Série "10 bougies arc-en-ciel", 4/6
Le 17 mai 2023 marque les dix ans de la promulgation de la loi Taubira, ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. À cette occasion, Causette donne la parole à des personnalités, artistes et politiques, pour savoir comment ils et elles ont vécu cette période et comment cette avancée a changé (ou non) leur vie. Dans ce quatrième épisode, Laurence Vanceunebrock, ancienne députée LaREM de l'Allier, se souvient de la période douloureuse qu'ont représenté les interminables débats pour ses deux filles, nées par PMA à l'étranger bien avant la promulgation de la loi en 2021
"En 2013, je suis en couple avec une femme. Je suis également la mère de deux filles, nées par PMA à l’étranger, bien avant la promulgation de la loi en 2021. La période a été douloureuse pour notre famille homoparentale, comme pour les autres j'imagine, qui ont dû se sentir discriminée et outrageusement critiquées. La plus grande de mes enfants avait 13 ans. Elle était effarée de voir le traitement qui nous était réservé. Pour elle, nous étions une famille tout à fait classique.
Dans la rue, on a entendu des insultes homophobes, racistes envers Christiane Taubira, des comparaisons à la zoophilie... C'était dur. Quand j'y repense, je ne comprends pas que les gens de la Manif pour tous se soient permis de défiler avec leurs propres enfants. Car, quelques années après, certains d'entre eux se sont rendu compte, catastrophés, qu'ils étaient homosexuels. Pendant cette période, c'était un peu la double peine. Nous avons dû supporter des discours vraiment horribles, et assister au renoncement du gouvernement qui n'a pas été au bout de son projet, pour ne pas froisser davantage la Manif pour tous. J'ai pris comme une claque le renoncement à la PMA pour toutes. Franchement, c'est un peu décevant que François Hollande, alors qu'il avait tout le Parlement à gauche et toutes les cartes en main, n'ait pas permis que les couples homosexuels aient les mêmes droits que les couples hétérosexuels.
Dès 2014, je me suis néanmoins unie à ma conjointe de l'époque, à la fois dans l’idée d'adopter et par amour. Cela fait toujours sourire les gens lorsque je raconte cette histoire, mais quand j’ai embrassé pour la première fois une fille, à 16 ans, j’ai ressenti une envie terrible d’avoir un enfant. Cette envie ne m’a jamais quittée depuis. En étant mariées, nous avons pu adopter deux petits garçons au Brésil à la fin de l'année 2018.
Nous avons récemment divorcé. Quand ça ne va plus, tout le monde ne se sépare pas. Des couples hétérosexuels décident de rester ensemble par convenance, pour les enfants. Mais nous avons choisi de nous séparer parce que la situation n'était plus viable. Cette solution nous permettait de tourner la page."