Un policier était poursuivi pour "injure non publique en raison du sexe", après avoir traité de "grosse pute" une plaignante qui avait déposé plainte pour une agression sexuelle, dans un message vocal laissé par erreur sur sa messagerie. Il a finalement été relaxé jeudi 25 janvier par le tribunal de police de Paris.
En février 2022, après avoir porté plainte pour une agression sexuelle, Élodie 1 avait reçu un message sur son répondeur, laissé par un policier qui souhaitait avoir des informations pour compléter son témoignage, dans lequel il la traitait par mégarde de "grosse pute", ayant oublié de raccrocher. Ce dernier, poursuivi pour "injure non publique en raison du sexe", a été relaxé par le tribunal de police de Paris, jeudi 25 janvier, rapporte Mediapart.
Dans sa décision, consultée par Mediapart, le tribunal a considéré que Jordan M., le mis en cause, avait prononcé ces mots pour lui-même, comme il le soutenait, et non devant ses voisin·es de bureau au commissariat, ce qui aurait constitué l'injure non publique pour laquelle il était poursuivi. On peut l'entendre dire dans l'enregistrement : "Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute. Comme par hasard. En fait, c’était juste pour lui casser les couilles." Avant de conclure : "Putain, grosse pute."
À l'époque, Élodie avait immédiatement saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et porté plainte auprès du procureur de la République de Paris. Celle-ci avait été classée sans suite un mois plus tard, en mars 2022, car "les faits ou les circonstances des faits n'ont pas pu être clairement établis par l'enquête". "Les preuves ne sont donc pas suffisantes pour que l'infraction soit constituée et que des poursuites puissent être engagées", concluait l'avis de classement. Une nouvelle plainte avait alors été déposée par la victime, entraînant le jugement du policier lors de deux audiences, en octobre et décembre 2023.
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Écarté du contact avec le public
Au moment où l'affaire est sortie, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, avait estimé sur Europe 1 que le mis en cause n'avait "plus sa place dans la police nationale" et qu'il avait "sali toutes les femmes qui essaient de déposer plainte alors que l'on a tout intérêt à leur dire de venir dans les commissariats pour le faire".
Le policier avait été suspendu pendant quatre mois et demi à titre conservatoire. Mais après une enquête administrative et un passage devant un conseil de discipline, il avait été sanctionné d'une mutation d'office dans un autre service et écarté du contact avec les victimes et les mis·es en cause, en juin 2023, soit un an et demi après les faits reprochés.
Élodie a affirmé ne pas être "surprise" de la décision du tribunal auprès de Mediapart. "On lui demandait de s’excuser comme si c’était une querelle de cour d’école. D’ailleurs, il l’a fait. Mais ce que j’aurais voulu, c’est qu’il reconnaisse ses torts, l’ampleur et la gravité de ses paroles", a-t-elle poursuivi. Arié Alimi, son avocat, estime sur X (ancien Twitter) que "pour la présidente du tribunal, l'injure 'grosse pute' proférée devant ses collègues et les gardés à vue, par le policier contre la femme qui venait déposer plainte pour agression sexuelle, n'est pas une injure privée à caractère sexiste". De nombreuses militantes féministes, comme la sénatrice Laurence Rossignol ou la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, ont pris la défense de la plaignante sur les réseaux sociaux. Arié Alimi a annoncé son intention de faire appel sur les dommages et intérêts.
- le prénom a été changé[↩]
