Elles ont une voix qu’on écoute peu, surtout lorsqu’il s’agit de culture. Parce qu’elles sont femmes, de banlieue. Parce que certaines parlent avec un accent et que d’autres portent le voile. Des habitantes de Clichy-sous-Bois ont donc décidé de se faire entendre, en clamant haut et fort des critiques de théâtre.
La troupe vient à peine de saluer qu’assise dans son fauteuil, Fouzia clame posément un jugement assumé : « La première partie transmet vraiment la douleur du personnage, car elle questionne les liens du sang, les relations familiales. Que l’actrice soit seule sur scène entourée de musiciens renforce l’isolement de son personnage face à la société. Mais le texte de la seconde est trop décousu pour qu’on entre dans l’histoire. » En dépit de la justesse de son commentaire, Fouzia n’est pas une chroniqueuse professionnelle livrant sa critique aux auditeurs d’une émission radio. Cette femme au bagou ravageur comme les six autres qui l’accompagnent en cette soirée de novembre à la MC93 (Bobigny), sont des Clameuses. Un collectif de trente Clichoises qui, depuis 2019, arpentent les théâtres à la recherche de spectacles pour les critiquer via des podcasts et en programmer certains dans leur ville.

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