l Législatives : l'« honnête homme » Jérôme Peyrat, condamné pour violences conjugales, renonce à sa candidature

Si l’on constate que la gauche se sent désormais tenue de mettre en œuvre ses principes quant au respect de la parole des victimes, et si l’on écarte les candidatures indépendantes de députés grillés qui perdent le soutien de leurs partis après leurs ennuis judiciaires (Simian, Robert), on peut observer que l’extrême droite se lave les mains de ces accusations (cas Bilde et Zemmour) et que Renaissance (nouveau nom de LREM) marche sur une périlleuse ligne de crête.

Interpellé une nouvelle fois sur le sujet par une lycéenne en marge d'un déplacement dans le Tarn, le président de la République a, le 9 juin, à nouveau dégainé la carte de la présomption d'innocence.

En nous jouant le coup de la résistance face au tribunal médiatique, Emmanuel Macron se pose en garant de l'État de droit : Stéphane Trompille, reconnu coupable de harcèlement sexuel à l'encontre d'une collaboratrice par un tribunal en mai 2020, a été lâché en rase campagne par la majorité.

Mais cette ligne judiciaire suscite la colère de nombreuses féministes, qui considèrent qu'entre l'affichage d'une grande cause du quinquennat renouvelée en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes et la concrétisation de ces valeurs, le fossé a tout du mépris. N'y-a-t-il pas, s'insurgent-elles, d'autres profils plus intéressants à nommer ministres ou à investir d'une candidature qu'un homme soupçonné de violences envers les femmes ?

Nos institutions se sont dotées de nombreux gardes-fous pour prévenir les affaires financières ou de conflits d'intérêts d'élu·es ou de membres de gouvernement. Pas plus tard que cette semaine, on a appris que Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, serait interdit de gérer les dossiers liés à Google, sa femme étant salariée de la firme. Un principe de précaution. S'il est compliqué d'interdire Darmanin ou Abad de travailler avec des femmes au sein des ministères pour se prémunir de potentiels délits, ne peut-on pas les remplacer par des personnes qui n'ont jamais fait l'objet d'enquêtes journalistiques précises et rigoureuses ?

Lire aussi l #MeTooPolitique : des mili­tantes fémi­nistes pla­cardent les per­ma­nences de quatre can­di­dats Renaissance aux législatives

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