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Claire Nouvian : une loi euro­péenne sur la res­tau­ra­tion de la nature « un peu calamiteuse »

Mercredi, les eurodéputé·es ont voté en faveur de la loi européenne sur la restauration de la nature. Si c'est un pas de plus vers la protection de la biodiversité, pour Claire Nouvian, militante écologiste et fondatrice de l'association Bloom qui lutte pour la protection des océans, tout reste encore à faire.

« Ça a été Verdun pour en arriver là ! Je n'ai jamais vu le parlement sous tension comme ça. » La réaction de Claire Nouvian, recueillie par Causette, en dit long sur la séance du vote de la loi européenne sur la restauration de la nature. Des débats vifs qui se sont ressentis lors du vote : avec 336 voix « pour », 300 « contre » et 13 abstentions, les eurodéputé·es ont adopté de justesse, mercredi 12 juillet, la loi visant à restaurer les écosystèmes. Proposée mi-2022 par Bruxelles, cette législation impose aux États de l'UE des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l'exploitation intensive afin de préserver la biodiversité.

Inscrite dans la lignée de l'accord de la COP 15 à Montréal, la loi était pourtant loin d'être adoptée. Et pour cause, la droite, l'extrême droite ont tout fait pour supprimer l'intégralité du projet de loi. Pour les député·es du Parti populaire européen (PPE) par exemple, ce projet de loi était « nuisible à la production agricole et à l’activité économique ». Face à ce blocage, le texte a reçu le soutien de plus de 3 000 scientifiques qui ont expliqué que « les plus grandes menaces pour la sécurité alimentaire étaient le changement climatique et la dégradation de la nature ». « Il a fallu la mobilisation de milliers de personnes pour que cette loi soit adoptée », souligne d'ailleurs la militante écologiste Claire Nouvian.

Une victoire amère pour la biodiversité ?

Après l'adoption de la loi, les vingt-sept pays membres de l'Union européenne vont désormais devoir instaurer, d’ici 2030, des mesures de restauration sur 20 % des terres et espaces maritimes à l’échelle de l’UE, puis d’ici 2050 sur l’ensemble des zones qui le nécessitent. Selon un rapport de l'Agence européenne de l'Environnement (AEE) publié en 2020, 80 % des habitats naturels dans l’UE sont dans un état de conservation « mauvais ou médiocre », et jusqu’à 70 % des sols sont en mauvaise santé. Cependant, il serait risqué de crier victoire pour la biodiversité, prévient Claire Nouvian : « Certes les objectifs de restauration ont été adoptés mais dans le fond cette loi est un peu calamiteuse, déplore Claire Nouvian. Aucune mesure de protection immédiate pour protéger les océans et les pêcheurs n'a été votée

Le barrage des élu·es de droite et d'extrême droite, soutenu·es par les groupes industriels et agricoles, a en effet provoqué des modifications du texte de loi. Conséquences : des mesures importantes comme celles qui concernent la protection des aires marines sont tombées à l'eau. « Ces mesures auraient permis la création de vraies aires marines protégées et l'interdiction des méthodes de pêche destructrices dans ces zones-là », déplore la fondatrice de l'association Bloom. « En France [ Le pays qui possède la plus grande superficie maritime au monde, ndlr], seulement 4 % de notre espace maritime est vraiment protégé. En France métropolitaine, on est à moins de 0,1 % ! » ajoute-t-elle. Même si Claire Nouvian reste partagée concernant cette loi européenne, elle estime tout de même qu’elle constitue « un pas vers la biodiversité pour la régénération des écosystèmes ».

Après l'adoption par le Parlement puis par le Conseil européen, le projet de loi sera prochainement discuté lors de trilogues (réunions tripartites informelles sur des propositions législatives).

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