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Meurtre d’Alexia Fouillot : le pro­cès de son époux, Jonathann Daval s’ouvre à Vesoul

Mise à jour du 21/11/20 : Samedi 21 novembre, au terme de six jours de procès, Jonathann Daval a été jugé coupable du meurtre de son épouse, Alexia. Il est condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle, une peine moins lourde que la perpétuité requise par l'avocat général. Isabelle Fouillot, la maman de la victime, a salué « une très bonne décision à la hauteur de [leur] souffrance. » « C'est ce que j'espérais. Cela va nous permettre de tourner la page », a t-elle ajouté. Jonathann Daval a fait savoir par la voix de son avocat qu'il ne comptait pas faire appel de la décision.

Trois ans après la disparition d’Alexia Daval née Fouillot, le procès de son époux, Jonathann Daval s’ouvre ce 16 novembre à Vesoul pour cinq jours. À l’automne 2017, l’homme avait ému la France entière en pleurant l’assassinat de sa femme, retrouvée morte dans un bois. Trois mois plus tard, le veuf inconsolable avouait le meurtre d’Alexia, devenue l’un des symboles des violences faites aux femmes.

L’image d’un veuf éploré avait bouleversé tout le pays. Lors d’une marche blanche impressionnante, le 3 novembre 2017, Jonathann Daval – soutenu par ses beaux-parents et toute la petite ville de Gray (Haute-Saône) – pleure sa femme, Alexia, retrouvée assassinée quelques jours plus tôt, le 30 octobre. « Elle [Alexia, ndlr] était ma première supportrice, mon oxygène, la force qui me poussait à me surpasser lors de mes challenges physiques. Nous savions puiser dans nos regards, nos échanges, l’énergie nécessaire pour aller plus loin ensemble », déclare-t-il à l’époque, avant de fondre en larme devant une foule dense et compatissante. Pendant trois mois et alors qu’il devient peu à peu le principal suspect, l’informaticien continue de nier toute implication dans le meurtre de sa femme. Mais le 30 janvier 2018, après avoir été placé en garde à vue et confronté à des preuves accablantes, Jonathann Daval avoue. Selon ses dires, il aurait tué Alexia par accident en l’étranglant « après une dispute, pour qu’elle se taise ».
Trois ans après la disparition d’Alexia, le procès du gendre aux deux visages s’ouvre ce 16 octobre devant la cour d’assises de Vesoul (Haute-Saône) et devrait se poursuivre jusqu’au vendredi 20 novembre. Jonathann Daval, 36 ans est mis en examen pour « meurtre sur conjoint » et encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Du mythe de la joggeuse disparue au sentiment de trahison national

Tout commence par une soi-disant disparition. Alexia et Jonathann Daval dînent chez les parents de la jeune femme le soir du vendredi 27 octobre 2017. Le lendemain matin, Jonathann Daval inquiet, se présente à la petite gendarmerie de Gray. Son épouse Alexia, 29 ans, employée de banque, n’est pas rentrée de son jogging matinal. Très vite, tous les moyens sont déployés pour la retrouver. Après trois jours de recherche, la France se réveille sous le choc de la découverte du corps de la jeune femme en partie calciné et dissimulé sous des branchages, dans un bois. D’après l’autopsie, Alexia est décédée par strangulation, après avoir reçu plusieurs coups. La psychose gagne le pays, en particulier auprès des joggeuses. À l’époque, des milliers de femmes enfilent leurs baskets et courent pour rendre hommage à Alexia Daval. On imagine qu’Alexia a croisé un rôdeur, un pervers, un fou sur son parcours de jogging, mais on n’imagine pas encore que l’auteur du drame puisse être son mari.

Après les révélations de celui-ci et en plein cœur de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, le visage de la jeune femme devient rapidement le symbole des violences faites aux femmes. Mais l’affaire s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Le 27 juin 2018, Jonathann fait machine arrière et revient en effet sur ses aveux pour dénoncer un complot familial, avec son beau-frère, Gregory dans le rôle du meurtrier cette fois. Ce n’est que confronté à la mère d’Alexia, face au juge en décembre 2018, que Jonathann s’écroule aux pieds de sa belle-mère Isabelle Fouillot. Il reconnait finalement avoir assené quinze coups de poing à sa femme, puis l’avoir étranglée pendant quatre minutes avant de procéder à la crémation de son corps dans les bois.

« Le meurtre d’Alexia Daval est symptomatique d’une banalisation des violences conjugales en France »

Madeline Da Silva, militante féministe du collectif #NousToutes et adjointe au maire des Lilas (Seine-Saint-Denis)

Alors que le procès s’ouvre aujourd’hui à Vesoul, la famille de la victime, partie civile, attend beaucoup de la justice. Dans un entretien accordé à France Info le 12 novembre dernier, Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia, dit attendre « qu’on mette le mot coupable » sur Jonathann. « Mais ça ne changera pas notre douleur à nous, ajoute-t-elle. C’est nous qui avons pris le plus cher ; c’est nous qui avons pris perpétuité. C’est Alexia qui n’est plus là. » Depuis la reconstitution du meurtre le 17 juin 2019, Isabelle et Jean-Louis Fouillot ne veulent plus entendre ni même voir le nom de leur gendre. Sur la tombe de leur fille, ils ont même fait changer l’inscription. C’est désormais Alexia Fouillot qui repose au cimetière de Gray.

Du côté de la défense, la ligne est claire. « Ce dossier est aux antipodes du féminicide, nous l’expliquerons au procès », avait d’ores et déjà annoncé Me Randall Schwerdorffer, l’avocat de monsieur Daval il y a quelques jours. L’avocat pénaliste parle de Jonathann comme « d’un bon garçon dépassé par les évènements qui a tué sa femme par accident et qui sera jugé pour 3-4 secondes de sa vie. » Mais si aux yeux de la défense, « Jonathann est tout sauf un monstre », la victime, elle, est dépeinte comme « une femme castratrice avec une personnalité écrasante ». Me Schwerdorffer refuse également d’employer le terme de « féminicide » qui n’est selon lui pas adapté à la situation. « Jonathann n’est-il pas un dossier à la Jacqueline Sauvage au masculin ? Ce n’est pas exclu » se permet même l’avocat du jeune homme lors d’une conférence de presse en 2018.

Des déclarations insupportables pour Madeline Da Silva, militante du collectif féministe #Noustoutes et adjointe du maire des Lilas en Seine-Saint-Denis. « Le meurtre d’Alexia Daval n’est pas une dispute, ce n’est pas non plus un drame passionnel, c’est un féminicide », assure Madeline Da Silva à Causette. Pour la militante comme pour les proches d’Alexia, la jeune femme est devenue le visage des violences faites aux femmes. « Le meurtre d’Alexia Daval est symptomatique d’une banalisation des violences conjugales en France, déplore Madeline Da Silva. Aujourd’hui, une femme morte étranglée pendant quatre minutes par son conjoint doit prouver qu’elle n’est pas responsable de sa propre mort. » En France, en 2019, 146 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. En 2017, l’année où Alexia Fouillot a été tuée, elles étaient 109.

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