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« L’Algérie est de plain-​pied dans un pro­ces­sus de tran­si­tion qui requiert des négociations »

3 questions à Hasni Abidi, directeur du Centres d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève (Suisse).

Causette : Quels sont les principaux moteurs des manifestations en Algérie ?

Hasni Abidi : Il y a des « influenceurs » qui ont fait converger des millions d’Algériens, mais il n’y a pas de « figures » du mouvement. Les étudiants, les avocats et les médecins sont descendus dans la rue. Dans les manifestations du vendredi, vous avez les ultras des clubs de foot d’Alger, des femmes vêtues comme pour aller à une cérémonie, des jeunes chômeurs, une classe moyenne composée de professeurs et de personnels de l’administration, et des personnes âgées. Ce qui illustre bien l’effritement du système.

Cette crise peut-elle déboucher sur une transition démocratique ? 

H. A. : La force de ce mouvement, c’est qu’il n’appartient à personne. Maintenant, comme tout mouvement populaire, il a une durée de vie limitée et il a besoin d’un relais politique. L’Algérie est de plain-pied dans un processus de transition, périlleux et incertain, qui requiert des négociations : pour le départ du régime et pour l’installation d’une instance chargée de piloter cette transition. D’où la nécessité de composer avec l’offre politique existante. Et cette offre existe, même si l’opposition a été affaiblie par le pouvoir lui-même. 

Fin mars, le chef de l’armée a demandé que Bouteflika soit déclaré « inapte ». Est-ce un signal positif ?

H. A. : Jusque-là, l’armée avait laissé le pouvoir politique prendre les décisions. Mais devant l’ampleur des manifestations et, surtout, en l’absence de réponses, elle a repris l’initiative, en concertation avec le pôle présidentiel. Sur le plan constitutionnel, c’était la seule sortie possible et, aux yeux de la population, il valait mieux que ça vienne de l’armée. Cette annonce devrait calmer une partie de la rue. Mais elle est aussi inquiétante, car on ne sait pas jusqu’où ira l’influence de l’armée dans cette transition

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