Au Pérou, environ 300 000 femmes, dont une majorité d’Amérindiennes, ont été stérilisées sans leur consentement dans le cadre d’un vaste programme de planification familiale mis en place entre 1996 et 2000, sous la présidence d’Alberto Fujimori. Plus de vingt ans après les faits, les témoignages des victimes sont présentés pour la première fois devant un tribunal péruvien, avant un éventuel procès contre l’ancien chef d’État et trois de ses ex-ministres accusés de violation des droits humains.
Aurelia Paccohuanca se souvient encore très précisément de cette journée du 1er octobre 1998. Ce matin-là, des infirmières débarquent dans son village, situé dans les hautes terres andines près de Cuzco. « Elles faisaient du porte-à-porte pour nous emmener au dispensaire sans nous expliquer pourquoi », se rappelle Aurelia Paccohuanca. La jeune maman de 24 ans tente alors de s’enfuir dans les champs alentours. En vain. « Les infirmières m’ont[…]