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Sept vic­times racontent les souf­frances de l'inceste dans le docu­men­taire "Inceste, le dire et l'entendre"

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Carolane, 17 ans. ©France 3

Soirée spé­ciale sur France 3 ce lun­di : après le film Un amour impos­sible de Catherine Corsini, la chaîne dif­fu­se­ra le docu­men­taire inédit d'Andréa Rawlins-​Gaston, Inceste, le dire et l’entendre, avec sept témoi­gnages extrê­me­ment forts, dont celui de l’actrice Corinne Masiero.

« Soyez prêts à écou­ter, même si ça fait peur. On l’a vécu, vous pou­vez l’entendre. » Dès les pre­mières minutes du docu­men­taire Inceste, le dire et l’entendre, Carolane, 17 ans, nous inter­pelle col­lec­ti­ve­ment. Depuis le défer­le­ment du hash­tag #MeTooInceste en jan­vier 2021 dans le sillage de l’affaire Duhamel, la parole des vic­times de vio­lences sexuelles intra­fa­mi­liales se libère. Leurs his­toires illus­trent des chiffres ver­ti­gi­neux. Parmi les 16 414 témoi­gnages de vio­lences sexuelles subies dans l’enfance récol­tés en un an par la Commission indé­pen­dante sur l’inceste et les vio­lences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), 81 % concernent des vio­lences subies dans l’entourage familial.

Mais une parole qui se libère n’est pas sys­té­ma­ti­que­ment une parole qu’on écoute. C’est donc dans ce but que France 3 pro­gramme ce soir une soi­rée spé­ciale consa­crée au tabou de l’inceste. A 21h, la chaîne dif­fu­se­ra le film Un amour impos­sible, de Catherine Corsini, adap­ta­tion forte du roman épo­nyme de Christine Angot sur le poi­son de l’inceste et la dif­fi­cul­té d’en par­ler. Une œuvre sui­vie à 23h10 de l'émission Infrarouge, qui pro­pose le docu­men­taire inédit d’Andréa Rawlins-​Gaston, Inceste, le dire et l’entendre

Lire aus­si I "Un amour impos­sible", le récit d'une mère face à l'inceste

En fil­mant sept per­sonnes, vic­times de vio­lences sexuelles dans leur enfance, Andréa Rawlins-​Gaston met des mots sur un fléau struc­tu­rel et mas­sif dans notre socié­té. Pour rap­pel, selon un son­dage réa­li­sé en 2020 par l’Ipsos pour l’association Face à l’inceste, un·e Français·e sur dix dit être vic­time ou avoir été vic­time de pré­da­tion sexuelle de la part·e d’un·membre de leur famille. Cela repré­sente presque sept mil­lions de per­sonnes. Et der­rière ces chiffres colos­saux, il y a des visages. 

Comme Carolane, ils sont donc six – cinq femmes et un homme – à racon­ter, à visage décou­vert devant la camé­ra, la réa­li­té crue de l’inceste dont ils ont été vic­times enfants, par un père, un cou­sin, un grand-​frère ou un grand-​père. Autant de per­sonnes dévas­tées dont Andréa Rawlins-​Gaston a obte­nu la confiance. La réa­li­sa­trice a d’ailleurs fait le choix de ne pas inter­vie­wer d’expert·e, seules les vic­times racontent leur souf­france. Une manière intime, puis­sante et réus­sie de par­ler de l’inceste. 

Lire aus­si I Rapport Ciivise : 16 414 témoi­gnages racontent la souf­france conti­nue des vic­times de vio­lence sexuelle dans l'enfance

Parmi ces sept voix, celles d’inconnues sur­tout mais aus­si de per­son­na­li­tés publiques. Loubnia Méliane, femme poli­tique, porte-​parole de Génération éco­lo­gie, témoi­gnage ain­si des nom­breux viols qu’elle a subi petite par son père. Ou encore l'actrice Corinne Masiero, qui a d'ailleurs témoi­gné pour la pre­mière fois de l’inceste qu’elle avait subi à l’âge de huit ans au micro de France Inter, lun­di 19 sep­tembre. « Ce qui tue c’est le silence, de ne pas dire, de ne pas pou­voir dire. Tu res­sens qu’il faut fer­mer sa gueule. Faut pas tou­cher à la sacro-​sainte famille », dénonce l’actrice face à la caméra.

Rien n’est édul­co­ré ici, et sur­tout pas l'image de l'institution fami­liale. De la des­crip­tion pré­cise des vio­lences au cata­clysme psy­chique et phy­sique qu’elles entraînent, en pas­sant par le silence des adultes mal­gré les signaux envoyés, tout est dit. Ces femmes et ces hommes décryptent la culpa­bi­li­té, les méca­nismes d’amnésie trau­ma­tique puis les consé­quences dévas­ta­trices de l'inceste : dépres­sions, fugue, idées sui­ci­daires, décro­chage sco­laire, addic­tions et prostitution.

Des témoi­gnages puis­sants par­fois insou­te­nables mais néces­saires pour per­mettre à la socié­té d’opérer enfin une révo­lu­tion de l'écoute sur les vio­lences intra­fa­mi­liales. Car le rap­port de la Ciivise publié mer­cre­di der­nier le rap­pelle : les consé­quences de ces vio­lences s’immiscent par­tout. Dans toutes les sphères et tous les pans de l’existence d’une victime. 

Inceste : le dire et l’entendre, d'Andréa Rawlins-​Gaston, 2022, 1h23. Un docu­men­taire à voir sur France 3 le lun­di 26 sep­tembre à 23h10 puis en replay sur France.TV. 

lire aus­si I Inceste : « C'est sous cou­vert d'amour qu'on t'agresse », témoigne Corinne Masiero

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