Expulsé le 1er mars 2022 du cinéma parisien qu'il occupait depuis deux ans et demi, le collectif La Clef Revival est aujourd'hui en passe de le racheter, après avoir signé mercredi un compromis avec le propriétaire du lieu, le CSE de la Caisse d’Épargne Île-de-France.
Pendant deux ans et demi, le collectif La Clef Revival a occupé le cinéma du même nom, situé dans le Quartier latin depuis 1973, pour empêcher sa fermeture et sa reprise par le Groupe SOS. Expulsé le 1er mars 2022, ce lieu qui promeut une certaine vision du cinéma, engagé et international, est néanmoins aujourd'hui en passe de le racheter, après que la structure associative pressentie a retiré son offre d'achat : il a signé mercredi un compromis avec le propriétaire du lieu, le CSE de la Caisse d’Épargne Île-de-France.
« On y est presque », écrit le collectif sur son site internet, indiquant être tombé d'accord avec le propriétaire sur le prix de 2,9 millions. En s'appuyant sur un prêt bancaire, du mécénat et une campagne de crowdfunding, La Clef Revival a déjà réuni 80% de cette somme, et leur reste donc à trouver 600.000 euros. Pour ce faire, il a relancé sa cagnotte en ligne et cherche encore des mécènes.
« Chaque don compte, quel que soit son montant, affirme le collectif. Tout don est défiscalisable à hauteur de 66% pour les particuliers et de 60% pour les entreprises. Ces contributions sont désintéressés : mécènes et donateurs n’auront aucun pouvoir de décision sur le projet à venir, ce qui assure l’indépendance de l’association usagère. »
Soutien d'Agnès Jaoui, Léos Carax et… Martin Scorsese
La Clef Revival a occupé ce cinéma, le dernier associatif de Paris, de septembre 2019 à mars 2022. Au cours de cette occupation, il a notamment reçu le soutien d'Agnès Jaoui, Léos Carax et Mathieu Amalric, venu·es présenter des films pendant l’occupation. Récemment ces dernie·ères ont apporté leur soutien en contribuant au fonds de dotation.
Dans les colonnes de Libération mercredi, c'est, plus surprenant, le réalisateur américain Martin Scorsese qui affirme soutenir « pleinement et fermement l’effort du collectif pour acheter le bâtiment et ainsi maintenir le cinéma en activité ». « En matière de cinéma, nous avons tendance à prendre trop de choses pour acquises, poursuit-il. À une époque, nous avons présumé que quelqu’un s’occupait des copies argentiques des films et de leurs éléments de conservation. Et soudain, nous avons découvert que ce n’était pas vraiment le cas. Nous avons compris qu’il fallait nous rassembler, coordonner nos efforts et sensibiliser tous les cinéastes et amateurs de cinéma. »
« Tous et toutes, on peut arriver à acheter ce cinéma mythique », conclut La Clef Revival, qui promet de faire du lieu « un bien commun » et « une maison ouverte pour le cinéma ».
