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© Lukáš Lehotský

Japon : le rejet des eaux conta­mi­nées de la cen­trale nucléaire de Fukushima a commencé

Très controversé, ce processus va durer jusque dans les années 2050. L’opération a suscité de nombreuses réactions dans les pays voisins dont la Chine et la Corée du Sud.

Douze ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le Japon a commencé jeudi 24 août le rejet dans l’océan Pacifique des eaux contaminées de la centrale, stockées depuis le tsunami de 2011.

Le premier déversement devrait durer environ 17 jours et porter sur quelque 7 800 m3 d'eau de la centrale, selon l’opérateur Tepco (Société de l'électricité de Tokyo), en charge de l’opération. Au total, d'ici les années 2050, le Japon va déverser progressivement dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de tonnes d’eaux contaminées. Cette opération validée en juillet dernier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA), qui a assuré que cette opération ne présentait aucun danger, inquiète pourtant les pays voisins et les associations écologistes.

Mais de quoi s'agit-il exactement ? Et d'où viennent ces eaux usées ? Petit flash back. Suite au Tsunami de 2011, le coeur de chacun des trois réacteurs sur les six de la centrale était entré en fusion entraînant des fuites radioactives et la catastrophe nucléaire que l'on connait. Pour éviter d'autres incidents sur les autres réacteurs il faut donc, depuis lors, refroidir la centrale en permanence avec de l'eau. Beaucoup d'eau. C'est cette eau là qui est, de ce fait, contaminée. Une partie de celle-ci est réutilisée pour le refroidissement. Une autre partie est stockée dans des réservoirs. Réservoirs qui d'après Tepco sont bientôt pleins. Raison pour laquelle il faut se débarrasser de cette eau quelque part.

Mais cette eau n'est pas rejetée telle quelle dans l'océan. Avant d’être déversée, elle est traitée par un processus de filtration appelé « système avancé de traitement des liquides » (ALPS) qui permet de retirer une grande partie des substances radioactives présentes dans l’eau. Petit hic, l’une d’entre elle est difficile à traiter : le tritium. « Le tritium est l'isotope radioactif de l'hydrogène, qui est le composant de l'eau (H2O). Il est extrêmement compliqué de retirer le tritium car c'est une partie intégrante de la molécule d'eau », explique Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

D’après le spécialiste, cette substance est nocive en grande quantité. La norme fixée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour la potabilité de l'eau est de 10 000 becquerel (unité de radioactivité) par litre. Or la concentration de tritium dans les eaux déversées est « inférieur à 1 500 bq », indique Jean-Christophe Gariel, un taux inférieur à la limite fixée par l’OMS.

Une opération qui suscitent de l’inquiétude

Même si les spécialistes nucléaires assurent que l'opération est sans danger, les pays voisins du Japon, comme la Chine (et Hong Kong), et la Corée du Sud, ne sont pas du même avis… Depuis son annonce le mois dernier, ce projet a suscité de l’inquiétude et de nombreuses critiques. En juillet dernier, Pékin a annoncé que le pays allait interdire les importations de produits alimentaires de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et procéder à des tests de radiations sur les denrées provenant du reste du pays. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, publié ce jeudi, la Chine a dénoncé l’opération en la qualifiant d’être une action « extrêmement égoïste et irresponsable ».

Dans la même lignée, le chef de l'exécutif de Hong Kong, John Lee, a déclaré ce mardi avoir ordonné à son gouvernement d'appliquer des réductions sur les importations de certains produits alimentaires japonais. « La sécurité alimentaire et la santé publique à Hong Kong sont les priorités essentielles du gouvernement de Hong Kong » a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Les pêcheur·euses de Fukushima craignent quant à eux pour l'image des produits de leur pays. « Leur anxiété est tout à fait compréhensible. Les pêcheurs ont déjà subi l’incident nucléaire de 2011 qui avait provoqué l’interdiction de la pêche. Depuis 2013, ils ont repris leur activité et avec ce nouveau coup de projecteur sur ce projet de rejet, ils s’inquiètent pour l’image de leurs produits, » analyse Jean-Christophe Gariel.

Greenpeace avait pointé du doigt en juillet le projet de déversement d’eau contaminée. « Au lieu de s'engager dans un débat honnête sur cette réalité, le gouvernement japonais a opté pour une fausse solution - des décennies de pollution radioactive délibérée de l'environnement marin - à un moment où les océans du monde sont déjà confrontés à d'immenses tensions et pressions », fustige Shaun Burnie, spécialiste du nucléaire à Greenpeace Asie de l'Est, cité dans le communiqué de presse de l'association.

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