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© capture écran Facebook | Rumba, Chien d'Assistance Judiciaire, Gendarmerie de Vannes

À la gen­dar­me­rie de Vannes, une chienne aide à recueillir la parole des jeunes victimes

Depuis un an, la chienne Rumba a pris ses quartiers à la gendarmerie de Vannes, dans le Morbihan, où elle accompagne les mineur·es victimes de violences intrafamiliales ou sexuelles lors de leurs auditions. Une première en France.

Des posters de Harry Potter, des peluches et dans un coin, le coussin de Rumba avec sa balle : le bureau de Muriel Gallard, cheffe de la cellule de protection des familles, détonne. Tout comme l’ensemble du service où sont auditionné·es des enfants “pour des faits graves, des violences intrafamiliales ou à caractère sexuel”, indique l’adjudante. L’exercice est délicat à la fois pour l’enfant, “il ne nous connaît pas, ne connaît pas les lieux et doit nous parler de la chose la plus terrible qui lui soit arrivée”, mais aussi pour l’enquêteur·rice car il·elle doit “très rapidement établir un lien de confiance pour amener l’enfant à se confier”, explique-t-elle.
Quand Muriel Gallard découvre l’existence de chiens d’assistance judiciaire pour accompagner des victimes mineures dans des tribunaux, elle décide de faire de même dès le début de l’enquête. Depuis novembre 2022, la golden retriever “a accompagné plus de cent cinquante personnes lors de leurs dépositions, parmi eux cent deux enfants”, comptabilise l’adjudante.
Ce jour-là, deux fillettes de 8 et 9 ans, accompagnées de leur père, viennent à la gendarmerie. Il et elles sont accueilli·es dès le portail par Rumba, vêtue de sa cape bleue de travail. La chienne de 3 ans les suit dans la salle d’accueil et s’installe avec les petites filles sur un canapé, l’occasion de quelques caresses et d’une mise en confiance avant leurs auditions. “C’est une bonne méthode, ça rassure les enfants”, salue le père, qui raconte que ses filles étaient inquiètes à l’idée de parler à des gendarmes. Pour les tranquilliser, il leur a montré des photos de Rumba, qui s’affiche sur les réseaux sociaux. Elles sont venues “avec l’envie de rencontrer la chienne”, poursuit-il. “Elle est douce et elle est belle”, décrit l’une des fillettes en caressant Rumba après l’audition.

Deux ans de formation

Ce sont des interactions libres, tout ce que je demande à la chienne, c’est de rester à côté de la victime”, complète Muriel Gallard. Rumba donne accès à des enfants qui, sans l’animal, ne seraient pas venu·es à l’audition et a aussi permis, dans des cas de “réels blocages […], à l’enfant de trouver en lui les ressources nécessaires” pour raconter son histoire, assure l’enquêtrice. Le canidé apporte aussi du réconfort aux parents, comme en témoigne la mère d’un petit garçon de 4 ans auditionné quelques jours plus tôt. “J’étais très émue et Rumba a posé sa tête sur mes genoux, je l’ai caressée, ça m’a fait du bien”, confie-t-elle.
Démocratiser la présence de tel·les chien·nes, en s’inspirant d’initiatives pionnières aux États-Unis, ne se fait pas du jour au lendemain. Concernant les tribunaux, vingt et une chien·nes sont actuellement en exercice, avec l’objectif d’en déployer vingt supplémentaires par an.
Il faut compter environ deux ans pour former un chien, pour un coût de 17 000 euros. Les chiens d’assistance judiciaire doivent aimer “rester au contact de l’humain” pendant de longs moments et être capables de gérer des émotions fortes, détaille Stéphanie Gachet, qui a éduqué Rumba au centre de Saint-Brandan (Côtes-d’Armor) de l’association Handi’chiens, seule habilitée en France à former des chiens d’assistance judiciaire.
L’initiative est présentée ce mardi, dans le cadre du salon Agir, qui présente des
innovations en gendarmerie. Elle pourrait être dupliquée dans d’autres gendarmeries mais nécessite “un investissement lourd”, selon le lieutenant-colonel William Mialon. “Il faut un gendarme prêt à s’engager professionnellement et personnellement” pour vivre avec l’animal et s’en occuper “comme un animal de compagnie”, mais aussi “trouver le budget pour la prise en charge du chien”, sa nourriture, les frais vétérinaires, ainsi que la formation du ou de la gendarme référent·e, détaille Muriel Gallard. Dans son cas, des associations couvrent ces frais.
Depuis mai, Rumba n’est plus seule à aider les gendarmes à recueillir la parole de jeunes victimes. Son demi-frère a rejoint la maison de protection des familles à Arras (Nord).

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