Égérie de la Révolution d’octobre 1917, elle a passé une grande partie de sa vie entre l’exil et les travaux forcés en Sibérie. Dotée d’une force de caractère et d’un charisme sans égal, Maria Spiridonova a défendu ses convictions jusqu’à devenir l’ennemie à abattre.

« Je n’ai jamais rencontré une femme qui soit son égale dans aucun pays », écrivait la journaliste américaine Louise Bryant, en 1917, dans son reportage consacré à la révolution bolchevique, Six mois rouges en Russie. Adulée, Maria Spiridonova voguait en effet au sommet de la popularité, après onze ans d’exil forcé en Sibérie. Le motif de sa célébrité ? L’attentat contre un chef de la sécurité qu’elle a commis quelques années plus tôt lui a valu d’être persécutée par la police tsariste, la propulsant du statut de terroriste à celui de « sainte » dans cette Russie prérévolutionnaire.
Son esprit de révolte, elle se l’est forgé dès le plus jeune âge. Née à Tambov en 1884, à 450 km au sud-est de Moscou, dans une famille de hauts fonctionnaires, la jeune Maria a rapidement montré une capacité à se révolter contre les injustices. En terminale, elle est aux côtés des séminaristes de Tambov qui protestent contre leurs conditions de vie. À 21 ans, elle est arrêtée dans une manifestation étudiante et envoyée trois semaines en prison. Le contexte parle pour elle : la Russie du début du XXe siècle connaît une rébellion[…]