Juana Maria, dernière représentante des Nicoleños, est devenue une figure populaire aux États-Unis après avoir passé dix-huit ans, seule, sur l’île San Nicolas, au large de la Californie. Une vie pleine de mystères mais révélatrice des rapports entre colons et autochtones au XIXe siècle.

Son histoire ressemblerait presque à de la fiction. Elle a d’ailleurs inspiré un livre pour enfants, bien connu des Américains, L’Île des dauphins bleus, écrit par Scott O’Dell. Juana Maria – nom qui lui fut donné par les prêtres catholiques de la mission de Santa Barbara – aurait pu inspirer Daniel Defoe pour Robinson Crusoé. Tout commence sur ce bout de terre de 54 kilomètres carrés, le plus éloigné de l’archipel des Channel Islands (en Californie), donc peu accessible. Habitée depuis des siècles par les Nicoleños et densément peuplée, San Nicolas n’en est pas moins restée inconnue aux Européens avant sa découverte en 1602. Pendant des années, l’île intéresse peu les colons. Puis en 1811, un groupe de chasseurs russes va comprendre qu’elle recèle un véritable trésor : on y trouve des phoques et des loutres à foison, soit des milliers de peaux magnifiques à portée de main. Ils s’attaquent alors aux Nicoleños et en massacrent une partie.[…]