La ter­rine de Beauvoir

1. Mise dans l’ambiance 

De retour du mar­ché, met­tez dans l’eau les bou­tons de rose que vous avez reçus de la part des commerçant·es de votre rue ou des candidat·es aux muni­ci­pales, qui semblent une fois de plus avoir confon­du cette jour­née avec la Saint-​Valentin. Puis, faites bouillir un litre d’eau pour le futur bain-​marie, pré­chauf­fez le four à 180 °C et sor­tez un saladier.

2. Préparation de la terrine

Séparez les blancs des jaunes que vous met­trez direc­te­ment dans votre robot-​mixeur. Dans le sala­dier, mon­tez les blancs en neige. Dans le robot, ajou­tez la crème, le sau­mon cou­pé en très gros cubes, les baies roses pilées gros­siè­re­ment, la farine, salez, poi­vrez. Mixez le tout pro­gres­si­ve­ment par à‑coups : l’ensemble doit être har­mo­nieu­se­ment mélan­gé, mais le sau­mon doit res­ter en petits bouts sans être en purée. Versez le tout dans le sala­dier afin d’y incor­po­rer déli­ca­te­ment les blancs. Rectifiez l’assaisonnement.

3. Cuisson

Chemisez un plat à cake de papier sul­fu­ri­sé, ver­sez la pré­pa­ra­tion et faites cuire au bain-​marie au four pen­dant 30 minutes. Lavez le robot-​mixeur pour le réuti­li­ser dans la foulée.

4. Préparation du condi­ment de betterave

Mixez la bet­te­rave, l’échalote cise­lée avec l’huile d’olive, la crème fleu­rette, le sel et le poivre jusqu’à ce que le mélange soit bien lisse. Réservez au frais. Au bout de 30 minutes, sor­tez la ter­rine du four et réfrigérez-​la au moins 3 heures, soit lar­ge­ment le temps d’aller hono­rer l’offre spé­ciale épi­la­tion sour­cils offerte par votre ins­ti­tut. Car, en ce jour béni qui est le vôtre, il est de bon ton de res­ter belle. Et même si ce gigan­tesque mal­en­ten­du vous donne de l’urticaire, une épi­la­tion gra­tos c’est tou­jours ça de pris.

5. Dégustation

C’était vrai­ment l’éclate, cette jour­née ! Vous avez pleu­ré comme une urne pour vous retrou­ver avec les sour­cils de Kim Kardashian, de l’eczéma sur le front et des fleurs sans odeur qui n’écloront jamais, car elles ont été conge­lées pour pou­voir tra­ver­ser la pla­nète. Et comme à peu près tous les jours de l’année, au final, vous vous êtes col­ti­né le mar­ché, la cui­sine et la vais­selle. Alors, pour conju­rer le sort, annu­lez le dîner ini­tia­le­ment pré­vu. Plantez vos convives. Et dégus­tez votre ter­rine spé­ciale 8 mars en solo, votre chat sur les genoux, une flûte de cham­pagne à la main, en reli­sant avec délec­ta­tion Le Deuxième Sexe. Car la Journée inter­na­tio­nale des droits des femmes, ce n’est pas Noël, encore moins la fête des Mères.