Militant de la lutte contre le sida, le Dr Kpote intervient depuis une trentaine d’années dans les lycées et centres d’apprentissage d’Île-de-France comme “animateur de prévention”. Il rencontre des dizaines de jeunes avec lesquels il échange sur la sexualité et les conduites addictives.

2030. Lycée Christiane-Taubira dans l’Essonne. Devant les grilles, je me laisse scanner l’iris par le RQG2 de reconnaissance biométrique d’astreinte ce matin-là. Comme cela a été préconisé par le Haut Conseil de la surveillance des ados, le robot me livre, grâce au logiciel de synthèse vocale Booba Inc., le bulletin épidémiologique local : « Bonjour, Dr Kpote, l’infirmière vous attend. Nous avons recensé ce mois-ci deux nouveaux cas de VIH, six hépatites E et une dizaine de blennorragies. Une vingtaine de grossesses non prévues sont à déplorer, dont trois sans suivi. Il faut que vous donniez la priorité, dans vos interventions, aux moyens de protection. Veuillez rappeler aux jeunes que la loi sur l’IVG a changé et que, désormais, il faut un tuteur élu pour y accéder. Bonne journée. – Merci de m’apprendre mon métier, Mister Robot », lui ai-je répondu. « “À déplorer” ? Voilà qu’ils fabriquent des machines moralisatrices, maintenant ! Avec des mocassins à gland et un pull sur les épaules, ce putain d’androïde[…]