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© Claude TRUONG-NGOC / Wikimedia Commons

Métro Serge-​Gainsbourg : la mai­rie des Lilas peut-​elle encore chan­ger le nom de la future sta­tion de la ligne 11 ?

La mairie des Lilas recevait vendredi le collectif Gainsbourg pas dans mon métro, à l'origine de la pétition pour empêcher le nouvel arrêt de la ligne 11 d'être baptisé en hommage au chanteur.

Depuis l'automne, le collectif Gainsbourg pas dans mon métro se mobilise pour empêcher la future station de métro de la ligne 11 d'être baptisée en hommage au chanteur qu'elles jugent misogyne et violent. Les militantes à l'origine de cette initiative - Ludine, Cécile Cée et Marie G - ont mis en ligne une pétition, déjà signée par plus de 15 500 personnes, qui rappelait ainsi que "les violences envers les femmes et les tendances pédocriminelles voire incestueuses de Serge Gainsbourg (pour ne citer qu’elles) sont pourtant de notoriété publique".

Vendredi 19 janvier, elles étaient reçues par Lionel Benharous (Union de la gauche et des écologistes), le maire des Lilas, et son adjointe Madeline Da Silva, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Devant la mairie, un petit rassemblement se tenait également pour apporter du soutien aux trois jeunes femmes. 

Lire aussi I Une pétition pour empêcher la nouvelle station "Serge-Gainsbourg" du métro parisien

"Si la décision était à prendre aujourd'hui, ils [la mairie] ne la prendraient pas et mettraient en avant quelqu'un d'autre", explique Ludine, qui s'est entretenue la semaine dernière avec M. Benharous et Mme Da Silva. Elle est également l'artiste dont la BD est à l'origine de la pétition. Selon l'administration, la décision de nommer la nouvelle station de la ligne 11 en hommage à Serge Gainsbourg a été prise en 2013 par Daniel Guiraud, alors maire de la commune des Lilas. La même année, une esplanade Serge-Gainsbourg a d'ailleurs été inaugurée, à l’endroit même où le nouveau métro allait être creusé.

Une marche arrière coûteuse

Les représentant·es des Lilas ont "discuté avec Île-de-France Mobilités de l'éventualité de renommer cette station et IDF Mobilités leur a annoncé un coût de 900 000 à un million d'euros pour notamment refaire la signalétique", raconte Ludine. La mairie dit ne pas être en mesure d'assumer seule le coût de ce changement. La solution proposée par le collectif est donc d'introduire une demande de changement officielle à Île-de-France Mobilités. Le maire et son adjointe répondent être prêt·es à y réfléchir. "Il faut qu’Île-de-France Mobilités et Les Lilas prennent le train en marche. Garder ce nom, c’est défendre la domination masculine", déclarait pour sa part à Télérama Cécile Cée.

"Lionel Benharous nous a fait part de sa volonté de donner des noms de femmes renommées à des rues, des métros et d'autres éléments de l'espace public et je pense que c'est ce vers quoi il se tournerait", explique Ludine, qui semble croire en la bonne foi du maire des Lilas malgré les difficultés de budget, mais aussi de temps, annoncées pour permettre le changement de nom de ce futur métro. "La station est censée sortir de terre au printemps 2024, donc j'espère que la décision sera prise rapidement. Mais concernant les délais, je n'ai pour le moment pas plus d'informations".

Continuer à se mobiliser

Si le dénouement final de l'initiative du collectif ne sera pas connu tout de suite, il est néanmoins possible, si on le souhaite, de poursuivre le combat pour empêcher la mise à l'honneur de Serge Gainsbourg, dont la maison parisienne et le musée dédié ont été ouverts au public en septembre dernier. Ludine appelle ainsi à "une mobilisation massive, qui ne soit pas uniquement citoyenne mais qui vienne aussi d'organisations et d'associations féministes" pour "que le combat soit porté encore plus collectivement qu'il ne l'est déjà". Pour l'heure, elle ajoute que des actions au niveau local sont encore prévues aux Lilas.

Le collectif ne manque par ailleurs pas d'alternatives féminines à mettre en avant à la place du chanteur : "Anne Sylvestre, pour rester dans le registre de personnalités de la chanson française, Charlotte Delbo, [autrice] en lien avec les Lilas, puis pourquoi pas Audre Lorde ou Monique Whittig", détaille Ludine. Cette dernière se réjouit du nombre de personnes signataires de la pétition, mais rappelle que - de toute façon - "toute personne sensible à la cause des femmes, des minorités de genre et des enfants peut difficilement être d'accord avec le fait que Gainsbourg puisse continuer à être honoré en 2024".

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