white and black security camera
© Isaac Chou

Iran : plus d’un mil­lion de femmes ont reçu des SMS d’avertissement après avoir été fil­mées sans voile dans leur voiture

Depuis le mois d’avril, les autorités iraniennes intensifient la répression contre les femmes qui refusent de porter le voile. Un rapport d’Amnesty International publié le 26 juillet dernier fait état de chiffres accablants.

La répression à l’encontre des femmes ne faiblit pas en Iran, bien au contraire. Les autorités ont annoncé que depuis le 15 avril – date de la mise en place du nouveau plan de la police iranienne pour renforcer le contrôle du port du voile -, plus d’un million de femmes ont reçu des SMS les prévenant que leur véhicule risquait de leur être confisqué après qu’elles aient été photographiées ne portant pas le voile à l’intérieur, rapporte Amnesty International dans un rapport publié le 26 juillet dernier sur son site. 

Pour rappel, le port du hijab – voile couvrant les cheveux et la tête, mais pas le visage – est obligatoire en Iran pour les femmes et les filles de plus de 9 ans depuis la révolution islamique de 1979. Depuis la mort en détention, en septembre dernier, de la jeune kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour ne pas avoir respecté le port du voile, nombreuses sont les Iraniennes à avoir défié le régime en refusant de le porter. 

Lire aussi I Iran : les femmes non-voilées désormais traquées par des caméras

En réaction aux manifestations qui ont secoué le pays à la suite de la mort de Mahsa Amini, certains hommes politiques iraniens avaient pourtant avancé l'idée d'un assouplissement de ces règles et l'hypothèse - jamais confirmée - d'une dissolution de la police des mœurs. Cependant, depuis le mois d'avril et alors que l'intensité des manifestations a diminué, les autorités iraniennes ont renforcé la répression à l’encontre des femmes qui refusent de porter le voile. « La police des mœurs est de retour en Iran, a dénoncé la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard. […] La répression observée actuellement est renforcée par les technologies de surveillance de masse qui sont capables de révéler l’identité des femmes qui ne portent pas le voile dans leur voiture ou dans des lieux où elles circulent à pied. » 

La police iranienne a en effet annoncé début avril que les femmes iraniennes qui ne respecteront pas le port du voile obligatoire seront désormais identifiées à l’aide de caméras de surveillance « intelligentes » installées dans les lieux publics et sur les routes. Mi-juillet, la police iranienne a également indiqué avoir rétabli les patrouilles en voiture et à pied pour imposer le port obligatoire du voile dans tout le pays. Les femmes et les filles qui enfreignent ces règles s'exposent à des poursuites et des sanctions sévères. 

4 000 récidivistes déférées devant la justice selon Amnesty 

« Les autorités en Iran intensifient considérablement la répression des femmes et des filles iraniennes qui défient la législation dégradante imposant le port du voile », affirme Amnesty International dans son rapport. Sur le million de SMS, l’organisation précise que « 133.174 SMS ordonnant l'immobilisation (temporaire) du véhicule » ont été envoyés à des femmes filmées ne portant pas le voile et que 2000 voitures ont été « confisquées ». L’organisation ajoute que 4000 « récidivistes » ont été « déférées à la justice ». « Émotionnellement et psychologiquement, toutes ces menaces que [les autorités] lancent ont un impact très négatif sur nous […] La République islamique veut nous montrer qu’elle fera tout pour garantir l’application de l’obligation du port du voile […] Ils veulent faire croire à la communauté internationale qu’ils renoncent à la violence alors qu’en réalité, ils continuent de mener ces actions discrètement. Ils nous font vraiment vivre dans la peur », a ainsi réagi une Iranienne auprès d’Amnesty. Elle indique avoir reçu un SMS lui ordonnant d’immobiliser sa voiture pendant quinze jours parce qu’elle conduisait sans porter le foulard. 

Le 21 mai dernier, le gouvernement a soumis un projet de loi au Parlement iranien, « visant à soutenir la culture de la chasteté et du hijab », souligne Amnesty. Le texte de 70 articles prévoit que « les femmes et les filles qui apparaissent sans voile dans les espaces publics et sur les réseaux sociaux ou qui montrent “une partie dénudée de leur corps ou portent des vêtements légers ou collants” s’exposent à tout un ensemble de sanctions qui porteront gravement atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment à leurs droits sociaux et économiques », dénonce l’organisation.

Parmi les sanctions : une peine allant de deux à cinq ans d’emprisonnement ainsi qu’une interdiction de voyager et une assignation à résidence dans un lieu désigné, des amendes, la confiscation des voitures et des appareils de communication, l’interdiction de conduire, une réduction du salaire ou des aides financières, des licenciements ou encore l’interdiction d’utiliser des services bancaires. Le 23 juillet dernier, une commission parlementaire a indiqué soumettre une version révisée du projet de loi. Cette version n’a pas encore été rendue publique. 

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