Lors du tournage des Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi, une partie de l'équipe du film a affirmé à Libération avoir été au courant d'accusations de violences sexuelles visant le comédien Sofiane Bennacer. La production a assuré avoir découvert l'existence d'une plainte le visant quelques jours après le début du tournage.
Ce vendredi, le quotidien Libération consacre sa une au comédien Sofiane Bennacer, révélation des Amandiers, le dernier long-métrage de Valeria Bruni-Tedeschi et mis en examen en octobre dernier pour viols et violences sur conjoint par un juge de Mulhouse (Haut-Rhin). Si l'acteur de 25 ans dément toutes les accusations dont il fait l'objet, l'affaire a notamment conduit mercredi l'Académie des César à retirer son nom de la liste des Révélations pour l'année 2023.
Dans l'un de ses articles, Libération donne la parole à une partie de l'équipe du film ou de personnes ayant gravité autour du projet, qui assurent avoir été au courant des accusations qui visaient l'acteur, avant et pendant le tournage en 2021. Anna1 a indiqué au quotidien qu'elle connaissait l'une des plaignantes, avec qui elle étudiait au Théâtre national de Strasbourg (TNS), tout comme le comédien des Amandiers avant qu'il n'en démissionne en février dernier. Lorsqu'elle a appris qu'elle devait passer son audition avec lui, Anna aurait appelé l'assistante de casting pour refuser et lui dire qu'il était accusé de « violences sexuelles », selon son récit au journal.
Plusieurs alternant·es, qui travaillaient sur le film, auraient également alerté au début du tournage les producteur·trices du film, Alexandra Henochsberg d’Ad Vitam Production et Patrick Sobelman d’Agat Films, des accusations visant le jeune acteur. Quand l'une des étudiant·es assure avoir découvert l'existence d'une plainte pour viol, tous·tes en auraient parlé à la réalisatrice, qui aurait été « très claire », selon Élise1, une alternante : « Elle nous a dit qu’elle était en accord avec son choix, que, pour elle, il n’y avait aucun problème. » Par ailleurs, en juillet 2021, des militantes féministes ont collé des messages sur les murs de la Maison des arts de Créteil, où le tournage se déroulait, écrivant par exemple : « Une plainte en cours ils n’en ont cure. »
« Il était absolument impossible de virer Sofiane »
Auprès de Libération, Alexandra Henochsberg et Patrick Sobelman ont affirmé s'être retrouvé·es dans une situation « extrêmement compliquée à gérer », ayant découvert la plainte pour viol deux jours après le début du tournage. La production aurait alors convoqué Sofiane Bennacer afin de lui demander de prendre un avocat et d’aller « de lui-même se confronter à la justice », a-t-elle assuré au quotidien.
Dans le journal de 7h de France inter, Patrick Sobelman est également revenu sur cette affaire : « À aucun moment la production ne savait avant de l'engager et à aucun moment la production n'a orchestré la moindre omerta pour faire en sorte que rien ne sorte de cette histoire. Il était absolument impossible d'arrêter le tournage et de virer Sofiane pour une raison très simple : nous n'avions aucune base juridique pour faire ça. Si jamais il voulait nous attaquer aux Prud'hommes pour licenciement abusif, il gagnait à tous les coups parce que ça n'a rien avoir avec son travail. »
Avant d'ajouter : « Nous avons obéi aux règles que nous impose le CNC de nommer des référents pour toutes les questions qui ont trait au harcèlement en général. On était sur le plateau tous les jours. Il ne s'est rien passé de répréhensible pendant tout le tournage du film. Il peut y avoir eu une ambiance compliquée pour certains parce qu'ils se retrouvaient dans une situation qu'ils n'avaient pas voulu et ça jetait comme ça un doute, une ombre. Et depuis, nous avons appris par sa mise en examen, il y a un mois, qu'il y a eu quatre plaintes différentes, c'est pas la même chose, nous ne savions pas et nous l'avons appris en même temps que tout le monde. »
Sofiane Bennacer porte plainte pour diffamation
Dans un communiqué publié mercredi après-midi sur Instagram, Sofiane Bennacer s'est dit « humilié et harcelé », ajoutant : « On m'a bien fait comprendre que ma place n'était pas dans ce milieu. » Il a assuré que l'une des personnes qui portait plainte contre lui l'aurait « harcelé deux ans après [leur] relation pour qu'[ils] se remettent ensemble » et avoir « des messages qui font part de son harcèlement à [son] égard ». « Je suis innocent et je ne vous dirai pas tout car rendre tout public ne m'intéresse pas. […] Je vais être libre dans quelques mois car je n'ai rien fait mais il y a une enquête », a‑t-il encore avancé.
Le comédien de 25 ans, formé à l’école de Théâtre La Filature à Mulhouse et au Théâtre National de Strasbourg (TNS), est accusé par quatre ex-compagnes de viols et violences. Sous contrôle judiciaire, il a interdiction de se rendre à Strasbourg, à Mulhouse, mais aussi en Île-de-France, et de rencontrer l'ensemble des plaignantes et des témoins du dossier. Il a porté plainte pour diffamation contre ses quatre accusatrices.
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