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« I know Victoria’s Secret » : le tube de la chan­teuse amé­ri­caine Jax qui dénonce les dik­tats de beau­té de la marque de lingerie

« Je connais le secret de Victoria... Elle a été créée par un gars. » La chanteuse et influenceuse américaine Jax épingle dans une chanson joyeuse et addictive, les diktats physiques imposés par la marque de lingerie Victoria’s Secret à des générations d’adolescentes et de pré-adolescentes.

Avec plus de 35 millions de vues sur Tik Tok en à peine quelques jours, on peut dire que la vidéo de Jackie Miskanic est devenue virale. Plus connue sur la plateforme sous le pseudo Jax, la chanteuse et influenceuse américaine de 26 ans a organisé mi-juillet un flashmob devant une boutique américaine de la chaîne Victoria’s Secret pour dénoncer les normes physiques dangereuses mises en avant par la marque de lingerie depuis les années 90.

@jaxwritessongs

I wrote a song called Victoria’s Secret and I always wanted to be part of a Flash Mob. 👯‍♀️👯‍♀️ 👙 🤫 #victoriassecret #flashmob #bodypositivity #foryou

♬ Victoria’s Secret - Jax

« Je connais le secret de Victoria », débute le refrain sur un air folk entraînant. Victoria's Secret donc, marque célèbre pour ses « Anges » défilant en strings et soutiens-gorge incrustés de diamants. Des mannequins aux mensurations impérieuses, hypersexualisées sur les podiums pour répondre à des fantasmes essentiellement masculins. Une image du corps féminin biaisée, fabriquée et portée par la marque qui a impacté la vision et l’estime de générations d’adolescentes dont a fait partie Jackie Miskanic. « J’aurais aimé que quelqu’un me le dise / Quand j’étais plus jeune que tous les corps ne sont pas les mêmes / Photoshop, modèles très minces sur les couvertures des magazines / Ils m’ont dit que j’étais en surpoids », dénonce Jax dans cette chanson complètement addictive, qui s’adresse aux futures générations.

C’est d’ailleurs pour Chelsea, l’adolescente de 13 ans qu’elle garde, que Jax a d'abord imaginé ces paroles. Quelques jours avant le flashmob, Chelsea s’est confiée à sa babysitter : alors qu’elle essayait un maillot de bain dans une boutique Victoria’s Secret, un ami lui a asséné qu’il la rendait « trop grosse et trop plate ». Jackie Miskanic, qui a elle-même souffert de troubles alimentaires plus jeune, en raison d’images de mannequins toujours plus minces, s'est donc décidée à dénoncer en chanson celui qui a choisi de bâtir un empire sur les injonctions féminines.

Car derrière le « secret de Victoria », il y a un homme. « C’est un vieil homme qui vit dans l’Ohio / Qui fait de l’argent avec des filles comme moi / Qui spécule sur des problèmes de poids / Qui vend de la peau sur des os avec des gros seins / Je connais le secret de Victoria... Elle a été créée par un gars », chante Jax. Une rapide recherche sur Google nous apprend que ce vieil homme qui vit dans l’Ohio est Leslie Wexner, 83 ans, qui a repris Victoria’s Secret en 1982. Rapidement, il transforme l’affaire en empire pour en faire la marque de lingerie au succès planétaire que l’on connaît aujourd’hui.

Liens avec Jeffrey Epstein 

Au-delà d’avoir mis en place une entreprise basée sur la sexualisation des corps féminins, le milliardaire a surtout vu son nom ressortir au moment d’une sordide affaire de crimes sexuels : l’affaire Epstein. « Jeffrey Epstein a eu le contrôle de la fortune Wexner, pendant dix-sept ans, à partir de la fin des années 1980 », affirme le journaliste d’investigation de Vanity Fair, Gabe Sherman, dans les colonnes de Madame Figaro en 2021. « L’argent que générait Victoria’s Secret, c’est précisément ce qui a financé les trafics sexuels d’Epstein. C’est la dernière pièce du puzzle de l’affaire Epstein », poursuit Gabe Sherman.

Les liens entre le criminel sexuel et le Leslie Wexner semblent donc sinueux. Pour Vanessa Grigoriadis, coauteure du podcast Fallen Angel sur la culture sexiste établie par Victoria’s Secret, la marque de lingerie a influencé le rapport des Américaines à leur sexualité en contribuant notamment à la sexualisation des adolescentes et des pré-adolescentes. En témoigne la marque dérivée PINK, lancée en 2002, à destination des teenagers. 

Virage inclusif ? 

Depuis les révélations des liens entre Wexner et Epstein, la marque a annoncé s’être séparée de Leslie Wexner en mars 2021. Le mois suivant, elle entame sa rédemption en commercialisant pour la première fois un soutien-gorge de maternité, et surtout, elle dit en avoir fini avec ses Anges taillées pour le male gaze. À leur place, elle lance « VS Collective » avec des égéries pas forcément mannequins : on y compte la footballeuse Megan Rapinoe, la modèle grande taille Paloma Elsesser ou encore la mannequin trans Valentina Sampaio.

Si la marque semble vouloir changer son image, il faudra encore du chemin pour qu’elle évolue dans l’imaginaire collectif. En témoignent les histoires personnelles de Jax et de Chelsea, semblables à une décennie d’écart. « Je connais le secret de Victoria / Elle n’a jamais été faite pour moi et toi », conclut d’ailleurs l'irrésistible tube de Jax.

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